La conférence des chefs d’Etat a invité le Conseil de sécurité des Nations unies à renforcer le mandat et les effectifs de la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA) pour lui permettre d’assurer sa mission de garante de l’application de l’Accord de Ouagadougou.
Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont tenu une rencontre extraordinaire, le 30 mai 2014 à Accra au Ghana sur la situation sécuritaire dans les septentrions malien et nigérian. Ils ont condamné les actes de violence dans ces pays et ont décidé de fédérer leurs efforts pour l’instauration d’un climat de paix et de sécurité dans leur espace.
Après plus de 4 heures de huis clos, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), réunis en session extraordinaire sur la situation sécuritaire au Nord du Mali et du Nigeria, le 30 mai 2014 à Accra, capitale du Ghana, ont pris 35 décisions. Celles-ci visent essentiellement à bouter hors de la région, le terrorisme et à y instaurer la paix, la sécurité et la stabilité. Mais avant tout, les chefs d’Etat ont condamné les actes de terrorisme et les violences dans ces deux pays.
Concernant la situation sécuritaire au Mali, ils ont, notamment, réaffirmé leur attachement à la préservation de l’unité, de l’intégrité territoriale et du caractère laïc de l’Etat malien. La CEDEAO exige le retrait des groupes armés des bâtiments publics et des zones occupées par les groupes armés ainsi que leur retour aux positions d’avant le 17 mai dernier, date à laquelle les violences ont éclaté à Kidal. La conférence des chefs d’Etat a invité le Conseil de sécurité des Nations unies à renforcer le mandat et les effectifs de la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA) pour lui permettre d’assurer sa mission de garante de l’application de l’Accord de Ouagadougou. Elle a appelé les groupes armés à déposer les armes et à privilégier le dialogue. Négociation est aussi recommandée aux autorités maliennes qui ont été invitées à diligenter les préparatifs de la tenue du dialogue inclusif intermalien. Il leur a également été demandé de mettre d’urgence en place la Commission Vérité, Justice et Réconciliation afin d’accélérer le processus de réconciliation nationale, préserver l’unité, l’intégrité et la stabilité du pays. Les chefs d’Etat ont salué les efforts du président du Faso, Blaise Compaoré, médiateur de la CEDEAO au Mali ainsi que de son homologue associé, le Nigérian Goodluck Jonathan dans le sens de la résolution politique de la crise au Mali. La communauté internationale a été invitée à poursuivre ses actions en vue d’une sortie de crise.
Concernant le Nigeria, les pays de la CEDEAO vont renforcer leur collaboration, notamment dans les domaines du partage d’informations, de coordination des efforts des services de renseignements et d’application des lois d’une part et consolider leurs systèmes de défense et de sécurité d’autre part. Les différents Etats appellent à la mise en œuvre de la stratégie intégrée des Nations unies pour le Sahel et l’opérationnalisation de la stratégie Sahel de la CEDEAO.
Par ailleurs, ils se sont félicités de « l’aboutissement heureux » du processus de transition en Guinée-Bissau qui s’est soldé par l’élection du président José Mario Vaz.
Relever les défis sécuritaires
« Je veux surtout croire, au regard de notre succès en Guinée-Bissau et de nos succès antérieurs, que nous sortirons également vainqueurs de notre combat contre la violence et la terreur au Mali et au Nigeria », a dit le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo à l’ouverture des travaux. Il a appelé de son vœu, la prise de mesures visant à relever les défis sécuritaires et à répondre aux attentes des populations les plus affectées. Avec regrets et amertume, M. Ouédraogo a commenté la situation des deux pays.
Parlant du Mali, il a déploré les conflits qui ont endeuillé les populations au cours de la période du 17 au 21 mai 2014, menaçant ainsi le processus de consolidation de l’unité nationale et de l’intégrité du territoire. « Fort heureusement, l’attachement à la paix et le sens du dépassement ont vite prévalu », a-t-il confié. Toute chose qui a permis la signature d’un accord de cessez-le-feu entre le gouvernement malien et les groupes armés, sous l’égide de l’Union africaine. M. Ouédraogo a toutefois attiré l’attention des chefs d’Etat et de gouvernement sur l’objectif majeur qui est de faire régner la paix, la sécurité et la stabilité dans les deux pays et au-delà, dans toute la sous-région ouest- africaine.
Dans cette logique, Kadré Désiré Ouédraogo a réitéré la nécessité pour les deux camps à respecter scrupuleusement leur engagement à déposer les armes et à s’inscrire dans la dynamique du dialogue inclusif pour la réconciliation nationale.
Concernant le Nigeria, le président de la Commission a réaffirmé la solidarité de la CEDEAO avec le peuple nigérian dans la lutte contre le terrorisme, notamment Boko Haram. Il a assuré le président Goodluck Jonathan de la disponibilité de la Communauté à lui apporter le soutien et l’appui utiles.
Aussi a-t-il poursuivi, les décisions issues des délibérations de la présente conférence vont être exécutées de manière diligente, tout comme les recommandations émanant de la réunion des services de renseignements des Etats membres tenue le 14 mai 2014 à Accra. Parlant de cette dernière rencontre, le chef de l’Etat ghanéen, John Dramani Mahama, président en exercice de la CEDEAO, a rappelé à la conférence, l’accord issu de cette session disant qu’un acte de terrorisme contre un Etat membre touche d’office tous les autres Etats.
D’où la nécessité de soutenir les pays en difficulté, en l’occurrence le Mali et le Nigeria. Il a exprimé sa volonté et sa vision de voir une Communauté économiquement prospère, intégrée et développée, selon ce qu’il a inscrit dans son mandat à la tête de la conférence des chefs d’Etat. Le président ghanéen a souligné que la paix et la sécurité sont les conditions sine qua non pour tout essor socio-économique. Vaincre Boko Haram au Nigeria et consolider la paix au Mali sont, de son point de vue, des priorités pour la CEDEAO.
Pour lui, le terrorisme demeure un défi mondial et l’ignorer revient à compromettre le développement auquel aspirent les populations. Et M. Mahama d’inviter la CEDEAO à prendre ses responsabilités et à décider des actions à entreprendre pour venir à bout des problèmes sécuritaires et éviter que la région ouest-africaine ne soit déstabilisée.