Dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Coronavirus, l’Assemblée permanente des chambres de métiers du Mali (APCM) fabrique des kits de lavage des mains artisanaux et des masques. Pour nous renseigner plus sur ce fait, nous avons accordé une interview à Mamadou Minkoro Traoré, président de l’APCM qui a bien voulu se prononcer sur l’idée de cette créativité, des difficultés qu’ils rencontrent et de l’avancée du projet.
Le Pays : comment vous est venue l’idée de concevoir des kits de lavage des mains et de masques ?
Mamadou Minkoro Traoré : généralement, nous sommes de nature prompt sur les occasions. Notre promptitude vient dès qu’un problème comme le covid-19 s’impose dans le pays. Les artisans sont des créateurs. Souvent, certains problèmes peuvent être des opportunités pour eux. Pour ce qui concerne l’idée de la concession de ces kits, nous nous sommes dit que pendant la période de l’épidémie d’Ebola, nous avons fait des lavabos mobiles avec des robinets. Cette fois-ci, avec cette pandémie du covid-19, ils (les spécialistes) disent que la transmission du virus est très sensible et qu’il faut faire énormément attention. Deux personnes ne doivent pas toucher le même instrument. C’est ce qui a fait que nous avons conçu ces kits de lavage des mains qui fonctionnent via les batteries. Ils fonctionnent en pédalant avec le pied.
Quand nous avons entendu les gens parler du Covid-19, nous avons tout de suite appelé un groupe d’artisans. On les a demandés de faire un modèle de kits qui répond à la demande. De ce fait, on les a donnés des schémas et des explications. Chacun a pu faire son modèle. C’est pourquoi il y a près de six (6) modèles de kits. Après cela, on a demandé aux artisans de se mettre ensemble pour une synergie d’actions. Ce qui a marché. Cela nous a permis d’enlever les parties qui n’ont pas marché, voire de faire la combinaison d’idées qui a donné le modèle définitif. Nous continuons toujours parce que nous sommes en train de faire un autre modèle de kit mieux que ceux qui sont disponibles.
Comment fabriquez-vous ces kits ?
Ces kits sont fabriqués de la même manière que les autres. Ils sont comme les autres kits. La différence est que ces kits artisanaux de lavage de mains ont des pédales et des robinets qui permettent l’utilisation. Avec ce nouveau système, nous avons pu faire en sorte que les kits fonctionnent sans l’utilisation des mains. Ce, pour éviter la contagion des personnes par le virus via le toucher des kits de lavage des mains. Nous avons d’autres kits comme les mouchoirs, les poubelles, les roulettes. Donc tout est possible et tout vient en option.
Vue la propagation de l’épidémie du Covid-19, l’utilisation de ces kits est sollicitée par beaucoup de personnes. Comment ça marche chez vous en termes de productivité et de commande ?
En termes de productivité, il y a des groupes d’artisans au niveau de chaque commune du district de Bamako qui sont en train de s’organiser. La fabrication de ces kits est un travail de groupe. Pendant que certains s’occupent de l’ossature métallique, d’autres sont chargés de souder. Il y a des artisans qui font des peintures. C’est un travail de chaîne.
Du début de la fabrication de ces kits à nos jours, nous constatons l’augmentation en termes de commandes, donc de productivité. Au début, nous étions à une moyenne de 10 à 15 kits qui étaient conçus. De nos jours, nous sommes à plus de 100 kits par jour, pour la ville de Bamako seulement. Pour ce qui concerne les régions du pays, nous n’avons pas de statistiques particulières. Elles sont au niveau des agents qui y travaillent. Nous avons suffisamment de personnel pour ce projet parce que les artisans sont nombreux dans le pays. Mais pour des problèmes de formation et autres, nous sommes obligés d’aller doucement.
Pour ce qui concerne les commandes, l’artisanat, c’est la pratique, différente de la théorie. On a livré beaucoup de kits à plusieurs ministères qui nous avaient fait des commandes. Le mercredi 1er avril, le ministère de l’Équipement nous a fait une commande de 50 kits. Ce département doit avoir ses kits ce vendredi 3 avril. Ce qui veut dire qu’on a la confiance de nos autorités.
Avez-vous des difficultés ?
Si, nous avons de grosses difficultés en ce moment. Elles sont d’abord liées aux matières premières. Pour ce qui concerne les sceaux plastiques, on constate qu’il y a spéculation des prix dans les marchés. On avait fixé les prix à 4000F, mais aujourd’hui, ces prix ont atteint 10.000 F. Cela est pareil pour d’autres matières premières comme le riz, le sucre…Pour des matériaux qui sont utilisés pour la construction de ces kits de lavage des mains, nous devons veiller à ce que les commerçants puissent les donner à des coûts moins chers. Vraiment, c’est une question de maladie et une raison nationale. Nous devons tous nous battre pour éviter qu’il n’y ait pas de spéculations.
Quels sont vos derniers mots ?
J’invite les artisans au respect des mesures qui sont en vigueur. Notre travail est un travail manuel. Il faut se laver régulièrement les mains et se protéger le nez surtout. En plus de ces kits, nous sommes en train de fabriquer des masques de chez nous, différents de ceux qu’on utilise présentement. Ce sont des masques conseillés qui protègent bien les gens. Ils sont fabriqués à base du coton. Les masques coûtent 500F, et le prix des kits de lavage de mains varie entre 25.000, 30.000 jusqu’à 60.000 F CFA.
Réalisée par Mamadou Diarra
Source : LE PAYS