Du début de la crise jusqu’à ce Vendredi noir, la ville de Sévaré était considérée comme ville intouchable, compte tenu du dispositif sécuritaire et de l’importance des moyens dont disposait la ville sur le plan militaire. Notamment deux camps militaires (armée de terre et celle de l’air), un camp de Gendarmerie et de Garde, sans compter la police nationale. Mais ce 7 Août, ce mythe d’invulnérabilité a été quasiment brisé par une attaque et une prise d’otages meurtrière qui a duré 24 heures et dont le bilan semble très lourd. Qu’est-ce qui n’a donc pas marché pour qu’il y ait de tels actes de déstabilisation dans une ville aussi stratégique comme Sévaré ? Qui peut en-être l’auteur ? Quelles précautions prendre pour éviter désormais de subir une autre attaque meurtrière dans l’avenir ?
D’ores et déjà, il faut se mettre à l’évidence ! La faible implication de la population dans le système de sécurisation de la ville est un grand facteur d’insécurité à Mopti et Sévaré. Par conséquent, les habitants des différentes villes et villages de la région devront, dans leur intérêt personnel, s’organiser pour informer les forces de sécurité sur d’éventuels cas suspects. Pour mieux coopérer avec ces populations, le système de vigilance des forces armées et de sécurité dans la région doit être réceptif et attentif à toutes informations fournies par elles. Or, on ne sent nullement pas la sécurité relevée, même dans les zones à très haut risque. Quand on sait que les forces de sécurité ne sont pas également bien formées pour faire face à de telles menaces ou à de telles guerres asymétriques.
C’est pourquoi, il a fallu l’intervention des forces spéciales de la gendarmerie, dépêchées de Bamako pour l’occasion. Pourtant, cette attaque a bien fait resurgir l’idée de l’utilité de la création de forces spéciales dans toutes les régions du Mali. Lesquelles devront être nanties de matériels très adéquats comme des équipements d’assaut individuel, pour mener à bien leurs missions. Sans manquer de leur permettre d’avoir un service de renseignements moderne et sophistiqué, afin d’obtenir des renseignements fiables et un équipement d’assaut individuel de marque.
D’autre part les évènements sanglants de Sévaré apportent l’opportunité de poser la grande problématique de la formation et de l’encadrement de nos leaders religieux. Ainsi, il faut désormais que les élèves coraniques soient bien formés sur le plan professionnel, en plus de leur formation théologique, afin qu’ils puissent, au terme de leurs études, obtenir des emplois décents comme leurs frères de l’enseignement classique. Il faudra aussi que les autorités effectuent constamment un contrôle des financements des structures religieuses, notamment en provenance de l’extérieur. Alors que jusque-là, il n’existe aucun suivi de la part du ministère des Cultes et des Affaires religieuses. Pourtant, c’est l’extrémisme religieux et l’absence d’avenir des élèves fréquentant les écoles coraniques qui sont à la base de l’insécurité dans nos villes et villages.
En somme, Mopti doit cesser d’être la Venise des mandants. Or, Le ministère des affaires religieuses et du culte ainsi que les autorités locales semblent ne pas prendre en compte leurs vraies prérogatives pour agir conséquemment.
Alfousseini Togo
Source: Le Canard de la Venise