A l’Assemblée Nationale du Mali, le jeudi 21 novembre, le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Gal Dahirou Dembélé, était interpelé sur la situation sécuritaire dans le pays. Dans ses réponses aux différentes interrogations des députés, le ministre Dembélé n’a pas du tout nié la gravité de la situation sécuritaire au Mali. Cependant, il a précisé que l’armée malienne, malgré les contraintes de moyens (effectif, logistique et renseignement), est fortement résolue dans une posture offensive pour défendre la patrie. Par la même occasion, il a invité tout le peuple malien à prendre conscience de l’état de guerre du pays, de contrôler les actions à poser pour ne pas être des vecteurs de démoralisation des troupes. « Je suis en mal, quand je vois les gens faire la fête à tout moment à Bamako. Nous sommes en guerre, cela doit être compris à Bamako » a-t-il déclaré.
Après deux tentatives ratées, le ministre Dahirou Demblé en treillis tout vert, accompagné de certains de ses collègues du gouvernement s’est finalement prêté à l’exercice de questions/réponses du député Moussa Diarra de la CIV sur la situation sécuritaire dans le pays.
Nature de la coopération entre le Mali et la France, le bilan de la LOPM, la problématique d’efficacité de l’armée sur les théâtres d’opération, rôle et mission des forces étrangères au Mali (Barkhane, G5 Sahel et la Minusma). Tels ont été essentiellement les sujets sur lesquels les débats étaient centrés.
« Cinq ans après la signature du traité de coopération militaire entre le Mali et la France, cette crise multidimensionnelle depuis 2012 se perpétue et reste marquée par des crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, des tentatives de démembrement du pays, mais aussi de tentatives de guerres interethniques au centre du pays, sous le regard inerte des forces étrangères présentes au Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, de la protection des civiles et de la stabilisation du pays » a déclaré le député Moussa Diarra, auteur de cette interpellation.
En prenant la parole, le ministre de la Défense et des Anciens combattants, a précisé que le Mali et la France ont signé un accord de coopération militaire et non un accord de défense. Ensuite, il a établi avec clarté la différence entre un accord de défense et un accord de coopération. Dans cette dynamique, il a souligné que le Mali entretient des accords de coopération avec plusieurs pays, dont l’Algérie et la Russie. « Je suis étonné quand j’attends les compatriotes dire que les français sont là et que nous sommes attaqués sans qu’ils n’interviennent. Ils ne vont pas intervenir, la défense c’est pour le Mali d’abord. C’est aux Maliens de créer les conditions nécessaires pour la défense » a-t-il déclaré. Pour lui, les forces françaises interviennent juste pour combler le déficit dans l’appareil de défense du Mali. Cependant, il a précisé que le Mali en aucune des manières ne vendra sa souveraineté à un autre pays.
Pour répondre à ceux-là, qui réclament le départ des forces étrangères et particulièrement, celle de la France, il leur a invité intelligemment au sens de la retenue. Dans ce sens, il a rappelé le contexte de l’intervention de la force Serval en 2012 à Konna pour stopper les ennemis du Mali. « Ce jour, si ce n’était pas l’intervention de la force Serval, réellement c’était fini » a-t-il soutenu, tout en soulignant que les troupes étaient en débandades après cette attaque.
Toujours au chapitre de cette aide étrangère, il a touché du doigt, de passage le cas de la Russie. Pour lui, ceux-là, qui aspirent à un quelconque mode de coopération entre le Mali et la Russie, comme dans le temps de l’Union Soviétique doivent accepter de comprendre certaines choses et prendre en considération dans leur analyse l’évolution du monde. Loin de soutenir une tendance sur une autre ou de déprécier la coopération avec la Russie, car ayant effectué des visites dans ce pays pour jeter les éventuelles bases de coopération militaire, le Général Dahirou déclara : « la coopération avec la Russie n’est pas gratuite. Il faut que les gens comprennent cela ». A titre d’exemple, il est revenu sur les épisodes de paiement des avions payés chez les Russes dont le processus continue toujours sans aucun ménagement.
Concernant l’évaluation de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire (LOPM), il dira que les choses ont relativement changé. Aujourd’hui, dit-il, chaque section et compagnie à sa dotation en véhicules et armements sur le terrain. Selon lui, il est possible de dire que les éléments ont besoin d’autres choses pour renforcer les acquis mais ce n’est plus comme dans un passé récent.
Selon lui, certes le Mali est dans la difficulté aujourd’hui, mais l’armée est dans une posture offensive.
S’agissant du contrôle physique au niveau de l’armée en 2015, le ministre Dahirou a mentionné que ce processus a permis d’avoir une idée de l’effectif réel de l’armée. Ce contrôle a permis à l’armée, soutient-il, de pouvoir faire des planifications justes pour le recrutement. « Il faut aujourd’hui obligatoirement procéder à des recrutements » a-t-il déclaré.
Par ailleurs, il a bien apprécié les initiatives de soutien à l’armée, mais avec des réserves. « Il ne s’agit pas à tout moment de dire : je soutiens les FAMAs, mais c’est plutôt dans les actes. Je suis en mal, quand je vois les gens faire la fête à tout moment à Bamako, pendant que le pays est en guerre ».
En appui à son collègue du Gouvernement, le ministre de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile, a invité les populations à faire preuve de patriotisme, cela en évitant de faire le jeu de l’ennemi. « Nous sommes en train d’assister à une forme de désarmement morale des troupes par notre propre faute. Il faut une prise de conscience du citoyen » a déclaré le Général Salif Traoré.
Par Moïse Keïta
Le Sursaut