Tôt le samedi 13 octobre, le Premier ministre (PM), Soumeylou Boubèye Maïga (SBM), à la tête d’une forte délégation quitte Sevaré pour Togueré Coumbé, via Teninkou ( chef lieu de cercle).
Composée du ministre de la Solidarité et de l’Action humanitaire, Hammadoun Konaté, des députés de Teninkou, Abdramane Niang (RPM) et Amadou Cissé (URD), de l’ancien député ADEMA, Témoré Tioulenta et des collaborateurs du PM, la délégation a été accueillie avec enthousiasme. “Mali, Mali, Mali…” scandait avec force la foule.
Toguéré Coumbé est une commune du cercle de Teninkou située à 75 km de celui-ci et à 85 km de Mopti. Elle est réputée être une zone dominée par les terroristes depuis le 18 mars 2013 date à laquelle 20 personnes avaient été tuées et enfuies dans un puits à Doungoura.
Toguéré Coumbé compte 23 000 âmes. Sa population est composée de Bozos, Peulhs, Sonrhais, Bellas. Elle est dans une zone inondée, inaccessible en période de crue. Elle est entourée d’eau.
Depuis cinq mois, les terroristes, des Peulhs ressortissants de la localité, soutenus par d’autres frères de la même ethnie du Burkina et du Niger, ont imposé un blocus total, un embargo sur la commune. Personne ne sort et aucune âme n’y rentre non plus.
Finie la participation aux foires, finie la pêche, finie la culture de la terre. La peur s’est installée dans le village et avec elle la menace de la famine. L’embargo est véritablement décrété par les terroristes.
C’est dans ce contexte difficile que le Premier ministre est arrivé à Toguéré Coumbé, à bord d’un hélicoptère de l’Armée de l’air malienne.
Accueilli avec des cadeaux en nature: une pirogue en miniature, poisson, blé, le chef du gouvernement a pris un bain de foule, avant de s’installer dans la loge officielle.
Dans son discours de bienvenue, le maire de la commune a relaté le calvaire que vit sa commune, avec l’embargo des terroristes, suivi de vols d’animaux. En réponse, SBM a déclaré: “A partir de ce jour, l’ambargo est fini. Notre présence marque le retour de l’Etat”. Avant d’ajouter: “Aidez nous à combattre ceux qui vous empêchent de travailler. Nous sommes disposés à récupérer ceux qui veulent revenir, à travers des programmes de formation professionnelle ou de réinsertion socio-économique, comme on le fait pour les autres régions. La population doit choisir son camp”.
Des dons appréciés : Ensuite, le ministre Konaté a annoncé au nom du Gouvernement des dons aux populations de Toguéré Coumbé. Il s’agit de 30 tonnes de mil; 24 tonnes de riz; 150 bidons d’huile de 5 litres; 24 sacs de 25 kg de sel; 120 sacs de 50kgs de sucre, 40 sacs de 25kgs de lait.
Le porte-parole des bénéficiaires, Mort Kalifa Konta, conseiller communal à vivement remercié le donateur. ” Ce geste vient au bon moment pour nous épargner la famine”, a t- il déclaré.
Rappelons qu’une centaine de militaires se trouvent à Touguéré Coumbé depuis six mois.
Elhadj Chahana Takiou,
envoyé spécial à Touguéré Coumbé
SBM à Tenenkou, un cercle enclavé: “Nous sommes là pour affirmer la présence de l’Etat”
Le cercle de Tenenkou fait partie du centre du pays où depuis 2013 une insécurité grandissante a ralenti les activités économiques et le déplacement des populations. Des hommes armés, en majorité des peulhs terrorisent les citoyens. Les partisans d’Amadou Kouffa sont nombreux dans cette zone. Conséquences: des morts, des enlèvements, des intimidations. Le dernier enlèvement concerne le préfet de Tenenkou, Makan Doumbia, le 5 mai dernier. Aucune nouvelle concernant cet administrateur civil. Les populations s’inquiètent et craignent d’autres enlèvements.
Les écoles fondamentales de la ville sont ouvertes, même si le lycée demeure fermé, en raison de l’absence des professeurs, qui ont peur de regagner leurs postes de travail. Plus de 300 élèves attendent toujours. Certains sont déjà partis à Sevaré, d’autres à Bamako pour abandonner ce lycée.
Voilà la réalité de Tenenkou, ville fondée en 1818 par Bory Hamassalah Cissé, sur instruction de Sékou Amadou, l’imam de la dina.
Les terroristes ont su recruter dans cette ville où un de ses députés, Abdramane Niang, president de la Haute Cour de justice a échappé il y’a quelques mois à ces tueurs.
C’est en raison de toutes ces difficultés que le Premier ministre (PM), après avoir envoyé plusieurs dizaines de militaires à Tenenkou pour sécuriser les populations, avec le retour des agents de l’Etat, s’est rendu samedi dernier sur place.
“Nous sommes venus pour encourager nos militaires et les représentants de l’Etat. L’insécurité n’est pas transportée de l’extérieur. Ceux qui alimentent l’insécurité sont connus des populations. Il vous revient, donc, d’aider les militaires, afin qu’ils assurent davantage votre sécurité. Il nous faut combattre, ensemble, ceux qui nous empêchent d’avoir la paix. Que chacun joue son rôle. Nous sommes là pour affirmer la présence de l’Etat, pour vous dire que nous sommes à vos côtés, insensibles à vos préoccupations. Ce sont là les instructions du chef de l’Etat qui nous a demandé de vous protéger. Aidez nous, donc, à vous aider”, a déclaré Soumeylou Boubèye Maïga.
Auparavant, le maire de Tenenkou avait egréné un chapelet de doléances: routes, programme d’urgence pour le cercle, connexion Internet, second château d’eau, maison des jeunes, circulation des motos…
Le Premier ministre a promis d’étudier ces demandes et d’y apporter les solutions possibles.
El Hadj Chahana Takiou,
envoyé spécial 2 Tenenkou
Le 22 Septembre