Représentant le président de la transition à la tribune des Nations unies, à l’occasion du débat général de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le Colonel Abdoulaye Maïga (ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du gouvernement) a pris la parole le 28 septembre 2024 à New York.
Une intervention dans laquelle il a fait la genèse de la crise malienne ; mis en relier des efforts consentis pour s’émanciper de certains partenaires controversés, la montée en puissance des Forces de défense et de sécurité (FDS), le soutien de certains pays comme l’Ukraine aux Groupes armés terroristes (GAT), les réformes entreprises dans le cadre de la refondation de l’Etat, la nouvelle vision panafricaniste du Mali concrétisée par la création de Confédération des Etats du Sahel (AES)… il n’a pas non plus manqué l’opportunité de dénoncer les «ingérences» de certains pays comme l’Algérie et l’Ukraine en faveur des GAT dans le nord de notre pays.
Aujourd’hui, quoi que certains disent, le Mali s’achemine lentement, mais sûrement vers le bout du tunnel !
«Ne laisser personne de côté : Agir ensemble pour la promotion de la paix, du développement durable et de la dignité humaine pour les générations présentes et futures» ! Tel est le thème des travaux de la 79e assemblée générale des Nations unies à New York à la tribune de laquelle le Colonel Abdoulaye Maïga a pris la parole samedi dernier (28 février) au nom du président de la Transition, Colonel Assimi Goïta. Le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de Décentralisation (porte-parole du gouvernement) a salué «la pertinence de ce thème qui est d’une actualité brûlante, tant il est vrai que les tensions et les guerres en cours continuent, hélas, de menacer la paix et la sécurité internationales, le développement et les droits fondamentaux des populations».
Pour le Colonel Abdoulaye Maïga, c’est le point de vue «d’un pays qui a connu, depuis 2012, une crise multidimensionnelle complexe, ayant entraîné la perte de plus de la moitié de son territoire et de nombreuses victimes innocentes, suite à une association à la fois incestueuse et opportuniste de groupes terroristes et de groupes armés». En, faisant la genèse de cette crise multidimensionnelle, le ministre d’Etat a rappelé que notre drame remonte à l’allégeance à Al-Qaida du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) d’Algérie, le 11 septembre 2006. Une réalité exacerbée par «l’intervention militaire hasardeuse» de l’OTAN en Libye, en 2011. «La déstabilisation de ce pays frère a aggravé les facteurs d’insécurité dans nos pays, à savoir le terrorisme, les trafics en tout genre, le blanchiment de capitaux, les conflits communautaires manipulés par les terroristes et leurs sponsors étatiques étrangers et les actions violentes d’individus isolés», a déploré le représentant du président de la Transition à la tribune de l’ONU.
«Après avoir vécu une insécurité imposée par l’état de nature, le constat concernant le Mali est effarant : Violenté, humilié, pillé et torpillé, abandonné en plein vol, poignardé dans le dos… Les expressions ne sont pas limitatives pour décrire la souffrance subie par le peuple et nos Forces de défense et de sécurité», a poursuivi le Colonel Maïga. Heureusement que la peur est en train de changer de camp. «Aujourd’hui, les Groupes armés terroristes (GAT) ont été sérieusement affaiblis, les FDS sont déployées sur l’ensemble du territoire national. En outre, les actions offensives de nos forces se poursuivent pour démanteler les réseaux terroristes résiduels», a souligné le porte-parole du gouvernement.
Mais, en dépit des revers qu’ils ne cessent de subir, ces «groupes criminels gardent encore une certaine capacité de nuisance, dans leurs tentatives désespérées de porter atteinte à notre intégrité territoriale et de terroriser nos populations avec le soutien de sponsors étatiques étrangers», a déploré le Colonel A. Maïga. Il n’a pas manqué de dénoncer les «sponsors étatiques étrangers» comme les autorités ukrainiennes qui ont «violé ouvertement et de manière inédite, la Charte des Nations unies ainsi que leurs conventions et résolutions pertinentes relatives à la prévention et à la lutte contre le terrorisme» en revendiquant la participation active de leur pays à la «lâche attaque terroriste» ayant visé une patrouille des FDS du 24 au 26 juillet 2024 à Tinzawaten (région de Kidal).
Malgré une incontestable montée en puissance de nos FAMa sur les lignes de front, le gouvernement reste conscient que «la réponse uniquement sécuritaire a ses limites». C’est la raison pour laquelle, a précisé le ministre d’Etat Maïga, en appui à l’action militaire, notre pays s’est doté d’une stratégie globale et intégrée ayant pour objectif la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. Elle comprend des mesures politiques, administratives, de développement économique et social, y compris le dialogue avec des groupes armés et la fourniture des services sociaux de base à nos populations.
Pour exorciser le mal, disons cette tragédie imposée à notre pays pour s’approprier ses immenses richesses minières, les autorités de la transition ont également pris plusieurs initiatives comme le Programme national d’éducation aux valeurs (PNEV). Officiellement lancé le 23 avril 2024, celui-ci vise à assurer «un retour aux sources, sans lesquelles, il serait difficile d’envisager un avenir radieux pour notre pays dans sa quête légitime de souveraineté». Pour le ministre Abdoulaye Maïga, «l’invitation à redevenir nous-mêmes, ne saurait faire l’économie de la question de savoir qui nous sommes ; de savoir qui nous sommes». Et de poursuivre que, en privilégiant d’être nous-mêmes, «les Maliens créent une 3e voie : Ne pas devenir des prédateurs, des barbares sans foi ni loi, à la recherche des bovins d’autrui, ne pas devenir les éternelles victimes impuissantes face à la prédation».
Sans compter que cette «voie médiane» consiste aussi à «réaliser notre développement en empruntant un chemin plus vertueux : Veiller au respect de notre souveraineté tout en respectant celle des autres ; refuser l’hétéronomie tout en refusant de nous ingérer dans les affaires intérieures des autres ; être ouvert à tous les partenariats sur une base gagnant-gagnant». Evoquant le processus de Transition, et fort naturellement du retour à l’ordre constitutionnel, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a rappelé que, à l’issue des Assises nationales de la refondation (ANR), «le peuple malien a fait le choix de mener des réformes politiques avant d’organiser les élections, en vue d’ancrer profondément une gouvernance vertueuse».
Pour le moment la mise en oeuvre des recommandations des ANR (517 recommandations ont été formulées lors de ces assises qui ont lieu du 27 au 30 décembre 2021) a permis la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) ; l’adoption d’une nouvelle Constitution promulguée 22 juillet 2023 suite à un référendum «bien organisé» ; le parachèvement de la réorganisation territoriale et administrative ; le renforcement de la lutte contre la corruption et la transparence de l’action publique ; la relecture du code minier plus équitable et favorisant le contenu local…
La 79e session de l’Assemblée générale, a rappelé le Colonel Maïga, se tient au moment où «la paix et la sécurité internationales n’ont jamais été autant menacées depuis les deux grandes guerres, y compris par le terrorisme international et l’extrémisme violent». Dans un tel contexte, a-t-il souligné, il sera «difficile d’atteindre les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030 en termes d’éducation, de santé, d’accès à l’eau potable, d’énergie et de justice». D’où la l’urgente nécessité d’une «évaluation objective, avec des recommandations réalistes de notre système collectif» afin d’inverser la tendance avec des perspectives plus réjouissantes !
Moussa Bolly