Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé une restructuration de l’armée par le biais d’une loi de programmation quinquennale, à l’occasion du 53e anniversaire des forces maliennes marqué, lundi 20 janvier, par un défilé avec les alliés antidjihadistes.
Le défilé s’est déroulé à Bamako en présence du président Keïta, du ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, et de chefs militaires. Des casques bleus, des formateurs militaires européens et des soldats français de l’opération « Serval » participaient aux côtés de 4 700 militaires et paramilitaires maliens, d’après la l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM), la télévision publique malienne.
« L’armée malienne est de retour. (…) Nous avons vu là des hommes aujourd’hui déterminés à défendre la patrie partout », a déclaré M. Keïta à l’issue de la cérémonie militaire à l’ORTM.
M. Le Drian a salué « un défilé de très grande tenue ». Selon lui, laformation de l’armée par des instructeurs européens, actuellement en cours, « va se poursuivre pendant deux ans ».
LOI DE PROGRAMMATION MILITAIRE
Dans le cadre de la célébration des 53 ans de l’armée malienne, le président malien a, en outre, posé la première pierre des 850 logements sociaux à Bamako destinés aux militaires. Selon l’ORTM, les travaux vont durer « entre quatorze et seize mois », et le projet, dont le coût n’a pas été précisé, est le résultat d’un partenariat public-privé. M. Keïta a par ailleurs inauguré à Kati (commune à 15 kilomètres au nord de Bamako) une stèle en hommage aux « morts pour le Mali ».
Dans un discours prononcé dimanche soir, à la veille de l’anniversaire, le président Keïta annonçait l’adoption prochaine d’une loi de programmation militaire pour la période 2014-2018 afin de restructurerles forces maliennes. Le « début de mise en œuvre [de la loi] permettra de consacrer la montée en puissance de notre outil de défense sur les cinq prochaines années », a-t-il affirmé, sans préciserde calendrier, ajoutant : « La réforme structurelle est en œuvre. Je veillerai personnellement à sa conduite. »
Il a noté que le 53e anniversaire de l’armée intervenait « après les péripéties affligeantes de l’histoire immédiate » du Mali, qui a connu dix-huit mois de crise politico-militaire ; l’épilogue de la crise yant été l’élection présidentielle de juillet-août 2013, qu’il a remportée, après l’intervention militaire internationale contre les djihadistes déclenchée par la France en janvier 2013, et toujours en cours.
« OUTIL DE DÉFENSE NATIONALE EN COURS DE RÉHABILITATION »
Sous-équipée, mal formée et mal dirigée, l’armée malienne connut en effet une débâcle face à des groupes armées, notamment djihadistes, dotés d’armes lourdes qui occupèrent les deux tiers du Mali pendant plus de neuf mois. « Au moment où je vous parle, notre outil de défense nationale est en cours de réhabilitation », a également dit Ibrahim Boubacar Keïta, indiquant que, « à l’initiative des autorités maliennes, le Mali et la France discut[ai]ent présentement d’un éventuel accord de coopération militaire ».
La signature d’un accord de défense entre le Mali et la France était prévue à l’occasion de la visite de M. Le Drian, mais elle a été reportée, sans explication officielle. Face aux groupes armés en 2012, le Mali« a[vait] dû demander l’intervention militaire française », sans autre choix, et aujourd’hui, avec des menaces « devenues bien plus amples et diverses, (…) l’avenir peut être encadré par un accord qui lie[rait] les parties prenantes, rendant ainsi prévisibles les actions attendues », a encore déclaré le président.
Le Mali envisage aussi de « discuter, dans un proche avenir, d’accords de coopération militaire avec d’autres pays, sans exclusioninopportune », a ajouté M. Ibrahim Boubacar Keïta. Mais il n’a fourni aucune précision sur ces pays. « Les accords de coopération militaire, en discussion ou à venir, ne tiendront compte que de l’intérêt du Mali, de tous les intérêts du Mali et des Maliens, tout en renforçant nos capacités et celles de nos partenaires à faire face à l’insécurité structurelle de l’espace sahélo-saharien », a assuré le chef de l’Etat.
source : lemonde.fr