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LE MALI MAL EN POINT : Du simple au double !

Le président de la République est pris au dépourvu par la tournure des événements. Ibrahim Boubacar Kéita devra redresser la barre ou admettre à avaler continuellement des couleuvres. L’opposition politique l’a déjà prévenu.

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Les coups de gueule se multiplient dans le landerneau politique malien. L’opposition politique accuse le président de la République de n’avoir pas de « projet de société », de la même façon que les détracteurs de l’écervelé milliardaire américain Donald Trump qui lui reprochent d’être un candidat dénué de toute conviction et de programme pour les Etats-Unis.

La dernière critique en date remonte à la rentrée politique du Parti pour la renaissance nationale (Parena) le week-end dernier au Palais de la culture. Le président du parti, Tiébilé Dramé, et ses camarades ont profité de cette tribune pour mettre plusieurs autres couches sur la gouvernance d’Ibrahim Boubacar Kéita.

Et dire que le Parena a été précédé dans cet exercice par l’Union pour la République et la démocratie (URD) et les Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare) de l’ex-PM Modibo Sidibé. En face, c’est le mutisme chez les courtisans du président qui, à défaut de pouvoir convaincre par des preuves tangibles, se sont mués en spectateurs. Combien de temps durera donc ce spectacle déséquilibré ?

L’on ne saurait le dire, mais ce qui est certain, c’est que les opposants semblent décidés à pousser le chef de l’Etat à une « conférence nationale », une idée qu’IBK ne partage pas visiblement, du moins pour l’instant. Qu’à cela ne tienne ! Le locataire de Koulouba est pris au dépourvu et les choses se passent comme il les avait prévues. IBK doit soit redresser la barre ou continuer à avaler des couleuvres.

Le président de la République avait fait de la lutte contre la corruption un de ses slogans de campagne. Une fois élu à la magistrature suprême, IBK s’est engagé à lancer une croisade contre les « sangsues » du peuple. C’est ainsi que dans son vœu de nouvel an à ses compatriotes, il avait décrété 2014 « Année de la lutte contre la corruption »« Nul ne s’enrichira plus illégalement et impunément sous notre mandat », avait promis le chef de l’Etat.

Absence criante de vision

Contre toute attente, c’est au cours de cette même année que les scandales financiers se sont multipliés. De l’achat de l’avion présidentiel à la surfacturation des équipements militaires, la République a été arrosée, poussant même les bailleurs de fonds à geler leur aide au Mali en attendant d’y voir clair.

Selon le dernier rapport du Vérificateur général remis au président de la République il y a quelques mois, plus de 150 milliards de F CFA ont été détournés entre 2013 et 2014. Le même cycle de pillage des deniers publics continue devant les premiers responsables de la nation dont le serment devrait pourtant les inciter à prendre les mesures appropriées.

En fermant les yeux sur des malversations financières, le président du Conseil supérieur de la magistrature laisse le champ libre aux fossoyeurs de la nation. Et les dénonciations de détournements d’argent public surtout de partis comme le Parena ne sont jamais prises au sérieux alors que sous d’autres cieux de telles révélations donneraient lieu à des investigations pointues et éventuellement des sanctions contre les délinquants à col blanc.

L’impunité favorise la corruption. La justice demeure l’une des maillons faibles du régime. Les rapports se multiplient sans aucune suite judiciaire. Les délinquants financiers circulent impunément. Les plus chanceux parmi ces derniers sont promus à des postes plus juteux et loin des regards indiscrets. Dans les malversations liées à l’achat de l’avion présidentiel, les partenaires financiers du Mali avaient exigé et obtenu du président de la République le limogeage de certaines personnalités, en attendant des sanctions.

Cependant, aucune punition n’a eu lieu et les présumés responsables de détournements ont même fait des émules parmi leurs camarades politiques. A ce train, l’on se demande ce que le président compte faire de la justice dans le Mali post-crise. Il est indéniable que le Mali a besoin d’une justice saine pour soigner les plaies de sa crise multidimensionnelle. Mais, à ce jour, peu de citoyens sont capables de déchiffrer les actions de la justice tant les changements sont courants dans ce secteur.

Depuis l’élection d’IBK, il y a eu trois différents ministres de la Justice et chacun est venu aux affaires avec ses propres hommes et ses méthodes. Ce qui fait que ce département sensible est instable. Une instabilité qui n’est pas étrangère au manque de résultat dans ce ministère.

Avec une impunité ambiante, le terrain est tout prêt pour les bandits armés. Ceux-ci profitent des failles des systèmes judiciaire et sécuritaire pour semer des troubles. De plus en plus, l’on se rend compte qu’il faut un plan Marshall pour juguler l’insécurité. Les regards sont désormais tournés vers IBK que les citoyens sont impatients de voir annoncer des mesures concrètes contre le fléau.

L’Etat d’urgence peut aider, mais il faudrait penser au long terme en prenant des dispositions à la hauteur des attentes. Le peuple attend ses dirigeants à ce niveau et l’opposition semble prête à continuer à jouer son rôle de « sentinelle ».

Ogopémo Ouologuem

 

Source: lesechos

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