Les maux dont souffre l’économie malienne rempliraient des pages de manuels et glossaires, tant ils sont nombreux et tant ils se sont accumulés au fil des ans et des décennies, sans que les pouvoirs publics n’apportent de solutions.
Les gouvernements qui se suivent prouvent, l’un après l’autre, leur incapacité à créer les leviers d’une économie viable. Des milliards sont dépensés annuellement, sans que le développement, tant attendu et promis pointe son nez. La chute des prix du coton et de l’or n’a fait que dévoiler cette impuissance, qui est la marque de fabrique des gouvernements successifs, à sortir de l’économie de bazar.
Même quand des décisions sont prises pour faire face à un fléau ou une anomalie quelconque dans le fonctionnement de la machine économique, et Dieu sait qu’elles sont légions, leur mise en application fait défaut ou bien devient un facteur aggravant de la situation. On annonce en grande pompe des mesures censées changer la donne économique dans le pays, mais on se rend vite compte que la réalité échappe à l’administration.
Chaque jour le doute s’estompe, l’économie nationale est bien dirigée en dehors des circuits officiels, otage de groupes de personnes, de lobbys, ou d’entités parfois non identifiées qui décident de donner au bazar son orientation du jour. Surfacturations par-ci, inflation par là, informel ici et dévaluation là…
Les maux dont souffre l’économie nationale rempliraient des pages de manuels et glossaires, tant ils sont nombreux et tant ils se sont entassés au fil des ans et des décennies ; sans que les pouvoirs publics n’appliquent les solutions adéquates ni n’apportent les réponses nécessaires.
Une économie marquée par l’insécurité et le manque de visibilité politique
Des années durant, on s’est contenté de compter les billets de dollars engrangés par le versement de la rente issue de la vente de l’or par les multinationales et la vente du coton, et un beau jour, telle une épicerie qui ne vendait qu’un seul produit, on s’est retrouvé dans l’incapacité de vendre autant et au même prix que d’habitude.
L’épicier se croyait riche mais s’est vite rendu compte qu’il vivait d’une rente éphémère. Ne sachant plus où donner de la tête, on décide d’imprimer des billets, sans les soutenir par une valeur marchande.
On décide aussi d’arrêter les importations, enfin de quelques produits, sans toucher à la foultitude de marchandises frauduleuses et douteuses venant d’un peu partout, et sans prendre non plus de sérieuses décisions pour encourager la production nationale noyée par des barrières administratives à décourager les plus téméraires.
Des aveux d’échec nous sont d’ailleurs servis tous les jours par les représentants du gouvernement, quand des politiques se vantent que l’on vit mieux au Mali que dans d’autre pays d’Afrique. Un malheur fait bien autant rire que pleurer, comme dit l’adage populaire.
Impuissance face à l’informel, impuissance face aux surfacturations, impuissance face aux lobbys de l’importation, impuissance face à la gestion du foncier, impuissance face à la dégringolade de la valeur du francs CFA, impuissance face au chômage, impuissance à répondre aux revendications sociales, impuissance même, comme l’avouait l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, à «compter». Mara se plaignait de l’absence de statistiques fiables alors qu’il présentait son plan de développement.
Modibo Keita, son successeur, avouait à son tour l’incapacité de revoir le système des subventions pour cause d’absence de chiffres exacts sur le nombre de nécessiteux au Mali.
Plus récemment, le Ministre du Commerce et de la Concurrence affirmait lors d’une sortie qu’il était difficile d’évaluer le phénomène de la surfacturation dans le domaine de l’import pour cause d’absence de statistiques. Comment faire de l’économie quand on ne sait pas compter ?
Une problématique qui ferait que les experts se tordre de rire, mais beaucoup moins les ménages et salariés maliens qui n’ont que leurs yeux pour pleurer misère. Entre-temps, le gouvernement continuera à exhiber sa seule puissance face aux manifestants. Mais est-ce réellement une preuve de puissance que de montrer ses muscles ?
Mariam Konaré
Le Nouveau Réveil