Il y a deux ans, une partie de la population malienne, refusant l’opium du peuple, était dans la rue pour réclamer plus de justice, de liberté et de mieux-être censés être entre les mains d’un cercle très restreint. Ce jour-là, 5 jeunes officiers ont pris la lourde responsabilité d’interrompre le processus démocratique. IBK est arrêté chez lui avant d’être conduit à Kati où il a été contraint à la démission. La suite de l’histoire est connue. Cependant deux ans après ce 2ee coup d’État sous l’ère démocratique en seulement 30 ans de pratique, le Mali des colonels et alliés est à la croisée des chemins.
Où en sommes-nous deux ans après la prise du pouvoir par les militaires qui ont promis aux milliers de Maliens descendus dans la rue pour exiger le changement, un nouveau Mali plein d’espoir ?
Ce nouveau Mali dont la mission était, selon les jeunes officiers de mener la lutte contre la corruption, s’engager au retour de la paix, restaurer l’autorité de l’Etat affaiblie, entre autres promesses.
« Le clientélisme politique, la gestion familiale des affaires de l’État ont fini par tuer toute opportunité de développement dans le peu qui reste encore de ce beau pays. La gabegie, le vol et l’arbitraire sont devenus des vertus», avaient dénoncé les jeunes officiers dans leur toute 1ère déclaration nuitamment lue sur ORTM.
Depuis, le 18 août 2020 est la date à laquelle on se donne le référentiel pour le départ du Mali Kura (le nouveau Mali), dans un pays coupé en deux, déchiqueté par une décennie d’insécurité.
Dans ce combat contre l’obscurantisme, le pays cherche à se tenir droit au plan militaire et territorial, et doit sa survie et à sa souveraineté, pendant très longtemps, qu’à des arrangements avec les rebelles et sous la dictée et la bénédiction de la communauté internationale.
Au plan social et politique, tout est encore divergence, division et opposition sur tout et sur rien ! Même ceux qui ont fragilisé le régime d’IBK et facilité l’intervention des militaires sur la sphère politique ne parlent plus le même langage.
A côté du M5-RFP, on a désormais M5-Mali Kura. L’impatience dans le partage de gâteau est passée par là.
Voici le Mali sur le dos duquel on commémore les deux ans de la transition qui a pour autant promis mille et une merveilles aux Maliens pour donner au pays sa souveraineté et sa dignité légendaire.
En attendant la concrétisation de cette promesse, voici le Mali éternel sur lequel les gens s’entre-déchirent pour se goinfrer et pour s’adjuger la meilleure place.
Par ailleurs, au moins l’arrivée au pouvoir de ces jeunes officiers a sonné le glas de la souveraineté avec la volonté et l’envie du pays de se passer des partenaires « d’esprit colonial et colonialisme ». Un pays qui veut imposer le respect de sa souveraineté et rompre « avec le béni-oui-oui » des chefs de l’ancienne colonie.
Dans cette voie, le Mali, à travers la transition, s’est assumé en osant dénoncer la politique politicienne de la France, à travers notamment sa force Barkhane dont les derniers soldats ont quitté le pays, le lundi 15 août 2022. Comme en 1961, l’histoire s’est répétée.
Ainsi, en acceptant de se défaire de sa coopération militaire avec la France, la transition est en train d’équiper les forces armées maliennes qui ont adopté une posture offensive contre le terrorisme. Si la montée en puissance des FAMa est palpable, force est de reconnaître qu’elle ne saurait, tout de même, éviter à 100% les attentats et les attaques terroristes comme une baguette magique. Toutefois, son rôle régalien de protéger la population et leurs biens ne doit souffrir d’aucune limite.
L’autre entrave aux objectifs de la transition, c’est la vie chère. Le cycle vertigineux de la hausse des prix, souvent artificielles, constatée ces dernières semaines, commence à faire monter le mercure dans le thermomètre social.
Signe une déception généralisée, l’émergence d’un front dit Populaire Contre la Vie Chère au Mali. Dans le silence jugé complice, en tout cas compromettant des Associations de défense connues de consommateurs, des voix populaires prennent le relais. Regroupé au sein d’une plateforme d’associations de consommateurs, le Front populaire contre la vie chère qui porte aujourd’hui la voix et les aspirations des Maliens a frappé un grand coup qui devrait faire réfléchir les autorités, tout comme le constat de l’augmentation du prix de plusieurs denrées de grande consommation (la viande, la farine, le maïs, l’huile…).
En tous cas, la levée des 6 mois de sanctions injustes et illégales de la CEDEAO et l’UEMOA n’a pas jusque-là permis d’atténuer la charge des ménages liée à l’inflation.
Mais voilà, au lieu de se pencher sur cette bombe sociale, le gouvernement tâtonne et hésite dans ses prises de décisions.
D’ici là, le peuple qui aspire au bonheur et au mieux-être, galère dans sa peau, dans sa chair à cause de cette vie chère !
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin