À quelques jours des législatives au Sénégal, les appels au calme peinent à apaiser les tensions, mettant la démocratie sénégalaise à l’épreuve.
À cinq jours des élections législatives, le Sénégal se retrouve pris dans un tourbillon de tensions politiques et de violences verbales et physiques, qui menacent d’ébranler le caractère pacifique de ses institutions démocratiques. Le Premier ministre Ousmane Sonko, figure controversée et tête de liste de Pastef, a récemment fait appel au calme. Pourtant, cette invitation à la paix survient après des propos enflammés de vengeance lancés contre ses opposants. Ce changement de ton soulève des questions légitimes sur la responsabilité des leaders politiques dans la préservation de la stabilité sociale.
L’escalade de la violence : une mobilisation dangereuse
Le 12 novembre, alors que les partisans de Sonko se rassemblaient pour exprimer leur colère face aux violences subies, leurs revendications allaient bien au-delà du simple soutien électoral : ils réclamaient un « œil pour œil, dent pour dent » en réponse aux attaques. La violence semblait devenir un moyen d’expression politique, une escalade à laquelle le Premier ministre a lui-même contribué en attisant les tensions sur les réseaux sociaux. Dans une campagne qui devrait avant tout être un exercice de conviction pacifique, la rhétorique guerrière ne devrait avoir aucune place. L’appel ultérieur au calme, bien qu’appréciable, apparaît ainsi comme une tentative tardive de contenir une atmosphère qu’il a contribué à enflammer.
Face à cette situation, l’opposition, incarnée par Barthélémy Dias, maire de Dakar, n’est pas restée silencieuse. Elle a accusé Sonko de manipuler la colère populaire à des fins électorales, tout en lançant un appel au civisme. Dias a exhorté ses sympathisants à éviter toute violence et à rester sereins dans cette période sensible. Cet appel s’accompagne de critiques acerbes contre Sonko et le ministère de l’Intérieur, témoignant de l’ampleur des frustrations et de l’animosité croissante entre les deux camps.
La responsabilité des leaders pour un scrutin pacifique
Dans ce contexte, les autorités locales, y compris le gouverneur de Saint-Louis, ont annoncé l’arrestation de 81 individus impliqués dans les incidents récents, en tentant d’assurer la population que la police travaille pour garantir la sécurité. Cependant, malgré ces efforts pour contenir les débordements, le climat reste tendu, et l’éventualité de nouvelles violences demeure une crainte partagée par de nombreux citoyens.
Ousmane Sonko et Barthélémy Dias, leaders d’opposition aux styles et visions différents, portent tous deux la responsabilité de veiller à ce que le Sénégal traverse cette période électorale sans sombrer dans la division. En tant que personnalités influentes, ils se doivent de rappeler à leurs partisans que la véritable force de la démocratie réside dans la capacité de s’opposer sans violence. Si les jours à venir marquent la conclusion de cette campagne tendue, il reste à espérer que les appels au calme prévaudront et que le scrutin du 17 novembre se déroulera dans un esprit de paix et de respect des valeurs démocratiques sénégalaises.
L’élection de dimanche sera un test décisif pour la démocratie sénégalaise, et les résultats ne devraient être déterminés que par les voix des citoyens dans les urnes, non par la force dans la rue.
Source : Sahel Tribune