C’est à un de ses amis que notre pays a dit « au revoir » lundi dernier lors d’un déjeuner organisé au restaurant du Parc national. Anders Garly Anderson, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume de Danemark auprès de la République du Mali qui se trouvait en fin de mission, a reçu l’hommage appuyé à lui adressé par Dr. Abdourhamane Sylla, ministre des Maliens de l’extérieur, assurant l’intérim de son homologue des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale.
Le diplomate danois a aussi été élevé à la dignité de Chevalier de l’Ordre national. Il faudrait rappeler que Anders Garly Anderson a été accrédité dans notre pays le 18 avril 2013 en qualité d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume de Danemark. De 2011 à 2012, le diplomate a rempli les fonctions de chargé d’affaires avec pleins pouvoirs. En 2012, en pleine crise, il était le chef de fil du collectif des Partenaires techniques et financiers du Mali.
Rappelant l’action de l’ambassadeur durant cette année singulière et éprouvante, le ministre indiquera que le diplomate avait aidé « avec perspicacité et clairvoyance le peuple malien à tourner les pages les plus sombres de son histoire contemporaine ». Parmi les résultats remarquables obtenus par l’ambassadeur, Dr Sylla citera, entre autres, l’engagement Royaume de Danemark le 29 janvier 2013 à Addis-Abeba à hauteur de 2 millions de dollars lors de la conférence des donateurs ainsi que l’annonce d’une contribution de 87 millions d’euros lors de la conférence des donateurs « Ensemble pour le renouveau du Mali », organisée le 15 mai 2013 à Bruxelles. En marge cette conférence, le Danemark a publié un aide-mémoire sur la nécessité d’un processus de dialogue inclusif au Mali. Le royaume scandinave a aussi participé à l’organisation de l’Opération Serval.
Le ministre Sylla a souligné que prenant en compte la dimension sous-régionale de la crise au Sahel, le Danemark a lancé en faveur de cette zone sensible un programme régional venant en appui aux réformes sécuritaires et à la lutte contre le radicalisme et le trafic illicite des drogues. Ce programme va de 2013 à 2017 et couvre principalement le Mali, le Burkina faso et le Niger avec un budget de 125 millions de couronnes danoises, soit environ 10 990 676 250 F cfa. Au niveau de l’aide humanitaire, l’appui total du Danemark en direction du Mali, de 2013 à 2014, est estimé à 47, 7milliards de francs cfa. « Des liens impérissables vous unissent désormais au peuple malien, a conclu le ministre Sylla s’adressant au partant, car vous avez vécu avec lui des moments inoubliables. Vous avez été témoin de l’écriture des pages parmi les plus sombres et plus émouvantes de son histoire ».
UN LONG CHEMIN À PARCOURIR. Tout aussi chaleureux que son hôte, l’Ambassadeur Anderson a tenu à dire qu’il quittait le Mali empli d’espoir. « Quand on me demande si le verre du Mali est moitié vide ou à moitié plein, je réponds toujours à moitié plein. Le potentiel malien est énorme : une population jeune, un territoire vaste, des ressources naturelles importantes et notamment le sentiment de constituer une nation. Nous sommes revenus de très loin, comme le dit le président de la République, mais il reste encore un long chemin à parcourir ».
Le diplomate danois a fait trois suggestions de sortie de crise aux autorités maliennes. En premier lieu, a-t-il dit, il faut rétablir et approfondir la démocratie dont les Maliens et les Maliennes sont tellement fiers. Cela veut dire promouvoir la transparence et l’obligation de compte-rendu dans les actions de l’Etat, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et l’impunité et le renforcement des liens entre l’Etat et les populations.
Deuxièmement, a proposé le diplomate, il s’agit de s’engager dans un dialogue inclusif avec les acteurs et populations du Nord pour trouver une solution durable et pacifique dans le cadre d’un Etat laïc et d’un territoire sécurisé et préservé dans son intégrité. Et troisièmement, a conclu Anders Garly Anderson, pour sortir le Mali de son statut d’un des pays les plus pauvres du monde, il faut oeuvrer inlassablement pour des progrès socio-économiques en impliquant tous les acteurs, notamment le secteur privé.
L’ambassadeur sur le départ a indiqué qu’il avait pris en compte le proverbe malien qui affirme que l’étranger a de gros yeux, mais ne voit rien. C’est pourquoi il a multiplié les visites sur le terrain. Des visites qui lui ont permis de se convaincre que le Mali reste une nation. « Contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays de la sous-région, a diagnostiqué Anders Garly Anderson, il existe au Mali une identité partagée et une volonté de partage, le sentiment de faire partie d’une entité et d’avoir en commun une riche culture et une riche histoire. Les Maliens et les Maliennes possèdent une résilience extraordinaire bâtie sur le fondement de centaines et de milliers d’années d’adaptation aux réalités politiques, sécuritaires et climatique de la région ».
source : essor