Ibrahim Boubacar Keita, le Président du Mali, a rencontré ce mardi Jean-Pierre Bel le Président du Sénat. Interrogé par Public Sénat, il a dressé le bilan de l’opération Serval, de la situation au Mali et de l’Afrique.
Au Mali, le calendrier des élections, se précise, le second tour des élections législatives se tiendra le 15 décembre, sur fond de tensions avec le MNLA, le mouvement touareg.
Mali, des tensions après la fusillade de Kidal
La rébellion touareg a annoncé vendredi 29 novembre qu’elle allait reprendre la guerre contre l’armée malienne. A l’origine de la déclaration, les « exactions » qu’auraient commis la veille des militaires à l’aéroport de Kidal, qui ont fait un mort et cinq blessés civils selon le MNLA.
Ibrahim Boubacar Keita, surnommé IBK, de passage à Paris, pour des raisons « d’amitié et de reconnaissance envers la France » a dressé le bilan de l’intervention, un an après environ.
« Chacun sait que nous avons dû faire face à une invasion jihadiste, une tragédie sur le plan humain, politique et économique » déclare-t-il. « On s’en est sorti grâce à l’intervention de la France, saluée par l’ensemble de la classe politique française. Le succès de l’opération Serval est une question de sécurité et de paix » précise-t-il.
Le constat est sans appel : « Les forces françaises ont œuvré pour le bien du Mali, et apporté un grand soulagement, et surtout une stabilité ». Un point de vue, partagé par Jean-Pierre Bel, le Président du Sénat : « Il reste des sujets de préoccupations même si les choses ont bien évoluées »
Pourtant IBK se veut optimiste : « le pays est en voie de guérison malgré quelques préoccupations dont j’ai fait part, entre autre au Président du Sénat, Jean-Pierre Bel ».
Le Mali reste « ouvert » à la discussion avec le MNLA
Aucun parti ou coalition de partis n’a obtenu la majorité absolue aux élections législatives du 24 novembre 2013 qui ont connu une faible participation. Environ 38,4% des quelques 6,5 millions d’électeurs se sont déplacés dimanche, soit environ 10 points de moins qu’au second tour de la présidentielle du 11 aout. Une mobilisation « en deçà de nos attentes » a reconnu le ministre malien de l’Administration du territoire, Moussa Sinko Coulibaly.
Le Mali reste « ouvert aux discussions » avec la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) en dépit d’une déclaration de guerre d’un de ses dirigeants, a affirmé mardi le Premier ministre malien Oumar Tatam Ly.
Concernant la situation de Kidal, fief de la rébellion touareg où il a été empêché de se rendre le 28 novembre par une manifestation d’indépendantistes touareg à l’aéroport, Oumar Tatam Ly assure que « le gouvernement est résolument engagé dans le rétablissement de la souveraineté sur l’ensemble du territoire ».
Moins d’un mois après l’enlèvement, suivi du meurtre, de deux journalistes français à Kidal par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l’Etat malien montre des signes de difficultés pour asseoir son autorité et sa souveraineté.
Après le Mali, direction la Centrafrique
« La Centrafrique a un destin préoccupant, et qui doit être entendu dans le cadre international. La France, doit s’engager, il y a urgence absolu, pour stabiliser le cœur de l’Afrique » assène Ibrahim Boubacar Keïta.
La France, qui s’apprête à intervenir en Centrafrique, enchaîne les opérations militaires sur le continent, mais insiste sur le fait qu’il s’agit désormais de passer au plus vite le relais aux Africains pour assumer leur propre sécurité. Les crises africaines ont conduit les forces françaises à agir dans l’urgence, comme au Mali, où les jihadistes s’apprêtaient début janvier à déferler sur Bamako.
Revers de la médaille: alors que l’Afrique suscite de plus en plus d’intérêt et que les investissements étrangers (chinois, européens, américains…) augmentent, les Français se retrouvent en première ligne, le plus souvent seuls, quand il s’agit d’envoyer des troupes.
Sur le terrain, les forces africaines devront prendre le relais des Français. A moyen terme au Mali, où Paris entend maintenir un millier d’hommes pour une durée indéterminée. Plus rapidement en Centrafrique, où Paris table sur une opération ponctuelle d’environ six mois
Source: publicsenat