L’année 2017 fait certainement partie des années sombres que notre pays ait connues. Avant de plonger dans 2018, dont chacun espère qu’elle sera plus paisible et moins sombre, il est bon de revivre une année à l’actualité riche, dure et tragique. Flash back !
Tout a commencé juste après la tenue du 27e sommet Afrique-France pour « le partenariat, la paix et l’émergence » à Bamako le 14 janvier 2017, en présence d’une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que des représentants de plusieurs organisations internationales.
Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale de l’attaque, le 18 janvier 2017, d’un camp de regroupement des Forces armées maliennes (FAMA), de la Plate Forme et de la CMA à Gao par un véhicule piégé qui avait à son bord plusieurs kamikazes. Le bilan provisoire est de 47 morts dont 5 kamikazes et plusieurs dizaines de blessés. Trois jours de deuil national ont été décrétés par le président IBK qui a instruit de reformater la célébration de la fête de l’Armée du 20 janvier en la ramenant aux seules prises d’armes.
Le Jeudi 2 février, un gendarme et un civil ont été tués dans l’attaque d’un poste de sécurité à Tenenkou, région de Mopti.
Au moment où les chefs d’Etat du G5 Sahel se réunissaient à Bamako avec comme objectif d’endiguer le terrorisme qui prend une proportion inquiétante dans la région, les militaires maliens font l’objet d’attaques complexes au Centre et au Nord du pays. En ce début de mois de février 2017, neuf militaires maliens sont morts, en une seule semaine, dans le Nord et le Centre du Mali. Dans la nuit du samedi 4 février au dimanche 5 février, des assaillants ont attaqué le poste de sécurité de l’armée malienne à Madina Coura, à quelques 5 km de Mopti. Bilan : quatre gendarmes ont été tués.
Un jour avant, le vendredi 4 février, vers 5 heures du matin, un poste de sécurité de l’armée malienne a été attaqué, par des bandits armés, à Ménaka. Le bilan provisoire de l’attaque, selon des sources sécuritaires, est de quatre militaires et huit blessés, tous de la garde nationale.
Le 22 février 2017, vers 16 heures, une patrouille de l’armée nigérienne est attaquée à Tilwa, près de la localité de In Tirzawane, dans le département de Ouallam, à une dizaine de kilomètres de la frontière malienne. Selon des sources militaires nigérienne, malienne et française, les militaires sont assaillis par plusieurs dizaines de combattants à bord de motos et de pick-up.
Le groupe d’Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, rallié à l’Etat islamique, présent dans la zone, est rapidement suspecté. Ce dernier revendique effectivement l’attaque le 24 février, via l’agence mauritanienne Sahara média. Le groupe affirme également que l’opération a été directement organisée et commanditée par Al-Sahraoui.
La ville de Gourma Rarhous (à 120 km à l’est de Tombouctou) a été endeuillée en raison d’une attaque terroriste revendiquée par Nusrat Al Islam Wal Islam, l’Alliance de groupes terroristes dirigée par Iyad Ag Ghali. Le bilan provisoire de cette attaque contre la base des forces spéciales maliennes et le domicile du préfet est estimé à 6 morts, 4 soldats et 2 civils et 3 blessés graves du côté des forces armées maliennes, ainsi que plusieurs véhicules calcinés.
Le 27 octobre, les jihadistes tuent 2 soldats maliens et brulent des véhicules de Satom
Le ministère des Forces armées et des anciens combattants a confirmé que deux soldats maliens ont été tués et lors d’une attaque terroriste. Le village de Soumpi, situé à une vingtaine de km de Niafunké, a subi le passage des terroristes.
Le lundi 14 août 2017 aux environs de 13 heures, le camp Minusma de Tombouctou a fait l’objet d’une attaque terroriste. Les assaillants sont arrivés à bord d’un véhicule, se sont arrêtés pour ainsi ouvrir le feu.
Dans son message de nouvel an 2017, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a annoncé son intention de faire déposer sur le bureau de l’Assemblée nationale, dès l’ouverture de la prochaine session parlementaire, un projet de loi portant révision de la Constitution. Le chef de l’Etat en veut pour arguments solides :
« Les leçons tirées de la crise sécuritaire et institutionnelle qui a frappé en 2012 notre pays et déstabilisé nos institutions, les lacunes et insuffisances relevées dans notre Loi fondamentale tant par la Cour Constitutionnelle que par les acteurs politiques et la société civile, la prise en compte des réformes prévues dans l’Accord pour la paix et la Réconciliation constituent trois exigences qui rendent incontournable la révision de notre Constitution…».
Cette intention présidentielle a suscité la controverse au sein de l’opinion nationale. Face à la mobilisation de l’opposition et de la société civile malienne, le projet de référendum constitutionnel, prévu le 9 juillet a été retiré.
Le feuilleton judiciaire qui concerne la personne de Ras Bath continue. Lundi 27 novembre 2017, il sera présent à la Cour d’Appel de Bamako. Cela fait suite à la décision de ses avocats qui ont dit non au délibéré du tribunal de Grande Instance de la Commune IV. Ce tribunal dans le dossier ‘’ incitation à la désobéissance des troupes’’ avait condamné Ras Bath à une année d’emprisonnement ferme plus 100.000 francs d’amende. La sentence est tombée alors que l’intéressé se trouvait en France dans le cadre de la campagne contre le projet de révision constitutionnelle au nom du CDR et la plateforme « An tè a banna » dont il était le porte-parole.
Le 27 novembre, le ministre de la Justice a démissionné après la relaxe de Ras Bath accusé de trouble à l’ordre public et « démoralisation des troupes en temps de guerre ». Le désormais ex-Garde des Sceaux estime qu’il ne peut plus remplir correctement sa mission.
Après la démission du ministre de la Justice Maître Mamadou Ismaïla Konaté, c’est le général Moussa Sinko Coulibaly qui a rendu le tablier au sein des forces armées et de sécurité le 30 novembre 2017 pour se lancer dans la conquête du pouvoir en 2018 après un constat d’échec du régime actuel.
En décembre à Konsiga (région de Kayes) une partie de la population bloque les entrées de la mairie. Ils réclament le départ du maire, qu’ils jugent ne pas être légitimement élu. Des affrontements violents ont eu lieu entre les manifestants et les forces de sécurité. Huit blessés du côté des manifestants, cinq du côté des forces de sécurité.
En dépit de l’existence d’institutions chargées de sa répression, la corruption a la peau dure chez nous. Dans un rapport publié par, Transparency international sur l’indice de perception de la corruption (Ipc) 2016. L’ONG classe le Mali au 149è rang sur 176 Etats. En 2015, notre pays occupait la 135è place. A entendre les experts commenter ces rapports, il y a lieu de s’inquiéter.
Dans les détails, la police, la douane et les agents des impôts sont les plus corrompus au Mali. Le tableau dressé à cet effet montre que 56 % des interrogés affirment que la police est corrompue, 54 % se plaint des agents des impôts, 48 % pour la douane, 52 % indexent les hommes d’affaires, 51 % les magistrats, etc. Aucun service n’est épargné. Même pas la présidence de la République. Dans tous les cas, 44 % des sondés affirment que certains agents de ce service public sont impliqués dans la corruption. 13% soutiennent que tous sont corrompus.
Dans son rapport 2017, le Bureau de Vérificateur général a relevé plus de 70 milliards de FCFA détournés. Selon le rapport, en 2015, le Vérificateur général a reçu 26 saisines émanant de citoyens, d’associations, de syndicats, du gouvernement et de Maliens de l’extérieur sur la gestion domaniale et foncière, la gouvernance des Collectivités Territoriales, la gestion des fonds publics par les organismes et établissements publics, la passation, l’exécution et le règlement des marchés publics ainsi que le recrutement dans les services et organismes publics. Sur les 16 vérifications financières et de conformité effectuées en 2015 auprès des 23 structures, le montant total des irrégularités financières s’élève à 70,10 milliards de FCFA dont 32,67 milliards de FCFA au titre de la fraude et 37,43 milliards de FCFA au titre de la mauvaise gestion.
Bref, le Bureau du Vérificateur général a épinglé des directions des finances et du matériel de divers départements ministériels, des services centraux, des projets et sociétés privées. Les manquements relevés portent sur des dizaines de milliards de F CFA. Fort de ce constat amer, le Vérificateur général lance un cri d’alarme et demande aux autorités d’assainir davantage la gestion peu orthodoxe des deniers publics. Cela passe par des mesures qui pousseront les gestionnaires à emprunter le sentier de la transparence et d’une meilleure gestion des ressources publiques.
Il faut retenir que l’année 2017 laisse derrière elle son lot d’épreuves et d’actes politiques qui ont marqué la vie de la nation aux plans politique, social, sécuritaire, économique et diplomatique. La fin d’année a été fondamentalement mouvementée pour le régime, notamment pour l’Assemblée nationale, le gouvernement et le président de la République.
Vivement une année 2018 plus apaisée pour le peuple malien.
Idrissa Sako
les echos