Le gouvernement Boubou Cissé II devra créer les conditions d’un dialogue franc avec les partenaires sociaux : l’opposition politico-religieuse, la société civile dans un esprit de réconciliation. Le Premier ministre a l’obligation de résultat dans un contexte de crise multidimensionnel.
En début de soirée du vendredi 11 juin, le Premier ministre, Dr Boubou Cissé a présenté sa démission au Président de la République. Comme il fallait s’y attendre, IBK lui a aussitôt renouvelé sa confiance pour former un nouveau gouvernement.
Dans un contexte de contestation politique, Dr Cissé a-t-il les ressources, les moyens et le tact pour faire baisser la tension ?
Boubou II doit montrer aux maliens qu’il va désormais être l’acteur d’un changement demandé, surtout qu’il bénéficie de la confiance des leaders des contestataires : le chérif de Nioro et Mahmoud Dicko. Le premier acte qu’il doit poser est la diminution de la taille du gouvernement. Dans le contexte actuel, marqué par une crise sécuritaire et une fronde sociale sans précédent. Il faut des hommes d’expérience qui vont aller au charbon pour faire avancer le pays en tenant compte de tous les Maliens. A ce niveau, il doit faire un choix judicieux.
Loin des beaux discours, si Boubou Cissé doit conduire la politique du gouvernement, son maitre mot doit être « pragmatisme ». Il doit créer les conditions d’un dialogue franc avec toutes les couches sociales de la société.
Aujourd’hui, l’urgence pour le PM, c’est de trouver une solution à la crise qui secoue l’école malienne. Cela fait près de 6 mois que les enseignants signataires du 15 octobre 2016 communément appelé Synergie exigent de l’Etat la satisfaction de son unique doléance relative à l’application de l’article de 39 de la loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant des établissements scolaires (fondamental et secondaire). Pour le gouvernement l’incidence financière de la demande est évaluée à 50 milliards F CFA l’année. Boubou II au-delà de ce qu’il avance comme contrainte budgétaire doit faire le nécessaire pour le retour des enfants à l’école. Cette question de l’école, au-delà des contestataires, est la principale pomme de discorde entre le gouvernement et les Maliens. Le président du Haut conseil islamique a répété vendredi 11 juin que s’il y a une urgence à laquelle les autorités doivent faire face, c’est bien la question de l’école. C’est pourquoi, a-t-il demandé aux responsables du pays de diligenter la prise en charge de cette préoccupation.
D’autres points non négligeables qui se présentent comme des défis à relever sont l’ouverture des discussions avec les candidats recalés par la Cour Constitutionnelle lors des élections. Il s’agira pour le PM de voir comment faire en sorte que la tension puisse baisser à leur niveau. Cela va passer par plusieurs scenarios possibles. Il revient au Premier ministre de créer un cadre de dialogue avec les candidats frustrés pour une solution arrangée.
La réforme de la gouvernance doit être au cœur des priorités. Dr Boubou doit pouvoir créer autour de l’Imam Dicko un créneau de dialogue autour des grandes préoccupations de l’heure. Même si le dialogue national inclusif a traité de presque toutes les préoccupations du pays, Boubou pourra les faire intéresser dans la prise en compte des grandes décisions du pays.
Le grand chantier sera de trouver la bonne stratégie pour remettre au travail notre administration, rompre avec les vieilles habitudes : l’absentéisme, le laxisme, le gaspillage et la corruption. Et retrouver ce qui a fait la force de notre pays aux premières heures de l’Indépendance : le travail, la rigueur, le civisme et la conscience professionnelle.
Un autre point que le proche de Dicko doit s’atteler est de diligenter la mise en œuvre de l’Accord de paix issu du processus d’Alger qui connait des difficultés d’application. Malgré la signature et un début d’exécution de l’accord, les populations civiles du Nord et du Centre font l’objet de tuerie à grande échelle. Du coup, la question de la stabilité des deux régions et le retour de la paix doit s’inscrire en bonne place dans son agenda.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Hommes qui auront la charge de conduire les affaires doivent être des gens au-dessus de la mêlée, dont la compétence est avérée et à la hauteur des responsabilités qui leur seront confiées. Il faut revoir la gouvernance sous ses différents aspects, à savoir la gouvernance politique, administrative, socio-économique et sécuritaire, sans oublier la corruption contre laquelle il va falloir sévir. C’est ainsi que le régime pourra redonner espoir au peuple malien. De ce fait, nous appelons le peuple malien à un sursaut national, à un sacrifice.
Djibril Diallo
Arc en Ciel