Bonjour, comment la France voit l avenir de Barkhane dans un pays qui manifeste régulièrement contre la France et qui est sujet a des tueries entre communautes ? peut on vraiment y rester ?
-georges
Quelle a été la réaction de la communauté internationale ? Peut-on envisager une intervention diplomatique ou militaire si ces attaques se multiplient ?
-SM
Quels sont les leviers financiers de ces milices armées? Y’a-t-il un lien avec les trafics de médicaments, de drogues, ou d’êtres humaines de certaines organisations terroristes?
-Muriel
Ces affrontements communautaires au centre du Mali, tout comme au Burkina Faso ou en Côte d’Ivoire, n’est il pas symptomatique d’une culture politique clientéliste et identitaire ? Quelles solutions pour que l’absence d’acteur sécuritaire et politique légitime ne dégénère en conflit armés entre groupes armés au nom de “communautés”? Quelle responsabilité des politiques maliens notamment dont le silence assourdissant ou la délégation de la sécurité à des milices ne favorise pas le retour au calme ?
-Baptiste
Quelles actions peuvent être menées par la MINUSMA dans ce conflit ethnique et des ´´sanctions ´´ au sein de l’armée voir du gouvernement sont elles envisageables ?
-Alain
Ce cycle de violence inter-ethnique peutil se propager à d’autres pays et d’autres ethnies?
-Simon
Morgane Le Cam : Les récents événements qui ont eu lieu au Burkina Faso – où des milices de brousse, appelées “kogwleogo”, ont mené de nombreuses exactions contre des civils, notamment peuls, montre que ce risque est réel. Mais chaque pays a ses dynamiques qui lui sont propres. Je pense que ce qu’il faut craindre, c’est une multiplication des cycles de violences entre communautés dans les pays atteints par la menace djihadiste, et non la propagation d’un unique cycle de terreur à d’autres pays.
L’hostilité, voire la haine, entre peuls et dogons est-elle surtout économique, ou religieuse ou ethnique et historique ? Y a-t-il des écoles où les enfants des deux communautés se rencontrent?
-Ysé
Morgane Le Cam : Le piège consisterait à généraliser cette prétendue haine qui existerait entre ces deux communautés. C’est un risque, mais ce n’est actuellement pas le cas. Mais il ne faut pas nier la réalité : une rancœur, une profonde méfiance est en train de s’installer entre certains membres de ces deux communautés parce que les attaques entre les groupes armés des deux camps se multiplient et qu’elles ne sont pas empêchées. Ces attaques ont des causes diverses et sont chaque fois différentes : parfois en raison de conflits sur les terres, souvent économiques (le bétail, volé lors des attaques, est une manne financière extraordinaire pour ces milices). Fait très inquiétant : l’attaque d’Ogossagou, où 162 civils peuls ont été tués, montre que ces conflits prennent une tournure ethnique. A Ogossagou, ces civils ont été massacrés en raison de leur appartenance ethnique. Précédemment, d’autres attaques ont été menées sur un caractère ethnique, et c’est le danger principal qu’il faut que les autorités maliennes arrivent à éloigner.
Bonjour, ce type d’attaque est-il plus souvent réalisé par des civils qui prennent les armes au nom de la “vengeance” ou par des milices ou groupuscules qui se veulent ouvertement terroristes ou rebels?
-Mp
Morgane Le Cam : Votre question est très difficile, car chaque attaque a ses propres causes. La Mission des Nations unies au Mali (Minusma) a cependant chiffré les acteurs des violations et abus de droit de l’homme dans le centre du Mali lors d’une conférence de presse, le 6 juin. Il a été précisé que la division des droits de l’homme de la mission avait documenté, entre le 1er janvier et le 31 mai, “pas moins de 92 incidents violents sur fonds de tension communautaire, dont 82 sont attribuables à des membres de groupes d’autodéfense”. Ces attaques de milices encouragent les survivants à rejoindre à leur tour la milice adverse, faute de protection suffisante assurée par l’Etat. Concernant le ratio terrorisme-milices, l’ONG Acled a donné des chiffres pour le centre du Mali : selon elle, depuis 2016, 73% des quelques 774 incidents violents qui y ont eu lieu ont été l’oeuvre de groupes armés non djihadistes.
J’ai un séjour professionnel prévu à Bamako la dernière semaine de juin ; comment est la situation dans la capitale ? Quelles mesures de sécurité faut-il prendre ? Merci !
-Jeanne
Bonjour, vous parlez de “mesures fermes” à prendre. Mais le gouvernement du Mali est-il en état d’en prendre?
-Prof
Morgane Le Cam : L’Etat malien pourrait par exemple, faire en sorte de mettre fin à l’impunité, en accélérant les procédures judiciaires pour faire en sorte que les auteurs de ces massacres soient jugés et que cela serve d’exemple aux autres, pour les dissuader de commettre à l’avenir de tels actes. Comme l’a rappelé Human Rights Watch dans un rapport publié fin 2018 : “L’absence de recherche de responsabilités peut encourager les groupes armés à commettre d’autres abus et favorise un climat général d’impunité”. D’autre part, certains observateurs estiment qu’un grand plan d’action, engageant un grand effectif de militaires, menée zone après zone dans le centre du pays, permettrait de désarmer de force les milices. Pas toutes, bien sûr, mais cela serait un signal fort d’envoyé.
Est-ce que la forte croissance démographique est-elle prise en compte dans ce genre de conflit alors que le changement climatique risquerait de fragiliser encore plus les maigres ressources alimentaires et hydriques pour les populations locales ?
-félix
Bonjour, L’armée française interviendra t-elle ?
-Pierre
Pourquoi la force Barkhane ne s’engage-t-elle pas dans ces luttes ethniques attisées par les djihadistes, afin de protéger les populations civiles?
-Solal
Morgane Le Cam : Ce n’est pas dans son mandat. Barkhane a pour objectif d’empêcher la reconstitution de foyers djihadistes au Mali. Elle n’a donc aucun pouvoir sur tout ce qui a trait aux conflits entre milices. Pour ce faire, il faudrait changer le mandat de la force, mais cela me semble peu réaliste, car Barkhane peine déjà à endiguer la menace djihadiste. Au contraire, cette dernière s’étend.
Merci pour ce live. Voici ma question : Le plan de paix vise essentiellement à isoler les djihadistes mais est-ce que cela sera suffisant vu la tournure du conflit qui oppose désormais des milices communautaires, et donc de facto des populations ?
-Pierre
Il me semble que le president malien avait limogé et remplacé une partie de son état-major apres un massacre similaire il y a quelques semaines. La situation ne semble pourtant pas s’ameliorer. L’etat malien a-t-il annoncé une strategie claire pour enrailler cette dynamique ? A-t-il les moyens de la mettre en oeuvre ?
-Nuriel
Morgane Le Cam : Le ministre de la communication, Yaya Sangaré, nous l’a assuré hier : le gouvernement est en bonne voie pour entamer la phase offensive de désarmement des milices. En parallèle, il a renforcé le nombre de militaires au centre du Mali, ces dernières semaines : 50 gardes nationaux ont été déployés dans la région de Mopti. Mais force est de constater que ces renforts n’ont pas permis d’empêcher l’attaque de Sobame Da. D’autre part, à la suite du limogeage dont vous parlez, de nombreuses critiques ont été formulées : pour beaucoup, ce n’était pas la haute hiérarchie qu’il fallait limoger mais les forces de sécurité locales, qui, souvent lors de ces attaques au centre, interviennent tardivement, alors que les assaillants sont déjà partis.
Après l’attaque de Sobame Da on a une nouvelle fois l’impression que le gouvernement malien ne réagit pas, n’est-ce qu’une impression ?
-Mathilde8_d
Ne s’agit-il ici que d’un conflit entre les peuls et les autres?
-louis