L’accord de paix et de réconciliation prévoit la mise en place des autorités intérimaires dans les zones en conflit sur la base des critères définis par le gouvernement et les groupes armés. Ces critères, considérés comme arbitraires par l’Opposition, suscitent une levée de boucliers tant au sein d’une partie de la société civile du nord, des autorités locales sortantes que de certaines voix du sud qui s’y opposent. Le gouvernement a-t-il intérêt à engager un bras de fer avec l’Opposition sur cette question précise ? Va-t-il céder à la pression ou sera-t-il capable de convaincre les groupes armés qui font de la mise en place de ces autorités intérimaires un préalable fallacieux pour toute mise en œuvre de l’accord ?
Le Gouvernement malien est désormais mis sur la sellette, surtout après avoir échoué dans l’organisation du forum de Kidal. Ce forum, financé à hauteur de 400 millions de nos francs a véritablement accouché d’une souris. Pourtant, c’est en faveur de ces mêmes groupes armés que l’Etat est entrain de céder tout ou partie de sa souveraineté dans la mise en place des autorités intérimaires. Toute chose qui provoque l’ire de l’Opposition, qui a, au cours d’une conférence de presse organisé à la maison de la Presse le mercredi 30 mars 2016, rejeté ce projet qu’elle juge anticonstitutionnel. Cette conférence tenue à la veille du vote de la loi à l’Assemblée Nationale qui doit les consacrer, était une alerte face à la violation de la Constitution du 25 février et même de l’accord de paix et de réconciliation. L’Opposition en appelant ses députés à voter contre ce projet de loi, prend à témoin l’opinion nationale et internationale sur les conséquences que l’application d’une telle loi pourrait causer. Elle tire la sonnette d’alarme sur le danger que la mise en place des autorités intérimaires puisse occasionner. Voici les griefs relevés par l’Opposition : « Si le projet était voté, la loi constituerait un recul démocratique parce qu’elle va conduire à substituer des organes désignés par l’administration aux conseils communaux, conseils de cercle, conseils régionaux et conseil du district, élus et dont les mandats ont été prorogés par la loi N°2015-047 du 7 décembre 2015 jusqu’à la mise en place des nouveaux organes. Si le projet était voté, la loi constituerait un recul démocratique parce qu’elle va marginaliser les partis politiques dans la gestion des collectivités en ce que les autorités intérimaires ne seront constituées que de personnes provenant des services déconcentrés, de la société civile et du secteur privé ainsi que des conseillers sortants, ces derniers étant les seuls membres de l’équipe représentant des partis politiques. Si le projet était voté, la loi consacrerait une violation flagrante de la Constitution et des lois que le gouvernement se doit de respecter. Si le projet était voté, la loi consacrerait la partition de fait du pays puisque ces mesures ne concernent que les régions du Nord que sont Gao, Tombouctou, Taoudénit, Kidal et Ménaka, et la désignation des membres est faite par le gouvernement, les groupes armés et les autorités traditionnelles. L’opposition prend à témoin l’opinion nationale et internationale sur le manque de volonté politique du président de la République et du gouvernement et leur refus obstiné d’entendre les propositions de l’opposition républicaine».
Ce projet de loi porte le germe de la partition du pays et livrerait les populations du nord Mali entre les mains des groupuscules armés qui dicteront leurs lois sur des paisibles citoyens. A titre d’exemple : dans une localité où le conseil est constitué de 17 membres, 5 seront attribués à la CMA, 5 à la Plateforme, 5 au gouvernement et 2 aux autorités traditionnelles.
Source: Info sept