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Le Mali absent du mondial «QATAR 2022» : La rançon de l’amateurisme, du populisme et du complexe

Battu 1-0 le 25 mars dernier au Stade du 26 Mars, le Mali a contraint la Tunisie au nul vierge (0-0) le mardi 29 mars 2022 à Radès. Malheureusement, ce score n’est pas suffisant pour permettre aux Aigles d’obtenir le ticket de la Coupe du monde «Qatar 2022». Ce sont donc les Aigles de Carthage qui vont représenter l’Afrique au prochain mondial avec le Sénégal, le Ghana, le Maroc et le Cameroun. Avions-nous réellement cru à cette qualification ? Avons-nous fait les bons choix depuis l’élimination des Aigles à la CAN «Cameroun 2021» ? A qui la faute si nous sommes passés à côté d’une première qualification pour la phase du mondial ?

 

Certes Mohamed Magassouba (irrégulièrement limogé vendredi 1er avril 2022 avec tout son staff) n’est pas exempt de reproches. Et il l’assume d’ailleurs. Mais, honnêtement, peut-on l’indexer après avoir tout fait pour l’humilier en empiétant sur ses responsabilités de sélectionneur national ? Combien de ceux qui l’incriminent aujourd’hui sur les réseaux sociaux ont protesté quand la Fédération malienne de football (FEMAFOOT), refusant de s’assumer,  lui a imposé un «collège» d’anciens internationaux ? Le résultat, nous avons vu deux bancs gérer le match à Bamako. Chacun criant à sa façon. Du jamais vu dans la gestion d’une rencontre de football. A la CAN «Cameroun 2021», nous avons vu des anciens du Nigeria, du Sénégal… accompagner leurs sélections nationales, mais dans la plus grande discrétion. Ces  anciennes gloires avaient une mission claire et précise ne leur permettant pas d’interférer dans le travail de l’entraîneur principal. Elles ont été plutôt présentes dans les encouragements, la motivation, l’étude des adversaires. Elles étaient plus présentes notamment dans les vestiaires.

Malheureusement, avec ce collège, la Femafoot a plutôt affaibli le sélectionneur au lieu de le renforcer. Ce choix (que nous avons décrit alors comme une fuite en avant) s’est révélé être un problème qu’une solution. Et cela parce que la Femafoot n’a pas réussi à lui donner un contenu. Une solution improvisée  pour se sauver la face produit rarement l’effet escompté. Comme l’a si pertinemment déploré notre confrère et chroniqueur sportif chevronné, «le drame du football malien, c’est de vouloir copier et finir par mal copier avec ce collège d’anciens joueurs à qui aucun acte administratif n’a été notifié pour clarifier son rôle et les limites avec celui de l’encadrement technique».

Une sélection, deux bancs de coaching

Pour ces deux matches, Magassouba était-il réellement le coach des Aigles du Mali ? A notre avis non ! Il faut en effet des arguments solides pour nous convaincre qu’il a eu les coudées franches dans le choix des nouveaux joueurs convoqués, la stratégie de jeu, la composition pour débuter les matches, surtout celui de Bamako… Comble de l’humiliation, lors de la visite du président Assimi Goïta à Kabala (une très mauvaise idée car, à la veille d’une rencontre capitale, cela n’a fait qu’accentuer la pression sur les épaules des joueurs), le ministre et le président de la Femafoot l’ont superbement ignoré en donnant la parole à Frédéric Oumar Kanouté pour parler de l’équipe.

Ce n’est donc pas juste de lui jeter la pierre alors qu’on a tout fait pour l’affaiblir dans sa mission. Le Mali avait la meilleure sélection de la phase des poules. D’ailleurs, dans la foulée, Mohamed Magassouba a été désigné «meilleur sélectionneur africain 2021». Une reconnaissance qui n’est pas usurpée. Et parce qu’on a trébuché à la CAN, il est devenu un paria. On l’a entouré de jeunes internationaux retraités dans l’encadrement, on a négocié dans son dos avec des joueurs capables de réaliser le miracle… Celui grâce à qui nous nous sommes retrouvés à deux matches d’une qualification historique pour une phase finale de mondial a été subitement relégué au second rang sous la pression des alchimistes du miracle, de journalistes-partisans et autres activistes à deux sous.

Depuis notre élimination à la CAN, c’est la rue qui a motivé presque toutes les décisions prises par rapport à la gestion de ces deux matches de barrage au niveau du Département des Sports et de la fédération. L’incapacité de la Femafoot à s’assumer a été exploitée comme une parfaite aubaine par ses réseaux de «journalistes et de supporters» pour battre campagne pour des joueurs proches de la retraite ou ceux qui avaient refusé de jouer pour le Mali, mais qui sont subitement revenus à de meilleurs sentiments faute d’avoir trouvé mieux ailleurs.

Manque de leadership du Ministre et du président de la Femafoot

Si vous cherchez des coupables à l’élimination du Mali, regardez plutôt du côté du ministre de la Jeunesse et des Sports et de son acolyte, c’est-à-dire le président de la Fédération malienne de football. Au lieu d’être préoccupé par une gestion efficiente des deux matches, chacun d’eux était plutôt préoccupé à s’offrir le beau rôle comme si la qualification était déjà acquise en dehors de la réalité de la pelouse… Ils sont les deux à avoir dépouillé le sélectionneur national de sa responsabilité technique. Loin d’être de vrais leaders, ils ont cultivé à souhait le populisme et le complexe.

Ils ont poussé le populisme et le complexe (vis-à-vis des anciennes gloires) en constituant un collège d’anciennes gloires aux missions floues et en faisant venir de nouveaux joueurs afin de voler la vedette à Magassouba et à ses jeunes footballeurs qui avaient pourtant mouillé le maillot pour hisser notre pays à ce stade. Il était pourtant évident que trois à quatre jours de regroupement ne suffisaient pas pour intégrer de nouveaux joueurs dans un effectif en rodage et dont les différents éléments avaient déjà leurs repères tactiques.

L’une des conséquences du populisme, c’est qu’il aveugle au point de ne plus pouvoir réfléchir comme il se doit avant de prendre une décision. Il nous éloigne de la réalité nous obligeant à nous focaliser sur des illusions comme gagner un match dans la tête. Il est vrai qu’il faut planifier la performance, mais en se disant que la seule réalité valable est celle de la pelouse.

Et sur le rectangle vert, le Mali n’avait pas un problème d’effectif, mais de mental ! Depuis la dernière CAN, ce qui a le plus manqué à notre sélection nationale, c’est ce fighting spirit comme les Lions Indomptables du Cameroun  l’ont démontré le 29 mars dernier face aux Fennecs d’Algérie à Blida. Tout comme d’ailleurs les champions d’Afrique, les Lions de la Teranga, face aux Pharaons au stade «Abdoulaye Wade» de Diamniadio. «J’ai fait pas mal de changements pour corriger ce qui n’allait pas. On a trouvé les opportunités pour mettre cette équipe en difficulté. Mais, c’est plus au mental. Les joueurs ont tout donné en sachant qu’ils n’ont rien à perdre», a d’ailleurs reconnu Rigobert Song après la qualification des «Lions Indomptables».

Le talent seul ne suffit pas pour tirer son épingle du jeu dans ce genre de compétition. Il faut, en plus, cet esprit de combativité, cette farouche détermination qui vous fait vous relever dans l’adversité et aller de l’avant quoi qu’il arrive. Mais, à part le début de match à Radès, nous n’avons pas senti sur le terrain cette envie de se surpasser pour obtenir le ticket de cette qualification. C’est difficile de gagner ce genre de batailles avec les enfants de chœur.

On a semé le vent et on ne pouvait espérer autre chose que la tempête. Remercier le coach et son staff est toujours de la fuite en avant parce qu’ils ne sont que des fusibles, des boucs émissaires facilement sacrifiés pour se donner bonne conscience. Il ne s’agit plus de sacrifier le coach comme le parfait bouc émissaire, mais de réellement tirer les enseignements de cet échec dont les responsabilités vont au-delà de la seule personne du sélectionneur national volontairement mis sous la tutelle d’un «collège».

Pour une fois, comprenons que la politique de l’autruche ne permet de prendre les décisions qu’il faut. Il y a eu des erreurs et chacun des acteurs a une part de responsabilité. Aujourd’hui, le plus grand service que l’on puisse rendre au Mali et à son football serait de tirer tous les enseignements de ces deux échecs afin de pouvoir se tourner résolument vers l’avenir !

Alphaly

Source : Le Matin

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