Le déplacement d’Abdelkader Messahel intervient à quelques semaines de la présidentielle malienne, prévue en juillet, dans un contexte de recrudescence du terrorisme dans le centre et le nord du Mali.
La situation politico-sécuritaire dans le nord du Mali a fait, hier, l’objet de profondes discussions entre les autorités maliennes et le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, en visite de deux jours à Bamako, ont rapporté les agences de presse. Si la visite de Messahel entre dans le cadre des réunions régulières du comité mixte algéro-malien, elle intervient à quelques semaines de la présidentielle malienne, dans un contexte de recrudescence du terrorisme dans le centre et le nord du Mali.
Depuis des mois, plusieurs attaques terroristes contre l’armée malienne, les forces de maintien de la paix de l’ONU et l’armée française ont été perpétrées par des terroristes se revendiquant de la nouvelle nébuleuse criminelle islamiste sahélienne, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), que dirige Iyad Ag Ghali. Cela sans compter les nombreux affrontements intercommunautaires et les exécutions sommaires de civils isolés, parfois l’œuvre des membres des groupes signataires de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.
Le dernier acte de violence meurtrière en date remonte à samedi dernier dans la localité de Talataye, dans le nord-est du Mali et près de la frontière nigérienne, où des terroristes présumés ont tué une vingtaine de civils au moins, selon des sources locales et officielles. Ainsi, à la veille de la présidentielle à laquelle le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta est candidat à sa propre succession, la situation a de quoi inquiéter Alger qui consacre avec Bamako une partie de leurs discussions à l’Accord de paix et à sa mise en œuvre.
“L’accord est et demeure un socle de la cohésion sociale et de la stabilité au Mali”, a, d’ailleurs, déclaré, hier, le ministre malien de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, Mohamed El-Moctar, dans des déclarations à la presse locale.
Signé en deux phases le 15 mai et le 20 juin 2015, sous l’égide de l’Onu, l’Accord de paix devait assurer le retour progressif de la paix dans le nord du Mali et permettre à l’État malien de revenir dans la région, en prenant en compte les revendications sociopolitiques des ex-rebelles qui ont renoncé (du moins pour le moment) à leur principale revendication : l’indépendance de l’Azawad. Mais sa mise en œuvre a buté sur les clivages personnels au sein des anciens leaders des groupes rebelles. Oubliant son caractère inclusif, les signataires de l’Accord de paix ont poussé leurs rivalités parfois à l’affrontement armé pour s’assurer le contrôle des territoires à Kidal, à Mopti ou encore à Gao et à Tombouctou, les principales villes du centre et du nord du Mali, où les alliances s’opèrent en vases communicants et selon les intérêts du moment.
Le manque de volonté politique de Bamako a aggravé les choses, poussant les partenaires régionaux et internationaux à mettre une forte pression sur IBK qui, il faut le souligner, a des comptes à rendre aussi à cette partie de la population malienne qui a voté pour lui et affiche son hostilité au processus d’Alger. Pour rappel, la crise malienne a éclaté en 2012 lorsque des rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad ont pris les armes dans le nord du pays, profitant du chaos régnant à Bamako au lendemain du putsch militaire contre l’ancien président Amadou Toumani Touré.
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