La palinodie de l’ex-officier putschiste devant les limiers du Camp I aura été un feu-follet. Même la guerre virtuelle entre les « rejetons » de la Famille (le fiston et l’ex-fiston), n’a pu supplanter l’oxymore sévarois. La ville jumelle de la Venise malienne, devenue depuis une semaine une curiosité stratégique.
Saperlipopette ! Voici une localité dans la fournaise terroriste, qui ne tient que par le fait qu’elle est, depuis mars 2012, la place forte, la digue pour contrer l’avancée djihadiste, qui se rebelle. Marre de cette présence envahissante et encombrante de forces étrangères d’opérette, les populations marchent pour demander leur départ. Au profit d’une montée en puissance des forces nationales qui viennent de subir un énième revers ? Que nenni ! Elles (les populations) marchent pour soutenir les femmes des soldats qui s’opposent à l’envoi de leurs maris au front. Et tous ensemble, on saccage et on pille les magasins de la Minusma… tels de vulgaires vandales et des voleurs de foire. Est-ce à coup de larcins et de fuite en avant qu’on remplacera les Français par les Russes ? Parce que dans le paradoxe, pardon dans le Latin malien : entrer au paradis ne rime pas avec mourir.
Le Facebookan du jour tente de rendre cohérent l’incohérent, de concilier l’inconciliable, de démêler l’indémêlable.
Moussa Nimaga : ceux qui ont demandé le départ de la MINUSMA et ceux qui disent que leurs maris ne partent pas aux fronts sont-ils les mêmes ?
Boubacar Koumare : un vecteur commun : le Malien.
Moussa Nimaga : pas un vecteur commun dèh ! Les épouses des militaires qui sont dans le camp manifestent contre le départ de leur mari au front.
Ceux qui ont manifesté pour demander le départ des forces étrangères sont la population de Mopti qui se sent menacé malgré la présence des forces étrangères. Faisons la part des choses.
Boubacar Koumare : tu essaies de démêler des trucs qui le peuvent pas être.
Les épouses qui manifestent sont maliennes, ceux de Mopti aussi. Pire, à Sevaré, il y a aussi des épouses de militaires qui en font autant après ceux de Para-Djikoroni et de Kati. On a qu’à faire un choix, c’est clair.
Marc Dara : Humm ! Ni ko be kène kan ! Si tu ne veux pas y aller, tu déposes la tenue ! C’est parce que tu as choisi la tenue qu’on te demande d’y aller ! Ni te se i be bô ! C’est simple non ! D’ailleurs, en temps de guerre, ça s’appelle désertion ! Sinon, minin ko tai dai !
Djiguiba Daoud Ben Hassan : Mon frère sur cette posture, on n’aura rien vu ; le pire arrivera. Nous cherchons toujours un bouc émissaire. Cette contradiction montre que nous ne savons même pas ce que nous voulons à plus forte raison de sortir de cette situation.
Boubacar Koumare : Et ce qui m’écœure, c’est de voir certains vouloir justifier les deux postures en même temps et au nom de quoi ?
Djiguiba Daoud Ben Hassan : Le Malien pense qu’il y aura un messie qui viendra nous faire sortir de ce trou alors qu’on se trompe. Ce que j’ai dit : on ne sait pas ce qu’on veut. Comment comprendre que vous voulez le départ des étrangers alors que vous même vous ne voulez pas prendre votre responsabilité. Si jetais à la place de ces étrangers, je ne fais rien.
Halima Ben Toure : Je ne vois aucune incohérence, moi. Ceux qui demandent aux forces étrangères de partir estiment que l’armée malienne, si elle est bien équipée, peut défendre son territoire. Ces femmes, qui refusent le départ de leurs maris aussi, demandent des équipements adéquats à la réalité ; chose qui n’est pas effective. Toi et moi le savons bien. Conclusion : le peuple demande au régime de mieux équiper les soldats maliens afin qu’ils soient plus combatifs sur le terrain et que les forces étrangères ne soient pas aux qui commandent des opérations les plus rudes. Où est l’incohérence ?
Boubacar Koumare : L’incohérence, c’est de se cacher derrière la question d’équipements sachant que nous sommes en train d’être les premiers qui fournissent l’ennemi en armements. Donc, ne nous dites pas qu’on est en face de manque d’équipements. Bi ka fissa ni kounou yé.
L’incohérence, c’est de parler en même temps de sous équipement et de reconnaître que l’armée n’est pas prête à se battre et de demander le départ des forces étrangères.
L’incohérence, c’est de demander ces deux choses contraires. Aucun armement ne rend un homme plus combatif.
Cela doit être inné chez le soldat depuis le jour de son engagement. Le soldat doit être de nature plus combative.
Arrêtons des fuites en avant.
Zeremy Goïta: C’est vraiment absurde ! Celui qui ne veut pas aller au front n’a qu’à démissionner. Opter pour l’armée, c’est abonner le luxe, le confort et se sacrifier pour défendre l’intégrité territoriale. Ah oui. Opter pour l’armée, c’est choisir de vivre autrement. Les armées américaine, française, allemande… quittent leurs pays pour aller vivre à l’étranger (Asie, Afrique, Océanie…) dans le cadre de leur profession. Cherchez à déloger l’ennemi avant qu’il ne vous déloge.
Abass Doumbia : Si tu comprends le Malien, c’est que tu es Dieu.
Tapa Konte : C’est vrai que ces deux messages sur les images sont inconciliables. Seuls les auteurs peuvent nous aider à comprendre.
Mahamadou Cisse : Mais cela démontre une chose que nous connaissons tous : le Malien ne voit que ce qui l’arrange dans l’immédiat. Ceux qui revendiquent le départ des forces étrangères sont manipulés et reçoivent de l’argent pour le thé (à défaut ou en supplément, ils pillent). Ceux qui ne veulent pas que les militaires aillent au front pensent sauver la vie de leur proche (au détriment de celle de la nation).
Ce sont les mêmes Maliens qui ont donné leur voix pour de l’argent (2 000 fcfa).
Ce peuple est béni dit-on… mais regardons la réalité en face… Ce qui est sûr, entre les dirigeants et la population, il n’y a pas un pour rattraper l’autre.
Mamadou Daba Diawara : Les Maliens ne savent plus que faire ni que dire malheureusement. C’est vraiment déplorable.
Hamidou Djimdé : Comprenez tout simplement que dans une manif non encadrée, les slogans peuvent ne pas être les mêmes. Mais cette foule était composée des familles directes de militaires et des citoyens qui ne comprenaient pas que malgré toutes ces forces dites de soutiens entre guillemets, les familles maliennes continuent d’être endeuillées.
Boubacar Koumaré : Comment peux-tu vouloir expliquer ça par ça ? Quand leurs maris s’engageaient, c’était pour compter sur des forces étrangères ? Elles ne savent pas que le militaire s’engage à mourir pour la patrie ?
Doumbia Kalifa : Ils veulent tout simplement l’invasion du reste du pays par les hordes djihadistes ! Et si cela nous tente, on peut l’essayer !
Aboubacar Traoré : je me demande souvent si ça en vaut la peine. Il est vraiment temps que les choses évoluent, que force revient à la loi. Le Mali se perd de plus en plus.
Moussa Cheichna Bagayoko : l’arbre ne doit pas cacher la forêt : c’est le mensonge et l’injustice qui sont en cause dans tout ça.
Samba Gassama General : « A Sevaré, des épouses de militaires manifestent. Pas de déploiement à Boulkessi ! »
Je vais poser trois questions. Donc, je m’excuse comme il est interdit de poser des questions concernant l’armée :
– Est-ce que les femmes manifestent d’elles-mêmes ou ce sont les maris qui les mettent au-devant ?
– Si ce mouvement est indépendant des maris, le fait que les maris ne s’y opposent pas ne veut-il pas dire qu’ils sont d’accord avec les femmes ?
– Dans le cas où ils sont d’accord avec les femmes, est-il judicieux d’envoyer au front des gens qui ne voudraient pas y être ?
Je demande encore pardon pour avoir posé des questions. Évidemment, ça ne m’empêche pas de soutenir l’armée.
Adam Doucouré : Difficile d’aller sereinement au front, quelles que soient les convictions lorsqu’on sait qu’on s’expose à un massacre certain. Ça peut paraître paradoxal avec le fait même d’être militaire, mais un soldat, quel qu’il soit va au front avec l’idée de triompher et non de périr d’avance sans grand moyen pour se défendre. Tu peux être le meilleur soldat de tous et avoir la meilleure volonté du monde, mais pour combattre il faut que les moyens suivent. Alors, oui je crois qu’ils soutiennent le mouvement des épouses, car ayant vu le triste sort de ceux qui y sont allés avant eux avec la meilleure des volontés, mais qui n’ont eu aucune chance face à l’ennemi et certainement pour beaucoup ; pas par manque de courage et de convictions.
Samba Gassama General : Je comprends bien ça, mais dans ce cas-là, comment on fait si chacun décide de ce qu’il fait ou pas en tant que militaire, il n’y a plus d’armée !
Ibrahima Cissé : Ils doivent demander plus de moyens et plus de soutien de la part de leur hiérarchie. Mais, nous remarquons tous que les djihadistes partent en guerre contre eux pour y mourir ou gagner souvent avec des armes rudimentaires. Cette guerre, nous allons la gagner en mettant toutes les populations civiles du côté de l’armée et de l’État.
Oumar Keïta : Pour moi, un soldat c’est un homme qui a le caractère et le sens du devoir, un homme qui est prêt à donner sa vie pour la Nation, un homme respectable dans tous les sens du terme ! Un homme qui aime la discipline, l’ordre, porter l’uniforme avec fierté et dévouement, prêt à sacrifier sa famille à son métier, prêt à partir au front se battre jusqu’au dernier souffle, prêt à mourir pour défendre les couleurs de notre drapeau. Un homme avec le cœur sur la main, toujours là pour toi, un homme qui donne de son temps pour les bonnes causes. La défense de l’intégrité du sol et du territoire national figure au premier plan de l’engagement particulier des membres des forces armées, qu’ils soient militaires du rang, officiers, ou volontaires.
L’esprit militaire, c’est tout d’abord l’honneur, le respect, le courage et l’amour de la Patrie. Être militaire, c’est protéger, servir ou défendre sa patrie, jusqu’au sacrifice ultime : mourir pour elle.
Laurent Mariko: À qui croient-elles rendre service par ces comportements ? Incompréhensibles et totalement injustifiés ? Ça me rend triste qu’elles choisissent le mauvais rôle, au lieu d’être des leviers, remontant le moral de leurs maris ou fils à faire face à leur devoir héroïque. C’est ce métier qu’ils ont choisi avec toutes les implications qui vont avec. Cela fait partie du serment qu’ils ont prêté avec fierté.
Il faut que chacun reste à sa place au lieu de rajouter au désordre qui est en train de nous miner chaque jour un peu plus. À bon entendeur salut
Kadiatou Doucouré: Selon moi, pour répondre aux trois questions, il est nécessaire de relever quelques paradoxes.
Le premier tient à l’intégration même au sein de l’armée. L’époque a changé, l’armée n’a jamais été aussi populaire depuis que l’intégrer est devenu rarement une vocation d’héroïsme, discipliné et courageux.
Le second tient aux défaillances de l’institution militaire et gouvernementale, même si le sacrifice demeure l’une des composantes essentielles de la condition militaire, il est indéniable que les soldats doivent être traités comme il convient entre autres : augmenter leurs moyens, aider à leurs perfectionnements techniques, améliorer leurs conditions militaires et sociales…
Au vu de cette réalité, il faut reconnaître qu’il est difficile pour les familles des blessés et morts d’accepter l’idée d’un « hasard des combats ». D’où, je peux comprendre que les familles des militaires en opération exigent une information complète, souvent humainement difficile à donner…
Keita Yam’s : Je pense que c’est la population qui, dans son écrasante majorité, a demandé le départ des forces étrangères alors que ce sont juste les épouses des militaires qui se sont opposées au départ de leurs maris au front.
Halachi Maiga : Tant que les Maliens continueront à penser que la cause de leurs malheurs, c’est les autres, ils resteront et demeureront contradictoires devant l’éternel.
Kone Adams : SI la France quitte le Mali aujourd’hui, les Terroristes rentrent à Bamako demain matin et ils prendront Sikasso. Vous n’avez pas la tête ou quoi ? Le Mali n’est pas équipé et avec une armée très Faible avec seulement 20 000 soldats pour 1 200 000 Km².
Vane Traore : Pillage à Sévaré contre le camp de la MINUSMA.
Pour ma part, je condamne jusqu’à la dernière rigueur.
Oui, notre nation a été trahie.
Oui, on est trop fatigué.
Oui, le sang a beaucoup coulé sur notre territoire, mais nous ne devrions pas réagir comme ça.
C’est une honte pour le Mali.
Aujourd’hui, l’ennemi a gagné son pari.
Qu’Allah bénisse le Mali.
Oumar Yelinga SeÏba : En toute objectivité, si nos dirigeants pensent que l’armée malienne à elle seule pouvait sécuriser tout le Mali croyez-moi Barkhane et Minusma ne seraient pas là. Allez y demander aux officiers maliens si l’armée malienne dans l’état actuel peut sécuriser le Mali. Donc, arrêtons de passionner. Le Mali fait 1 241 000 km² environ même en temps de paix, il est difficile de sécuriser cet espace. Après les attaques, beaucoup perdent leurs proches, mais si Barkhane et Minusma quittent le Mali, les terroristes et le Mnla vont diner à Bamako. Vous avez donc oublié la circonstance dans laquelle ils sont venus ?