La mise en place de cet organe, comme la plupart des organes de la transition, fait couler beaucoup d’encre et de salive.
Contrairement à plusieurs commentaires sur le sujet, mes impressions se basent plus sur la forme que le casting en lui-même. S’agissant des personnes nommées, il y a certes des bons choix qui sont relatifs, des choix par défaut, et des très mauvais.
1- La première erreur provient de la Charte elle-même même qui fixe un nombre de 121 membres. 121, c’est peu pour faire de la place à tout le monde. Du monde, il en faut au vu de la dynamique socio-politique du pays avec des groupements disparates ( partis, syndicats, groupes armés, organisations de la société civile, maliens de l’extérieur ). C’est d’autant plus crucial qu’aucun de ces groupements à lui seul ne peut prétendre en toute légitimité représenter un secteur spécifique. L’ajout d’un corps étranger, l’armée, réduit encore plus les places déjà insuffisantes.
2- Le processus qui a mis en place le CNT est totalement opaque! Aujourd’hui, il est pratiquement impossible de savoir avec exactitude qui a formé le CNT? C’est avec étonnement qu’un « décret signé » par la présidence de la transition est lu à la télé par le Secrétaire Général de l’ancienne Assemblée nationale. Dans la pratique républicaine, il est d’usage que c’est le secrétaire général de la présidence qui exécute un tel exercice.
Pire, aujourd’hui aucune version écrite de ce fameux décret n’est disponible. C’est pourtant une obligation pour une autorité de rendre public un document qui n’appartient pas à une catégorie classifiée. Et c’est un droit pour les citoyens d’avoir à leur disposition un tel document.
3- Autre opacité: la non spécification de qui est qui! Le décret qui organise le CNT fait état d’un quota par groupement. La logique aurait voulu que dans le « décret » de nomination des membres, on retrouve quand même les membres par quotas désignés dans des colonnes dédiées et qui sont conformes au décret mère!
Il y a d’autres aspects plus ou moins pertinents à mon avis pour rallonger la liste. Mais au-delà des personnes, le CNT qui aura en charge de légiférer commence déjà très mal en ne respectant pas les textes.
En plus, le parlement c’est pas que des textes, c’est aussi un consensus politique, et c’est dommage qu’on commence avec ni l’un, ni l’autre…
Si les grands chantiers annoncés seront menés de la même façon, alors on est très loin du compte…
M. ASSORY
