Bientôt cinq ans, que le régime vomi de feu Ibrahim Boubacar Keïta se faisait chasser par une foule en colère, ouvrant la voie à une transition militaire fermement tenue entre les mains du Général d’armée Assimi Goîta.
Depuis lors, le désenchantement fut total pour la majeure partie d’une classe politique malienne au pouvoir depuis au moins 30 ans et qui est indiscutablement responsable de la gouvernance calamiteuse nous ayant conduit aux enfers. Nombreux parmi ces politiciens sans boussole,qui voyaient clairement la chose politique comme une sinécure ou une aubaine sociale, et au regard de l’incontestable popularité d’Assimi Goîta, se sont subrepticement retirés de la scène publique pour se concentrer sur une activité plus honnête : les travaux champêtres !
Tout porte à croire sans ambages, que le phénomène politique reste encore largement incompris sous nos cieux. S’il est perçu par une bonne partie de l’opinion publique malienne comme une activité démoniaque et mensongère, il est également conçu par une majorité de ceux qui l’exercent, comme une précieuse opportunité pour parvenir à une meilleure réussite sociale. C’est ainsi que l’essence même de la fonction politique et institutionnelle qui est une pure responsabilité publique, est royalement ignorée au profit du désordre en tous genres, d’où le bradage des postes qui sont souvent attribués à des individus sans scrupules pour se solder finalement par des actes de délinquance financière et la conservation systématique d’intérêts claniques, au grand mépris d’un peuple constamment animalisé et tué à petit feu.
Voici essentiellement comment la machine de la gestion publique a fonctionné au Mali depuis des lustres et nombreux parmi ces mêmes fossoyeurs de la République, continuent de lutter par monts et par vaux, pour revenir aux commandes de l’appareil d’Etat après avoir été brutalement dépouillés de leurs privilèges délictueux, suite à la rupture de la conscience populaire malienne d’avec une longue ère de mensonges organisés et de gestion luciférienne du patrimoine public. Aujourd’hui, avec la prise du pouvoir par les militaires, la donne a radicalement changé pour cette race de politiciens suicidaires qui, jusque-là, n’avait rien d’autre appris à faire que de se nourrir de la politique et en faire une éternelle subsistance. Malgré leurs références académiques, ces flibustiers s’étaient inconsciemment abandonnés à toutes autres vocations professionnelles dans la seule optique de ne vivre que la politique.
Le bilan actuel de la transition militaire, bien qu’objectivement critiquable à certains égards, a indiscutablement conquis le cœur d’une grande partie de l’opinion publique nationale, notamment, pour ce qui concerne la gestion sécuritaire, la lutte contre la délinquance financière, l’affirmation de la souveraineté de l’État et le respect de l’autorité publique. Apres avoir ainsi perdu toute crédibilité aux yeux du peuple malien, d’innombrables membres de la classe politique actuelle, se sont vus littéralement contraints aux activités rurales, notamment, les travaux champêtres, car, n’ayant désormais aucun autre moyen de survie.
Source : Le Point
