La Conférence des chefs d’état de la Cédéao du 29 juin dernier a annoncé que la nouvelle monnaie ouest africaine : l’Eco, sera mis en circulation en 2020. Cette décision dont les contours semblent encore moins clairs, a été bien accueillie par la grande majorité des populations de notre zone commune. Quelques mois après cette déclaration, des incertitudes commencent à planer quant à notre capacité à abandonner le franc de la Communauté financière africaine.
En effet, le vendredi dernier, le ministre français de l’économie a affirmé : « La France est ouverte à une réforme ambitieuse du franc CFA ». Bruno Lemaire ajoute que c’est aux états membres de prendre l’initiative, de faire des propositions et de mesurer jusqu’où ils souhaitent aller. Cette déclaration qui intervenait juste après la réunion avec les ministres des Finances et gouverneurs des Banques centrales des pays de la zone Franc CFA, a laissé perplexe plus d’un.
L’évolution de la situation dans les jours à venir nous édifiera sur l’impact que pourrait avoir cette déclaration sur le maintien de la date annoncée pour la mise en circulation de l’Eco. En attendant, des interrogations taraudent les esprits les plus avisés. Ils trouvent nécessaires de répondre au préalable à un certain nombre de questions. « Quelles relations avec la France, la zone Euro ? Quel type de monnaie : monnaie autonome, monnaie liée à une autre zone monétaire forte, monnaie liée à un panier de monnaie ? Quelle parité ? Quel régime de change : fixe ou flottant ? Comment les pays de la zone vont-ils adopter l’Eco : ensemble quand tous auront atteint les critères de convergence de la Cedeao ou au cas par cas, au fur et à mesure que les pays atteignent les critères de convergence ? », s’interroge Pr Alioune Sall, directeur exécutif de l’Institut des futurs africains.
De toutes ces questions, deux semblent retenir les attentions : Quelle parité ? Quel régime de change ? Répondant à nos confrères de TV5, le ministre béninois de l’économie a levé un coin du voile. Romuald Wadagni a révélé que le principe de la fixité de la parité est acté pour l’Eco. Donc, « la monnaie Fcfa transformée en Eco », c’est-à-dire un simple changement de nom, a déduit d’un ton sec le président du conseil des ministres de l’Uémoa.
Le président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, lui, semble avoir une autre lecture des décisions de la Conférence des chefs d’état. Auxquelles, précise-t-il, la Conférence des chefs d’état de l’Uémoa du 12 juillet 2019 a adhéré pleinement. Abdallah Boureima a reconnu que les pays de la Cédeao ne respectent pas tous les critères de convergence exigés en matière de gestion de la monnaie. Ils ont pris des dispositions pour le respect du calendrier établi, a-t-il rassuré. Insistant sur le fait que le régime de change adopté est un régime flexible, il a précisé que seule la Conférence des chefs d’état de la Cédéao, souveraine, peut trancher. Le débat que l’on croyait clos ne fait alors que commencer.
Cheick M. TRAORÉ
Source: L’Essor-Mali