Après 54 ans d’indépendance, au cours desquels notre pays a connu 3 coups d’état et 4 tentatives de coup d’état, le Mali serait-il devenu ingouvernable ? C’est la question que l’on est en droit de se poser après la nouvelle, ce vendredi, de l’échec d’une tentative de coup d’état contre le président Ibrahim Boubacar KEITA.
Le visage juvénile voire enfantin du Lieutenant Mohamed OUATARA, soupçonné d’être un des officiers commanditaires du putsch avorté, rend sceptique du premier coup. Comment qualifier un homme, qui sent encore le lait maternel, et après ce qui est arrivé à l’aventurier capitaine Amadou Aya SANOGO, comment le qualifier autrement que d’inconscient au moment où toute la communauté internationale est au chevet du Mali pour aider les Maliens à retrouver sa cohésion sociale et sa stabilité ?
Si la tentative de coup d’état était avérée, le lieutenant OUATARA ne pourrait être qu’un homme de main, un sous-fifre derrière qui se cachent des officiers de haut rang, les vrais commanditaires.
Dans ce cas de figure, au nom de quoi auraient-ils agi ? Sont-ce des nostalgiques d’Amadou Toumani TOURÉ ou des hommes qui se seraient sentis humiliés par les récents événements de Kidal et qui voudraient laver l’honneur de l’armée en prenant le pouvoir ?
Cette tentative de coup d’état vient nous rappeler que nous sommes loin d’avoir retrouvé la stabilité que nous appelons de tous nos vœux. Pour y arriver, les responsables politiques doivent être capables de mesurer le poids de leurs missions et les mener avec toute la rigueur morale requise sans arrière-pensées politiques et sans forfanterie.
Il faut désormais que les militaires comprennent que le coup d’état est banni. Pour décourager d’éventuels aventuriers, les coupables doivent être sévèrement punis.
Au Mali, comme dans la plupart des africains, les militaires ne sont malheureusement pas encore suffisamment mûrs pour accepter le commandement des civils. Ils seront d’autant plus confortés dans ce refus si les civils continuent à gérer l’armée de façon catastrophique comme ce fut le cas à Kidal.
La nomination à la défense malienne d’un officier à la retraite, fût-il un bon soldat, est la preuve que le Président de la République ne fait pas confiance aux hommes encore actifs qui l’entourent. Il a sans doute ses raisons. Cependant le Mali, notre pays, se construira aussi avec les nouvelles générations, celles qui sont formées aux nouvelles connaissances politiques, stratégiques et militaires du monde nouveau.