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Le dernier soldat français a quitté le sol malien : Le Mali n’est-il pas en train d’aller vite en besogne ?

Accueilli triomphalement en 2012 après la libération de Konan, Tombouctou, Gao et d’autres villes secondaires, du joug des terroristes,  le Président  français d’alors François Holland a eu droit à tous les honneurs du peuple malien et des autorités. Neuf ans seulement après la liesse populaire pour accueillir son prédécesseur, C’est tout le contraire aujourd’hui de son successeur Emmanuel Macron  qui est voué aux gémonies par les autorités de la transition et par une frange importante des maliens. Pour les autorités de la transition,  l’espoir que la force serval avait suscité en 2012- 2013 est allé à vau-l’eau, car le mal s’est aggravé et la thérapie française n’a fait que l’accroitre. Alors que pour la France sans son intervention les djihadistes allaient entrer triomphalement dans la capitale malienne.  Les détracteurs ont-ils tort de haïr  la France qui a volé au secours du Mali pour arrêter les terroristes à la porte de Bamako ? L’humiliation qu’a subie la France au Mali n’est-elle pas le début de la fin de l’hégémonie française sur ses ex-colonies?

 

La France est  chassée comme un mal propre du territoire malien et son dernier convoi militaire a quitté le sol malien le 15 Août 2022. Ce désamour qui est en passe de devenir une haine contre la France s’expliquerait, selon bon nombre d’observateurs de la scène politique malienne par, non seulement, son incapacité à vaincre le terrorisme, qui du reste s’est consolidé et semble même conquérir des espaces, mais aussi et surtout du soupçon de complicité de la France avec les rebelles indépendantistes Touaregs. Une troisième raison  qu’il faudrait ajouter aux deux premières serait la volonté des autorités françaises de diviser le Mali, en faisant de Kidal une entité autonome pour pouvoir exploiter les multiples ressources que regorge la région.

La France du héros au bourreau

De mémoire d’homme, une ex colonie n’a jamais fait subir autant d’humiliations, autant des revers à la France plus que le Mali. La dernière humiliation est la demande de retrait sans délai des forces Barkhanes sur le territoire malien. Avant cette ultime action, son ambassadeur a été sommé de quitter le Mali dans les 72 heures qui ont suivi le communiqué du Gouvernement malien, cet acte a été précédé d’un long réquisitoire sous forme de diatribe contre la France à la tribune des Nations Unies, où l’expression abandon  en plein vol a fait le buzz sur la toile. Comme si tout cela ne suffisait pas les deux médias considérés comme des instruments de promotion  de la vision française à l’extérieur, à savoir RFI et France 24 ont été suspendus sans préavis. La question que bon nombre d’observateurs se posent est celle de savoir pourquoi un tel désamour à celle qui a été considérée, il y a neuf ans  comme libératrice et qui est liée au Mali par la langue, la culture, l’économie et  le social ? En attendant d’avoir la réponse, Il serait bon de rappeler que au Président français  Emmanuel Macron certaines erreurs d’appréciation et surtout de sortir de sa posture paternaliste car il semble feindre  d’oublier que la génération qui est aux commandes au Mali n’a ni connu la colonisation encore moins la traite des noirs et qu’elle est totalement décomplexée et ouverte au monde extérieur, donc toute propension paternaliste se butterait à un niet catégorique.

Ensuite ne nous voilons pas la face, à analyser de près le bilan de la lutte contre le terrorisme et surtout la préservation de l’intégrité du territoire malien, les forces occidentales en général et celles de la  France en particulier n’ont pas été à la hauteur de l’immense espoir que le peuple malien avait fondé sur elles, d’où la colère noire. Cette irritation se justifierait quand on sait qu’il y a plus de 18 000 forces étrangères sur le territoire malien et dont la mission principale était de lutter contre le terrorisme. A la surprise générale c’est seulement quelques 3 000 terroristes qui sèment la désolation et des crimes odieux, au nez et à la barbe de toutes ces forces. Ce qui a d’autant plus agacé les maliens c’est  le fait que Kidal ne soit pas malienne. Les autorités maliennes sont sidérées de n’avoir pas foulé jusqu’à présent le sol de Kidal, qui est entre les mains de la CMA autonomiste. L’ambigüité autour de Kidal a été une preuve supplémentaire qui agace aujourd’hui plus d’un malien et qui crée un sentiment de haine vis-à-vis de la France, qui apparait aux yeux du citoyen lambda comme un pays ennemi.

Est-ce la fin de l’hégémonie française sur ses ex-colonies ?

Ce rejet de la France par les autorités maliennes fera-t-il  des émules en Afrique francophone ? La réponse est probablement non car  certains observateurs de la géopolitique mondiale pensent que l’hégémonie française et surtout celle de l’occident a encore des beaux jours devant elle, car le monde étant économique, l’occident continuera encore de dominer le monde pendant les 25 prochaines  années. Donc malgré les agissements des sociétés civiles nigériennes et Burkinabé qui ont  voulu  emboiter le pas à celles du Mali en demandant le départ des forces françaises, qu’elles considèrent comme des forces d’occupation, la France et ses alliés occidentaux resteront certainement maîtres du jeu du monde. Les activistes au Cameroun, comme au Benin à la solde de la Russie sont également à pied d’œuvre pour un certain éveil de conscience. Que dire de l’opposition sénégalaise incarnée par Ousmane Sonko qui est également vent debout contre la France qu’elle a qualifiée de pays prédateur et d’avoir contribué à appauvrir l’Afrique francophone. Pour beaucoup d’analystes si certains  pays sont encore réticents c’est parce que jusque-là les pays francophones sont liés à la France par la monnaie. La question qui taraude les esprits est celle de savoir si la montée en puissance de la Russie et ses alliés comme la chine, si à défaut de perdre totalement la face, la France et ses alliés n’ont pas commencé à perdre leur hégémonie dans le monde et qu’un nouvel ordre mondial est sur le point de se dessiner.

La France peut-elle reprendre la main au Mali ?

Ce serait difficile, mais pas impossible, car si les autorités actuelles ont fait le choix de la Russie, la France ne pourra certainement compter que sur le retour à l’ordre constitutionnel afin de voir un homme politique à sa solde venir au pouvoir. Même là également elle semble tirer  à côté car la classe politique malienne est rejetée par l’opinion publique. Cette dernière lui fait porter le chapeau de l’effondrement du pays avec la complicité de la France. Donc  cette stratégie serait  aujourd’hui contreproductive, en tout cas cette  classe politique apparait aux yeux d’une écrasante majorité comme un conglomérat d’apatrides mus seulement par leurs

Intérêts sordides. Tout ne semble pas perdu pour la France au Mali. Les deux pays ont des relations séculaires et des intérêts communs à préserver. Que les autorités maliennes comprennent que le monde est économique et financier et aujourd’hui l’occident peut apporter au Mali plus que la Russie sur le plan économique et financier. Combattre la France aujourd’hui c’est se mettre sur le dos tous les pays occidentaux. Comme pour dire que le Mali est en train d’aller très vite en besogne.

Youssouf Sissoko  

Source : L’Alternance

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