Pascal Canfin, ministre chargé du développement. | Photo Christophe Petit Tesson/Maxppp
Pour protester contre la reconduite à la frontière d’un Malien par le vol régulier dans lequel il devait embarquer vendredi, le ministre délégué au Développement, Pascal Canfin, a décidé de rester à Paris et de ne pas se rendre à Bamako.
Vendredi dernier, Pascal Canfin devait se rendre à Bamako. Mais le ministre délégué chargé du Développement ne s’est finalement pas rendu au Mali où il devait participer au forum des acteurs de la société civile malienne sur le développement et la sortie de crise au Mali. Une réunion organisée dans le cadre de la préparation de la Conférence internationale des donateurs pour le développement, qui se déroulera le 15 mai prochain à Bruxelles. Un déplacement annoncé dans son agenda et sur son compte Twitter.
Au dernier moment, Pascal Canfin et trois de ses collaborateurs ont refusé d’embarquer. Pour protester contre l’expulsion – dans le même vol régulier – d’un Malien sous le coup d’une reconduite à la frontière, selon Le Canard Enchaîné. Un procédé auquel est opposé le ministre. L’information a été confirmée par le cabinet du ministre au Lab d’Europe 1. L’écologiste affirme avoir pris cette décision « en conscience ». « C’était une décision personnelle », ajoute-t-il. « Une position de principe », a expliqué mardi un conseiller de Pascal Canfin à France Info.
Echec de la négociation avec Valls
Pascal Canfin avait pourtant tenté de faire annuler cette expulsion, en contactant le cabinet du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Avec une demande : « Valls doit suspendre l’expulsion, sinon Canfin n’ira pas à Bamako. » Sans succès, puisque cet argument aurait « laissé de marbre » le locataire de la place Beauvau, selon Le Canard Enchaîné. Le ministre délégué au Développement n’a donc pas embarqué. A ce moment-là, ce dernier ne connaissait pas la raison de cette reconduite à la frontière. L’hebdomadaire satirique affirme mardi qu’il « venait de passer huit années de taule pour viol aggravé sur un mineur ».
Au Lab, le cabinet de Pascal Canfin assure que l’absence du ministre à Bamako n’a pas eu d’impact sur le forum et rappelle qu’il s’est déjà rendu « à trois reprises » au Mali depuis le début de l’année. Pascal Canfin a finalement été remplacé par l’ambassadeur de la France sur place, Gilles Huberson.
« Je partage ce qu’a pu ressentir Pascal Canfin »
Interrogée sur ce déplacement avorté, l’autre ministre écologiste, Cécile Duflot, a renvoyé aux propos de Pascal Canfin qui a évoqué une « décision personnelle » et qui « n’était absolument pas au courant des motifs » de cette expulsion au moment de refuser d’embarquer. « Ça ne nécessite pas beaucoup plus de commentaires sinon que, bien évidemment, je partage ce qu’a pu ressentir Pascal Canfin et ce qu’ont pu ressentir de nombreux passagers qui ont été témoins de ces expulsions qui sont parfois très violentes », a ajouté la ministre du Logement. Affirmant ne pas « connaître le sujet », elle a également estimé que cela pose « peut-être la question de la double peine ».
De son côté, le socialiste Gérard Collomb a dénoncé cette attitude. « Il faut bien qu’à un moment donné, on puisse faire respecter les lois de la République », a déclaré mardi matin le maire de Lyon sur Canal +.
L’incident a également fait réagir le Front national. Par la voix du trésorier et candidat à la mairie de Paris, Wallerand de Saint-Just.
Anne-Charlotte Dusseaulx – leJDD.fr