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Le Mali sans fard, le Malien effaré : Tout s’entend. Tout se voit. Tout se dit. Ou presque…

La façade était sur le point de s’écrouler mais le simple fait d’imaginer l’arrière, le fond, le vrai, retient des ardeurs, de bonnes ou de fausses bonnes volontés. De quoi avons-nous peur ?

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Qu’est ce qui se passe que nous ne sachions déjà ? La dure loi de la réalité. Celle dissimulée derrière l’apparence pour se voiler la face les uns les autres. Fermeté de façade entendons-nous. Citoyen de façade voyons-nous. Démocratie de façade, disons-nous. Qu’est ce qui est réel et vrai dans tout ça ? Tant on feignait de ne rien voir, tant on pensait avoir tout compris, tant on se plaisait dans la victimisation, et tant on fuyait la responsabilité. Gouvernés et gouvernants. Tous s’y complaisaient, ou presque. Patriotes ?

 

Déception, mauvaise gouvernance, chômage, crise identitaire -perte ou quête de repères-, et le quotidien du Citoyen dit lambda ne tourne qu’autour de scandales politico-financiers, si ce ne sont pas des dérives socio-culturelles qui ne le troublent, ou encore des crimes ou délits de mœurs qui ne le heurtent. Invivable comme quotidien !

Bas les masques !

Pourtant, ce pays n’a jamais été aussi vrai. Ainsi, son peuple, mis à nu, est pour une fois, n’en déplaise, si authentique. D’où ces crises en tout genre, surtout identitaire. Une crise identitaire par rapport à soi, ses valeurs, à l’autre, et à son pays. Se définir soi-même, comprendre l’autre, et donner une image à son pays. Le vrai Malien semble découvrir le vrai Mali. Réalité isolée, vérité pervertie, rares sont celles et ceux qui voulaient -le veulent-ils/elles toujours ?- questionner le chemin emprunté par cet État qu’on surévaluait à tort ou à raison.

Non, disaient et disent-ils « faut passer par là. » Histoire de ne pas se creuser « la cervelle » à concevoir, conceptualiser, et modeler ce qui correspondrait à notre contexte sans inquiéter notre  spécificité. « Comparaison n’est pas raison » et les réalités ne se valent pas. Sinon, toutes ces différences n’auraient pas lieu d’être, sans aucune pensée essentialiste. D’ailleurs, Salif Keita ne chante-t-il pas que « c’est la différence qui est jolie. » Alors, pouvons-nous en faire fi au nom d’un universalisme « hiérarchisé » ? Aujourd’hui, nous revoilà devant cette même réalité, pourtant,  manifeste et sur laquelle le Malien fermait les yeux volontiers. Le désengagement citoyen.

Après l’expérience ATT, ne fallait-il pas vivre le fantasme IBK ?

Enfin, IBK est devenu président. Donc, coupons court aux prophéties -pas encore autoréalisatrices-, à savoir le bonheur dans un Mali dirigé par IBK ou un Mali malheureux car privé d’IBK. Le maçon n’est-il pas au pied du mur ? Ici, le but (ou le « yabé » -l’autogoal- si vous y tenez) n’est pas tant de commenter son exercice du pouvoir, de brillants -tout comme de mauvais- analystes l’ont fait et continueront à le faire -y a de quoi après tout-, cependant, il s’agit d’attirer l’attention sur tout ce qui est en train de se passer dans le Mali d’aujourd’hui, qui fait appel au Mali d’hier car l’État, dit-on, est une continuité. Coïncidence ou pas. Cela va au-delà du président IBK et de sa personne, pour englober toute la société. Quid de cette société qui évolue mais dans la mauvaise direction ? Et la famille dans tout ça ? Certes, les droits, et les devoirs ? Politiser et hiérarchiser le problème pour quelle finalité ?

Il est judicieux de pouvoir et savoir s’asseoir à un moment donné et se remettre en question. Les critiques, si virulentes et souvent à juste titre, remplissent-elles leur fonction ? Toutefois, ce qui fait bruit aujourd’hui ne faisait que messe-basse hier. Et c’est le bon côté des choses.

Les jeunes se lâchent, les moins jeunes ne se retiennent plus. « Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait » devient si jeunesse pouvait, si vieillesse savait. Crise de confiance, les digues sautent, les repères s’en volent, l’horizon politique s’obscurcit. Tout devient prioritaire. Tout ou presque doit être refait. Ce qui est fait ne se voit pas, ne s’entend pas, ne se dit pas. Pourtant, des choses se font. Faire peu ne convient plus quand il y a tant à faire. Le peuple devient difficile voire impossible à berner. Les jeunes ne se contentent plus du peu, ils sont à l’affût et aux aguets. Ils se radicalisent, les hypothèses extrêmes les séduisent, la voie du milieu semble modérée, inadaptée et idéalisée. Or, ça ne se fera que par le milieu. Chaque chose en son temps, la théorie du milieu pour plus tard, ou moins.

« A quelque chose malheur est bon » dit-on. La morale, elle serait quoi ? Arbitraire et fantaisiste est de dire que tout ce qui nous arrive, à nos corps défendant, serait la faute d’un seul homme -fût-il si encensé, élevé au statut d’homme providentiel-, ou de son karma. Cette thèse est offensante et insensée. Toutefois, il serait plutôt réfléchi de mettre tout, au-delà du contexte, dans une logique. Avons-nous été à la hauteur avant de l’exiger chez l’autre ? Pourquoi le charisme semble-t-il encore avoir raison de notre rationalité ou simplement de notre intelligence ? Est-il normal qu’on continue à se limiter à ce qui est apparent et superficiel ?

Par ailleurs, en se limitant au contexte, tout s’explique sans pour autant se justifier. Ce Mali post ou in-guerre me rappelle les lectures sur le Mali post-1991. Que les attentes furent nombreuses, que la politique politicienne fut triomphante, que le Citoyen lambda fut révolté et révulsé. De l’après 1991, la situation actuelle n’y tient-elle pas une certaine origine ?

 

Aujourd’hui, comme devant un miroir, les Maliens se reflètent les uns dans les autres, et constatent malheureusement que les images que projettent les uns, sont si différentes de celles qui s’affichent chez les autres. Du coup, chacun crie à la honte mais tout le monde s’innocente de la honte ou de la possible honte qui est la sienne -grand paradoxe nulle part ailleurs qu’au Mali-.

Maquiller la réalité, étouffer la vérité, dévoyer la démocratie, vivre sans fard semble-t-il inconcevable tant on a été habitués à vivre avec les masques. Ainsi, se mirer sans fard nous fait découvrir un autre soi qu’on refuse de reconnaître à l’état naturel. Et dure devient la réalité, mais l’affronter et non la fuir l’est encore moins.

 Mahamadou Cissé

  Citoyen sans mérite

Source: Autre presse

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