“Je suis venu vous voir pour vous demander de prendre conscience que nos pays (…) sont des victimes de cette crise au plan économique”, a-t-il déclaré à Sotchi (sud de la Russie) au début de leur rencontre.
L’ONU craint “un ouragan de famines”, essentiellement dans des pays africains qui importaient plus de la moitié de leur blé d’Ukraine ou de Russie, d’autant que plus aucun navire ne peut sortir des ports d’Ukraine en raison du conflit. M. Sall a souligné que les Etats africains pâtissaient des conséquences de l’offensive russe contre l’Ukraine alors que “la majorité des pays africains a évité de condamner la Russie” lors de deux votes de l’ONU, et qu’avec “l’Asie, le Moyen-Orient ainsi que l’Amérique latine, une bonne partie de l’humanité” a préféré se tenir à l’écart du conflit.
Macky Sall a relevé que les tensions alimentaires provoquées par le conflit ont été aggravées par les sanctions occidentales qui affectent la chaîne logistique, commerciale et financière de la Russie. Il a donc appelé à ce que le secteur alimentaire soit “hors des sanctions” imposées par les Occidentaux en représailles de l’offensive militaire russe. “Les sanctions contre la Russie ont entrainé plus de gravité, nous n’avons plus accès aux céréales venant de Russie, mais surtout aux engrais”, a relevé le président sénégalais “Cela crée vraiment de sérieuses menaces sur la sécurité alimentaire du continent”, a-t-il souligné.
Vladimir Poutine, de son côté, n’a pas abordé ce thème dans la partie publique de la rencontre. Il a souligné le “soutien” de l’Union soviétique aux pays africains “dans la lutte contre la colonisation” et vanté le développement des relations russo-africaines. Macky Sall est en Russie sur fond de craintes de crise alimentaire mondiale, l’offensive russe en Ukraine ayant paralysé les exportations alimentaires de ces deux géants de l’agriculture. Cela a entraîné une flambée des cours des céréales et des huiles, dont les prix ont dépassé ceux des printemps arabes de 2011 et des émeutes de la faim de 2008.
Plus tôt, le Kremlin avait indiqué que Vladimir Poutine voulait profiter de cette rencontre pour “donner une explication complète de sa vision de la situation concernant les céréales ukrainiennes”. Selon lui, seules l’Ukraine et les Occidentaux sont responsables de la crise alimentaire qui se dessine.