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Le trou noir de la douane Malienne

Depuis sous le régime d’ATT, les différents directeurs généraux des Douanes n’ont fait qu’augmenter le niveau de leur recette dans le budget annuel d’Etat. Chaque directeur qui arrive pousse le niveau des recettes vers le haut. De Cheick Keita à Amadou Togola en passant par Moumouni Dembélé, Aly Coulibaly, Modibo Maïga, Modibo Kane Keïta. Ils ont tous élevé le niveau de contribution de leur recette dans le budget d’Etat, même pendant la crise multidimensionnelle de 2013. Chaque directeur, a montré qu’il est plus travailleur et plus expert que son prédécesseur.

Chacun d’eux a fait une recette record. De 337,8 milliards F CFA au 31 décembre 2013 lorsque Modibo Maïga était directeur général, la contribution au budget national, la douane malienne est passée 340 milliards F CFA en 2014 sur une prévision de 380 milliards soit 40 milliards de déficit. En 2015, Mamadou Igor Diarra en prenant la décision de remplacer les premiers responsables, a permis de faire passer la recette mensuelle de 28 milliards F CFA à 40 milliards F CFA soit 480 milliards F CFA dans l’année sur une prévision de 450 milliards F CFA.

Cette décision a permis d’avoir 40 milliards F CFA de plus sous la conduite du directeur général Modibo Kane Keïta. En 2016, les autorités lui ont par conséquent fixé un nouveau quota  de recettes à 512 milliards FCFA. Les recettes ont atteint 525,6 milliards F CFA, soit une contribution supplémentaire de 45 milliards FCFA au budget national par rapport à 2015. En 2017, avec l’arrivée de l’Inspecteur Principal Aly Coulibaly, la douane a fait une recette recorde d’environ 600 milliards F CFA. Cela prouve à suffisance que seul le ciel peut être la limite de la douane malienne (skyismylimit).

Il y a deux explications dans cette tactique, opérée par les différents directeurs généraux des Douanes. Soit les activités ont un taux de croissance élevée annuellement, malgré la crise et qui a un impact sur le niveau des recettes, ou soit il y a des  vastes réseaux  de fraudes  qui sont démantelées en partie  chaque fois qu’un nouveau Gabelou en chef prend fonction. C’est une stratégie pour ne pas passer d’un niveau record de recette au double, par un directeur  sur le départ   par rapport au  DG  entrant. Si c’est le cas, et nous pensons que c’est bien le cas, alors, un audit peut révéler les poches de fraude.

La semaine dernière seulement, un confrère de la place, alertait qu’il y avait deux poids et deux mesures à la douane concernant les dédouanements. A cet effet, de nombreux usagers et prestataires de services ont porté leur témoignage à notre confrère. Ces témoignages font état de l’existence d’une véritable mafia à la douane du Mali.

Selon lui, les frais de douane se rapportant aux dédouanements des véhicules de même qualité, de même marque et de même nature sont différents selon la tête du client. Pour le confrère l’arnaque consiste à faire payer aux usagers les frais de douanes uniquement à Bamako, alors que le paiement est autorisé au niveau de chaque chef-lieu de région sur le territoire national. Toujours selon ces témoignages recueillis par notre confrère, cette décision d’orienter les prestataires de dédouanement vers uniquement Bamako la capitale émane de la haute hiérarchie douanière. Cela n’est-il que la face  visible de l’iceberg.

En tout cas dans le temps, le bureau de pétrole était le plus épinglé par les différents rapports du vérificateur général, pour des montants de plusieurs milliards. Lors de la grève des chauffeurs de citernes et de semi-remorques il y a trois semaines de cela, ils ont révélé que chaque semaine, environ six citernes de 55 000 litres disparaissaient dans le circuit de dédouanement à la douane régionale de Kayes. Certains directeurs généraux en son temps ont voulu prolongé leur date de mise à la retraite, parce qu’il pensait pouvoir encore augmenter le niveau annuel des recettes douanières, comme si après eux, le déluge  était attendu.

Heureusement, cela n’a pas été le cas, car l’actuel directeur général qui est en poste a également fait mieux qu’eux, malgré que les postes des douanes de Tombouctou, de Gao, Kidal et un peu Mopti ne fonctionnent plus. Et pourtant, cette situation de crise sécuritaire n’a pas empêché la douane malienne de franchir la barre de recette mensuelle de 50 milliards de F CFA. Et si on arrêtait, de dédouaner l’essence au prix du pétrole ou du bazin à la place de pipeline, la recette mensuelle pourra atteindre le double de la recette mensuelle de décembre 2017.

Donc, il y a anguille sous roche. Par conséquent les services de contrôle doivent se mettre au travail  afin de dénicher des poches de fraudes dans le circuit de dédouanement. Vivement la transparence dans les services d’assiettes .

Badou S KOBA 

Le Carréfour

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