Dans cette lettre interne à l’ensemble des gendarmes, datée du 19 janvier dévoilée par Le Monde et Intelligence Online et consultée mardi par l’AFP, le général Bonneau, qui évoque « l’hypothèse d’un engagement majeur », ajoute que « les évolutions politiques aux États-Unis avec leurs possibles conséquences sur l’Otan, vont sans doute pousser l’Europe à s’engager plus avant pour sa propre défense » alors que la guerre en Ukraine entrera dans un mois dans sa troisième année. « En tant que force militaire », les 135 000 gendarmes d’active et de réserve ont « le devoir de (se) préparer pour tenir (leur) place » dans « l’hypothèse d’un engagement majeur », notamment en « renforçant l’acquisition et l’entretien des savoir-faire tactiques et opérationnels militaires ».
« En tout point du territoire national, notamment Outre-mer, différents acteurs et compétiteurs cherchent à déstabiliser la Nation. Face à cela, je veux insister sur notre lien avec les Armées et sur l’enjeu structurant de la DOT (Défense opérationnelle du territoire) », insiste l’ancien commandant du GIGN.
Sur le budget, il faudra « faire des choix et accepter des priorisations »
Cette lettre a été accueillie avec circonspection par certains responsables de la gendarmerie. « Pour la gendarmerie, il y a d’autres sujets plus importants que la DOT. Les vraies questions, c’est : est-ce qu’on aura les budgets pour nos 200 brigades mobiles, les voitures, notre présence sur la voie publique », a confié à l’AFP un cadre sous couvert d’anonymat, estimant qu’il y avait « un contraste énorme », entre la « réalité » et « ce qui est écrit ». « La guerre, c’est quand même le sujet des militaires », a-t-il ajouté, alors que la gendarmerie dépend du ministère de l’Intérieur, et non de celui des Armées.
Par ailleurs, le général Bonneau évoque dans sa missive la lutte contre la criminalité organisée et les narcotrafics avec la création de l’Unité nationale de police judiciaire de la gendarmerie et la nomination du général Sylvain Noyau, ancien chef du Commandement pour l’environnement et la santé (Cesan) de la gendarmerie nationale, en tant que préfigurateur de cette nouvelle entité. Il faut « pousser les feux » dans le domaine de la sécurité intérieure, afin d’« obtenir rapidement des résultats concrets et durables », écrit-il.
Il insiste, en outre, sur la nécessité de « renforcer l’efficacité de l’action » de la gendarmerie dans le domaine du renseignement « en préservant absolument les équilibres institutionnels qui prévalent en matière de renseignement ».
S’agissant du budget, le général prévient qu’il faudra « faire des choix et accepter des priorisations ». Il a souhaité que le futur budget reprenne les lignes du projet de budget élaboré par le précédent gouvernement pour 2025.
Source: Le Parisien