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Le Nord du Mali reste en proie à l’instabilité

Le cessez-le-feu entre l’armée malienne et le mouvement touareg reste fragile après des affrontements à Kidal à la mi-mai.

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La France avait annoncé un redéploiement de ses forces dans le Sahel au début du mois, avant de le repousser.

L’ONU en a appelé à la « bonne foi » de chacun. Mercredi 28 mai, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est une nouvelle fois ému de l’instabilité dans le nord du Mali, appelant l’armée et les mouvements séparatistes à respecter « totalement »le cessez-le-feu.

Un accord avait été conclu le 23 mai après d’importants affrontements à Kidal. L’armée malienne, en déroute, avait perdu une cinquantaine de soldats et les combattants touaregs avaient repris le contrôle de la ville.
Pas de réconciliation nationale

Humilié, le ministre de la défense du Mali a démissionné mercredi. Cette figure de la vie politique à Bamako a été immédiatement remplacée par un officier supérieur de l’armée de l’air en retraite. Pour contrer l’avancée des rebelles, l’armée malienne renforce maintenant ses positions au nord avec le soutien logistique des soldats français.

Malgré l’opération Serval, lancée par la France début 2013, et l’éloignement de la menace islamiste, la réconciliation nationale ne trouve pas de traduction sur le terrain. En mai, les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont repris la lutte pour l’indépendance de cette région.

Un soutien russe au MNLA ?

Pour l’heure, l’accord de cessez-le-feu n’a pas permis de sécuriser le nord. Des affrontements ont éclaté la semaine dernière entre deux factions rivales du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), à proximité de Gao, sans impliquer l’armée malienne.

Le MNLA pourrait, de plus, bénéficier d’un soutien russe. Le président malien dénonce, dans un entretien à Jeune Afrique, la visite à Moscou, en mars dernier, de Bilal Ag Acherif, secrétaire général du mouvement. Ibrahim Boubacar Keita accuse les Touaregs de réclamer « des armes et des instructeurs en échange d’un accès au sous-sol de la région une fois l’indépendance obtenue ».

La présence française en question

Le retour des combats a contraint la France à repousser « d’un ou deux mois » la mise en place d’un nouveau plan antiterroriste, qui devait être mis en œuvre fin mai. Il prévoit l’élargissement de l’action de la France au-delà du Mali avec le redéploiement de 3 000 soldats dans le sud du Sahara. Ce plan doit signer la fin de l’opération Serval et le passage de relais aux forces africaines de la Minusma, sous mandat de l’ONU.

À Bamako, la capitale, une partie de la population devient hostile à la présence française. Les violences à Kidal ont déclenché une vague de manifestations pour dénoncer le manque de fermeté de Serval à l’encontre des Touaregs.

Les raisons de la démission de Soumeylou Boubèye Maïga

Soumeylou Boubèye Maïga a démissionné mardi de son poste de ministre de la Défense, suite aux revers militaires subis par l’armée malienne à Kidal, les 17 et 21 mai. Pourtant, ses responsabilités dans les derniers affrontements avec les groupes armés du nord semblent limitées. Explications.

L’offensive malheureuse de l’armée malienne pour reprendre Kidal, le 21 mai,aurait été une initiative locale venant d’officiers supérieurs présents sur place – parmi lesquels le général Ag Gamou, qui a perdu son adjoint dans la bataille. Ces unités auraient agi sans en avoir reçu l’ordre de l’état-major à Bamako, et sans que Soumeylou Boubèye Maïga, le ministre de la Défense, donne d’instructions en ce sens. C’est du moins ce que des sources au sein de la présidence affirment à Jeune Afrique.

Les soldats de l’armée malienne sont tombés dans le piège tendu par les groupes touaregs qui, visiblement, les attendaient. Parmi ces derniers figuraient, selon des témoins, une centaine de jihadistes reconnaissables à leurs drapeaux noirs, à leurs slogans religieux et à leurs pantalons coupés court.

Conséquence de ces événements : des pertes humaines très importantes pour l’armée (une cinquantaine de morts et 48 blessés), et une grave crise politique puisque le ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, a démissionné mardi 27 mai pour être remplacé dans la foulée par un colonel-major de l’armée de l’air à la retraite, Ba N’Dao, formé dans l’ex-Union soviétique et diplômé de l’école de guerre de Paris.

Épargner des sanctions humiliantes

Comment en est-on arrivé là ? Selon l’un de ses proches cités par l’AFP, l’ancien ministre (de la Défense mais aussi des Affaires étrangères) et ex-chef des services de renseignements, a pris sa décision « lorsqu’il a compris qu’on voulait faire porter le chapeau à la hiérarchie militaire » pour la défaite de Kidal. Il aurait ainsi pris les devants pour proposer sa démission et épargner des sanctions humiliantes à de hauts gradés.

Mais ce rebondissement est aussi sans doute la conclusion d’une différence de vision stratégique entre l’ex-ministre de la Défense et le nouveau Premier ministre, Moussa Mara, qui s’est rendu à Kidal le 17 mai malgré les réticences de la Minusma, des Français de l’opération Serval… et vraisemblablement de Soumeylou Boubèye Maïga lui-même. Une visite qui a déclenché les premiers affrontements entre des soldats maliens et les groupes armés du Nord, avant la contre-offensive ratée du 21 mai.

Le nouveau ministre de la Défense doit désormais gérer le cessez-le-feu signé le 23 mai à la faveur d’une médiation conduite par le chef de l’État mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’Union africaine. L’accord prévoit également la mise en place d’une commission internationale d’enquête et la libération des prisonniers faits par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui en revendique 70. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué lundi avoir rendu visite à 50 personnes détenues par deux groupes armés à Kidal, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le MNLA.

 I YATTARA

SOURCE: L’Informateur
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