L’attaque sanglante, hier mardi, contre deux autres villages dans la même sphère géographique que Sabanou Dogon meurtrie, 48 heures plus tôt, est la signification sans ambages que le déchaînement des horreurs n’est pas prêt de s’arrêter. Alors, il faut ouvrir les yeux pour voir plus loin et agir mieux.
Le Mali est-il en train de toucher définitivement le fond? L’avalanche de crimes le prenant pour cible est, en tout cas, telle qu’il est illusoire de nourrir dans l’immédiat l’espoir du salut. De toute évidence, l’État est incapable d’enrayer les assauts multiples de l’ennemi et semble ne jouer que la politique de l’autruche. L’Armée nationale, face à la recrudescence des attaques, est débordée, incapable d’anticipation sur les activités hostiles d’un type pour lequel elle n’est visiblement pas préparée. Pire, ses moyens logistiques et en Hommes qualifiés sont sujets à caution face à l’ampleur de la puissance de feu de ceux d’en face et de leur détermination à n’observer aucun répit.
Le plus grave dans la situation, c’est le comportement inadmissible de nos plus hautes autorités à user du faux pour tromper l’opinion nationale et internationale. En témoigne le mensonge d’État éhonté que le Régime émit comme bon à la bourse, en essayant de minorer le nombre de morts du carnage perpétré à Sabanou (Sangha), mensonge pire encore pire que le carnage en lui-même.
En effet, quand le monde entier, y compris les instigateurs occidentaux de cette innommable barbarie (que l’on feint de ne pas connaître pour ne jamais les nommer), parlait de 102 morts, nos autorités ont évoqué, avec une ignominieuse perfidie, 35 victimes, sans la moindre honte et sans le minimum de respect pour le Peuple malien et pour la mémoire des tués.
Que diantre! À quoi doit-on désormais s’attendre de tels Dirigeants pour savoir la vérité ? À qui encore notre Peuple peut-il se fier pour faire valoir sa souveraineté et la défendre?
Dans l’indispensable recherche de solutions pour ne pas sombrer, les Maliens se passent le mot du Pr. Joseph Ki Zerbo dont le pays, le Burkina Faso, est quasiment logé à la même enseigne que le nôtre : «Nan lara, anwsara» (Si nous nous couchons, nous sommes morts). Autrement dit, au lieu de désespérer, levons-nous, quittons la réserve pour le front, là se trouve notre salut.
Il est évident que l’heure n’est plus aux condamnations stériles, à des prises de mesures vigoureuses pour recadrer les choses au niveau de l’Armée. Le passé récent, suite aux massacres d’Ogossagou, a définitivement prouvé que ce genre de réactions est dans la panoplie des mesures cosmétiques tendant à tromper une certaine opinion publique. Relever un Chef d’Etat-major Général ici, un Chef de Sécurité là, ne rime à rien si le pouvoir n’est pas lui-même à hauteur de sa mission réelle.
Après Ogossagou, IBK a, en Conseil des Ministres, fait changer le Chef d’Etat-major Général des Armées pour le faire remplacer par son Adjoint immédiat. Cette « mesurette » a peut-être pu flatter son égo, mais elle n’a produit aucun effet efficace. Dans la même veine, parce qu’Ogossagou est un village peulh, l’on a dissous le groupe d’autodéfense d’An Ambassagou. La réplique, si tant est que le drame, réellement d’origine inter communautaire, devrait être de mise en dissolvant cette fois-ci un autre groupe d’autodéfense peulh; car, Sabanou est une localité dogon.
Malheureusement, l’État ne veut pas avouer son incapacité face à la réalité qui le dépasse de mille pieds. Conséquence: avec ce pouvoir, les solutions resteront longtemps loin de nous !
En attendant, comme d’un Chef d’État protocolaire, on dit qu’il inaugure les chrysanthèmes, IBK est dévolu au rôle de tenir le compte macabre de ses populations massacrées et à venir pleurnicher sur leurs cadavres brûlants. Sainte Nitouche à son pendant tropical.
Ahmad Ould Bilé
LE COMBAT