Le président Alassane Ouattara essuie de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux, en raison de sa position exprimée sur le Franc CFA. « Je crois qu’il faut que ce débat cesse, les gens en parlent sans savoir de quoi il s’agit… » a fait savoir avec fermeté le chef de l’Etat ivoirien à sa sortie vendredi soir, d’une tête-à-tête avec son homologue Emmanuel Macron à la présidence française.
Les déclarations du président ivoirien, ancien haut cadre de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et ancien directeur général adjoint du FMI en charge l’Afrique, surviennent dans un contexte où la sortie médiatique d’un dirigeant italien demandant à la France de libérer la monnaie africaine a enflammé les discussions sur cette monnaie.
Entre ceux qui le qualifient de « traître » ou encore de « vendu », certaines critiques ramènent les traditionnelles théories sur la monnaie. « Le FCFA est une monnaie solide… Comment ? Apparemment ce docteur en économie ne sait pas que l’arrimage à l’euro par le franc français, fait du CFA une monnaie forte, plus ta monnaie est faible (par rapport aux autres), plus tes biens sont moins chers à l’exportation », s’est exprimé Stéphane commentant la vidéo de l’interview sur Facebook.
Les critiques réfutent aussi l’argument du président Ouattara selon lequel le FCFA est sollicité par des économies voisines comme celles du Nigéria, du Ghana ou encore de la Mauritanie. Mais des rapports de la BCEAO ont souvent fait état des rachats de la monnaie communautaire sur les marchés voisins.
La question du CFA soulève de nombreuses émotions dans les pays d’Afrique où elle a cours légal. Une partie de l’opinion publique perçoit cette monnaie comme le symbole de la poursuite de la domination française dans la région. Monnaie complémentaire de la France dans certaines des économies coloniales d’Afrique subsaharienne, elle a progressivement évolué pour devenir une monnaie rattachée à l’euro.
A l’analyse cependant, son absence de compétitivité justifiée du fait de son rattachement à l’euro n’est pas toujours une perception exacte, sur la base des indicateurs économiques comparés. De nombreuses monnaies africaines sont bien plus fortes que le CFA face à la monnaie de référence qu’est le dollar et pourtant elles ont des économies assez compétitives, comme le Kenya.
Enfin l’attachement monétaire n’est pas une exception des zones UEMOA, CEMAC et Comores. Près de 50 monnaies dans le monde sont rattachés à des devises majeures. Dans les exemples, on retrouve la Couronne danoise rattachée à l’euro, ou encore le dirham des Emirats Arabes Unis rattaché au dollar US. Mais entre stabilité et liberté, de nombreux Africains semblent avoir choisi.
Idriss Linge
(Agence Ecofin)