Le retour des retraités dans les administrations et services publics est devenu une banalité au Mali où le chômage des jeunes reste pourtant une équation difficile à résoudre. Ce phénomène affecte également les jeunes cadres qui seront contraints de ronger leurs freins.

 Au Mali, le chômage des jeunes est alarmant malgré les projets de promotion de l’emploi des jeunes. Cependant, les vieux administrateurs, qui ont fait valoir leurs droits à la retraite restent opérationnels dans plusieurs services publics. Ce n’est pourtant ni la compétence, ni l’expérience encore moins la connaissance qui manque aujourd’hui aux jeunes pour prendre les commandes dans nos administrations.

Selon Mahamane Ibrahim, chargé des questions d’emplois au Conseil national de la jeunesse (CNJ), cela peut s’expliquer par le fait que certains vieux restent parce qu’ils sont seuls à faire face aux charges des leurs. Pour notre interlocuteur, cela est une forme de corruption. A l’en croire, un fonctionnaire, c’est un serviteur de l’Etat qui doit respecter l’âge de départ à la retraite.

Pour Mahamane Ibrahim, le problème n’est pas une question d’expérience mais une question de compétence. « On ne peut acquérir l’expérience qu’en exerçant un métier, mais c’est le diplôme qui donne la compétence, étant donné qu’il sanctionne la capacité à faire quelque chose par quelqu’un ».

Il ajoute : « Au Mali, il n’y a pas un domaine dans lequel les jeunes n’ont pas de diplôme. Aujourd’hui, on trouvera facilement des milliers de jeunes diplômés donc capables dans tous les domaines ». Et de dire que faire appel aux vieux dans les administrations est une façon de se moquer de la jeunesse. « Et qui se moque de la jeunesse se moque de l’avenir du pays ».

Pour Mahamane, ce qu’il faut craindre, c’est l’implantation terrorisme dont les chants de sirène peuvent facilement influencer les jeunes parce que sans emploi et exposé à toutes sortes de tentations.

Il propose aux vieux d’accepter de plier les bagages et à l’Etat d’écouter la jeunesse et d’organiser des assises nationales sur la question de l’emploi au Mali.

« Les vieux qui ont eu la chance de travailler doivent savoir au moins que quand ils ont été recrutés ils n’ont pas été recrutés en tant que vieux mais en tant que jeunes. Le pays leur a fait confiance et ils doivent à leur tour faire confiance aux jeunes du pays. Si les vieux d’autrefois n’avaient pas eu confiance en eux ils n’en seraient pas là aujourd’hui », conclut Mahamane Ibrahim.

Mariam Coulibaly

Source: lesechos