Le second mandat d’IBK ne serait pas de tout repos. Même s’il affiche une certaine sérénité, il ne dort plus que d’un œil parce que la température sociale ne fait monter jusqu’à attendre un degré inquiétant. La grogne sociale est à son comble partout au Mali, de Kayes à Kidal, en passant par Koulikoro, Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao. Acculé de toute part, le gouvernement a signé des accords avec les manifestants et s’est engagé à les honorer. Pourrait-il réellement respecter ses engagements quand on sait que le nerf de la guerre, qui est l’argent, est devenu une denrée rare ? Que faudrait-il faire pour satisfaire au mieux les revendications, qui sont tout aussi légitimes ?
Quand un pays traverse une crise multidimensionnelle, comme c’est le cas du Mali, ses plus hautes autorités doivent être les premières à donner le bon exemple en réduisant drastiquement leurs charges. Ce qui est loin d’être le cas au Mali, d’où la colère des populations qui disent ne pas comprendre que c’est au moment où les autorités répètent à satiété que le pays est en crise et que les ressources sont rares, que des dépenses somptuaires sont effectuées.
Prenant la mesure de la gravité de la crise sociale, le gouvernement est en train de parer au plus pressé pour calmer la situation, éteindre le feu, mais pour combien de temps ? Surtout quand on sait que les populations sont de plus en plus impatientes et n’ont plus confiance en leurs dirigeants. Que doit-il faire pour renflouer ses caisses et faire face à la demande sociale de plus en plus pressante ? Voici deux propositions.
Première proposition, réduire les charges de l’Etat
On dit que le Mali n’est pas pauvre, mais qu’il est pauvrement géré. Ou que les ressources sont mal reparties. La première décision qui s’impose aujourd’hui est la réduction conséquente des budgets des institutions de la République, à commencer par la Présidence de la République, l’Assemblée Nationale, le Gouvernement, la Cour Constitutionnelle, le Haut Conseil des Collectivités, la Haute Cour de justice, la Cour suprême et le Conseil Economique, social et culturel, ce qui fera un gap de plusieurs milliards qui seront utilisés dans les infrastructures socioéconomiques.
Deuxième proposition, lutter contre la corruption et l’enrichissement illicite
Le Mali passe aujourd’hui pour être l’un des pays les plus corrompus, en dépit de la pléthore de structures œuvrant dans le cadre de la lutte contre la corruption. Et pourtant, la corruption n’est pas une fatalité, il suffit d’une petite volonté politique pour endiguer ce fléau. Il manque au Mali la volonté politique et le leadership affirmé, sinon les corrupteurs et les corrompus sont logés à la même enseigne. Pour qui appartiennent ces grands immeubles à l’ACI ? Pas à des commerçants, ni à des opérateurs économiques, mais à des fonctionnaires de l’Etat, qui échappent au fisc. Ces derniers les exploitent au vu et au su de la justice. Quelle autorité ne sait pas qu’aux péages, il y a des tickets parallèles qui enrichissent une poignée d’individus et dégradent considérablement les routes. C’est seulement en luttant contre la corruption qu’on pourra générer des fonds et satisfaire aux différentes demandes sociales.
En définitive, pour sortir de l’ornière, le gouvernement doit prendre des mesures drastiques, allant de la réduction des charges de l’Etat à l’assainissement des secteurs clés de l’économie, pour une plus grande attractivité afin que les investisseurs puissent venir.
Youssouf Sissoko
Source: Infosept