Les aide-ménagères, communément appelées bonnes, sont devenues indispensables dans le quotidien des bamakoises. Issues des familles défavorisées des zones rurales, la plupart d’entre elles sont soit déscolarises ou analphabètes. Elles font tous les travaux domestiques de leurs employeuses et elles sont parfois maltraitées avec des salaires de misère qui varient entre 5000 et 15000 franc CFA.
Il suffit de faire une enquête approfondie dans la capitale malienne (Bamako) et même à l’intérieur du pays pour se rendre compte des calvaires que certaines de ces jeunes filles vivent au sein de nos familles. Elles subissent des violences de tout genre, telle que physique ou morale. Or, c’est elles qui se lèvent en premier et se couchent après tout le monde. Les aide-ménagères s’occupent de toute la famille. Et malheur à elles, si elles lèvent le ton. Ces jeunes filles sont traitées dans la plupart des cas comme si elles étaient tombées du ciel. Au moment de notre enquête courant mars 2020, nous avons pu avoir les réactions de quelques unes de ces aide-ménagères nous parlent de leurs quotidiens.
Habibatou Dembélé est âgée de 13 ans, elle vient du village de Bama dans le cercle de Koutiala, région de Sikasso. Déscolarisée pour faute de moyens, sa mère l’a donc envoyé à Bamako pour qu’elle puisse venir cherche de l’argent afin de pouvoir subvenir aux besoins de la famille et pour qu’elle puisse se préparer matériellement avant son mariage. Cette petite fille se lève tous les jours à 6h du matin et se couche vers 22h, selon elle. « Quand je me lève le matin la première des choses que je fais, c’est d’allumer le feu pour préparer le petit déjeuné, en suite, je passe le balai dans la cour, je fais la vaisselle si c’est mon tour car nous sommes deux à le faire. Je dois aussi laver la voiture du mari de ma patronne avant qu’il ne parte au travail. Puis je nettoie et range le salon tout cela doit se faire avant 9h car c’est à cette heure là que ma patronne va au travail », précise Habibatou Dembélé.
En plus de cela, elle doit aussi s’occuper des quatre enfants de la dame qui sont tous au bas-âge dont une petite dernière de quelque mois. « Je suis la nounou de sa petite dernière, je lui change ses couches, je lui donne le biberon que j’avais soigneusement lavé la veille sous son contrôle strict. Nous vivons dans une grande famille, ce qui fait que mon emploi du temps est chargé. Je dois aussi participer aux tâches ménagères qui sont attribuées aux autres bonnes de la maison. Si on refuse de faire ces tâches, la cuisinière du jour refuse aussi des fois, de nous donner à manger. Tout en gardant le bébé, je dois aussi commencer la préparation de son dîner avant qu’elle ne revient du boulot. Ma journée se termine aux environs de 22h, je peux me laver puis me coucher maintenant», rajoute-elle.
Contrairement aux idées reçues, il y’a toujours des femmes de bonne volonté qui se soucient du bien être de leurs aide- ménagères. Mme Paye DOUCOURE est fonctionnaire de l’Etat. Selon elle, avant de faire du mal à l’enfant d’autrui, il faut prendre du temps de te demander si c’était votre propre enfant, aimeriez-vous qu’il lui arrive la même chose ? C’est pourquoi elle prend soin de son aide-ménagère comme si elle était sa propre fille : « Quand ma bonne est tombé enceinte chez moi ne connaissant même pas le père de l’enfant. J’ai pris soin d’elle, je n’ai même pas réfléchie à deux fois, je l’amenais chez le médecin pour ses contrôles mensuels que je payais de ma poche. Au moment de son accouchement, je les amener à l’hôpital. L’accouchement a été fait par césarienne, j’ai assuré moi-même tout les frais de l’hospitalisation et de médicament. J’ai dû prendre 3 jours de permission au service pour pouvoir rester auprès d’elle», a souligné Paye DOUCOURE. Au lieu de la renvoyer comme beaucoup le font, Mme Paye DOUCOURE a préféré s’occuper de la bonne comme une mère le fait pour sa fille tout en lui payant son salaire mensuel malgré qu’elle ne pouvait plus travailler à cause de sa césarienne.
Selon Nènè COULIBALY, c’est la troisième fois qu’elle quitte son village Fani qui se trouve dans la région de Ségou pour venir travailler à Bamako comme aide-ménagère. Elle affirme n’avoir pas eu beaucoup de difficulté à cause de la gentillesse de ses patronnes. « Actuellement, je suis à Darsalam. Ma patronne va au bureau tous les jours. Elle prépare le petit déjeuner avant de sortir et le diner après le boulot. Mon rôle est de faire le déjeuner, la vaisselle et la lessive. J’ai pu m’intégrer facilement et sa famille est très gentille avec moi », indique Nènè COULIBALY. Selon elle, les difficultés que les aide-ménagères rencontrent aussi dépend très souvent de leur mauvaise caractère car beaucoup d’entre elle négligent les tâches qui leurs ont été confiées.
Mme Amanda COULIBALY, superviseur du projet « Djiguitougou » au sein du Bureau national catholique de l’enfance (BNCE- Mali) a indiqué que leur structure œuvre non seulement pour la protection et la promotion de l’enfant, mais aussi, accompagne les aide-ménagères défavorisées ou qui ont des problèmes avec leurs familles. « A travers le projet Djiguitougou, on les appuie à apprendre des métiers comme la couture, l’art culinaire, la teinture, la coiffure et l’alphabétisation. Nous nous assurons aussi qu’elles ont de quoi à commencer une nouvelle vie en leurs offrants les matériels nécessaires pour débuter leurs métiers », rajoute-elle.
Une aide-ménagère est une personne qui mérite d’être traitée normalement comme toute autre. Elle a aussi droit à la santé, à l’éducation et au bien être. Considérons-les comme un membre de notre famille car nul ne sait ce que l’avenir lui réserve.
Aissata CISSE, stagiaire
Source: Journal le Républicain-Mali