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« L’Accord d’Alger » et le Sahel au cœur de la visite de Bah N’Daw à Alger

SOUTIEN. Pour Alger, la stabilité du Mali, en pleine transition politique, est un enjeu stratégique capital.

n visite de deux jours à Alger, le chef de l’État malien Bah N’Daw a tenu, dimanche, à remercier ses hôtes algériens : « Nous sortons d’une crise assez difficile et complexe et, sans l’appui et le soutien de nos amis algériens, nous n’aurions pas pu nous en sortir […]. Au terme de cette visite, nous nous sentons soutenus, aidés, appuyés dans notre démarche. »

« Cette visite en Algérie, je l’ai nourrie depuis ma prestation de serment lors de mon investiture le 25 septembre 2020 à la tête de la transition au Mali. Je suis aujourd’hui comblé. Comblé dans la mesure où j’ai senti l’attention, l’attachement que le président Tebboune nous a accordés », a encore déclaré M. Bah N’Daw.

Dans un même élan, son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune a déclaré à l’issue de leur rencontre : « Comme nous l’avons déjà affirmé, lors de précédentes rencontres, nous demeurons à la disposition de nos frères maliens pour tout ce qu’ils jugent nécessaire dans la phase actuelle en vue de l’apaisement de la situation et de la préparation des élections qu’ils ont décidées. »

M. Bah N’Daw a effectué une visite chargée protocolairement, en deux jours il a rencontré le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, et le chef d’état-major de l’armée, Saïd Chengriha.

Alger tient au processus de paix

Pourtant, cette ambiance fort cordiale n’était pas du tout de mise il y a quelques mois. Au lendemain du renversement de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta par l’armée le 18 août 2020, Alger avait réitéré « son ferme rejet de tout changement anticonstitutionnel de gouvernement, conformément aux instruments pertinents de l’Union africaine », appelant « toutes les parties au respect de l’ordre constitutionnel et au retour à la raison pour une sortie de crise rapide ».

Dix jours plus tard, Tebboune a dépêché son chef de la diplomatie Sabri Boukadoum à Bamako pour s’enquérir sur place de la situation. « Je suis venu […] pour écouter d’abord, discuter et échanger les points de vue sur la situation au Mali de manière à ce que le peuple malien puisse vivre dans la paix, la sérénité et la concorde », avait alors déclaré M. Boukadoum.

Deux semaines plus tard, le 2 septembre, le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), qui a pris le pouvoir à Bamako, et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), ont tenu une réunion sur « la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ».

Cette rencontre intervenait au lendemain du renouvellement par l’ONU, pour un an, des sanctions contre le Mali, sanctions qui visent les parties contrevenants à l’accord d’Alger.

L’Algérie attendait ce signal fort de la part des nouveaux maîtres de Bamako afin de garantir la poursuite du processus de paix dans le nord du Mali. Depuis, rencontres et visites se sont multipliés autour de l’application de cet accord, même si, à Bamako, les tenants du pouvoir misent sur les prochaines autorités issues d’élections, afin de parachever ce processus.

Réactiver le CEMOC

L’accord de paix et de réconciliation au Mali, appelé « accord d’Alger », paraphé le 1er mars 2015 à Alger, a été obtenu après cinq rounds de dialogue, engagé en juillet 2014 sous la conduite de la médiation internationale, dont l’Algérie était le chef de file.

Ce document-programme a été signé par le gouvernement de Bamako et les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad.

Le 14 février dernier, le ministre des Affaires étrangères algérien, Sabri Boukadoum, a présidé le comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, qui s’était tenu pour la première fois à Kidal, dans le nord-Mali. Réunion qui a regroupé six ministres maliens, la direction des mouvements signataires et la médiation internationale, représentée à haut niveau.

Lors de la visite du chef de l’État malien ce samedi et dimanche à Alger, et loin des caméras, d’autres rencontres se sont déroulées à Alger, dont la plus signifiante est celle du ministre malien de la Défense et des Anciens Combattants, le colonel Sadio Camara avec le patron de l’armée algérienne, le général de corps d’armée Saïd Chengriha. Rien n’a filtré sur cette rencontre, à laquelle a participé le lieutenant-colonel Abdoulaye Maiga, ministre malien de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Au vu du casting, les questions de l’application de l’accord d’Alger et de la sécurité au Nord malien ont été au cœur de cette réunion.

Le président N’Daw a d’ailleurs expliqué à son homologue algérien les priorités de son programme : « la sécurisation progressive et la stabilisation de la partie nord du pays, la mise en place d’un gouvernement de transition ainsi que d’un Conseil national de transition et l’entrée au gouvernement et dans les autres organes de représentants des mouvements signataires de l’accord [d’Alger] », selon un communiqué des Affaires étrangères algériennes.

Le bilatérale en force

De son côté, le président Tebboune « a souligné la nécessité impérieuse que la transition se poursuive dans la sérénité et l’apaisement afin qu’elle puisse être couronnée par la tenue des échéances électorales dans les délais fixés », tout en réitérant « la détermination de l’Algérie à ne ménager aucun effort pour diligenter la mise en œuvre de l’accord [d’Alger] ».

Parallèlement au parrainage de l’accord d’Alger, l’Algérie compte aussi réactiver le Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), qui regroupe les armées du Mali, de l’Algérie, de la Mauritanie et du Niger, et dont la dernière réunion s’est tenue début février à Bamako. Cette rencontre a été accompagnée par la réunion de la commission mixte militaire algéro-malienne, le 9 février, à Bamako et la signature, le 11 février 2021 de la convention de partenariat entre l’Algérie et l’École de maintien de la paix Alioune Blondin Beye.

Sur un autre plan bilatéral, Alger et Bamako sont convenus de réactiver la Grande Commission mixte et le Comité bilatéral frontalier, « pour explorer de nouveaux créneaux de coopération en accordant une attention particulière à la promotion de la réalisation des projets structurants tels que celui de la Route transsaharienne, notamment le tronçon Tamanrasset-Kidal-Gao ». Par ailleurs, la première session du Conseil d’affaires algéro-malien sera prochainement convoquée.

 

Source: lepoint

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