Ce jour, 20 août 2021, la triste nouvelle est tombée comme un coup de massue: Salia DAOU est décédé. L’homme était grand, mince, beau, de teint clair, humble, tout a toujours été harmonieux en lui jusqu’à son dernier soupir. Salia DAOU est l’un des derniers de nos pères du quartier, de ma génération. Je l’ai connu à mes 10 ans, quand j’ai déménagé de chez mes grands-parents à la Mission catholique de Ségou pour le 1er quartier, chez mon papa, Mathieu DIALLO. Sa maison sur la corniche aussi était à une cinquantaine de mètres de chez nous. Ce que je vais dire et que beaucoup ne savent pas ou ne l’ont pas dit c’est qu’à Ségou, dans les années 60 à 70, il était l’un des commerçants les plus florissants de la localité.
Et deux choses sont à retenir de lui :
1- Quand on parle aujourd’hui du concept d’autonomisation des femmes, ce n’est pas nouveau pour Ségou, car Salia DAOU vendait du fil de tissage appelé «Boloti» avec toutes les couleurs. Combien de femmes à Ségou ont bénéficié de la revente de ces lots de fils ? Elles parvenaient ainsi à une forme d’autonomisation et aidaient leurs époux à supporter les charges du ménage ! En plus, ce commerce fonctionnait selon le système de crédits fournisseurs : les femmes prenaient, vendaient et revenaient payer et le cycle reprenait.
2- C’est avec lui qu’on a vu à Ségou les motos cédées à crédit : en effet, que ce soit les motos Bécane de certains fonctionnaires ou les motos Mofa des travailleurs de la COMATEX, à l’époque, tout était son œuvre commerciale. Je me devais en tant que son fils et en tant que mémoire de mon quartier de dire tout cela, car, beaucoup ne l’ont connu que lorsqu’il a aménagé à Médine ou ne l’ont connu qu’à travers ses enfants.
S’il y avait des commerçants honnêtes à Ségou, il en faisait partie, et ce jusqu’à sa mort. Et cela n’est une surprise pour personne, car Salia DAOU était un très bon musulman, très pieux, généreux et surtout humble. Les charges collectives qu’il a eu à assumer au niveau de la chambre de commerce étaient liées à sa probité et à son expérience de la vieille école du commerce. Si ses enfants arrivent à lui emboîter le pas, ils réussiront comme lui et je crois bien qu’ils ne le décevront pas. Ce n’est pas par hasard si le grand centre à côté du stade de foot porte son nom.
A Seyba, Boubacar et aux autres, nous compatissons à votre douleur. Votre père était l’un des derniers de sa génération à Ségou. Ils sont tous partis, mais en nous léguant des valeurs, chacun dans son domaine. C’est à nous de reprendre le flambeau en leur mémoire. Je me joins à tous les Ségoviens aujourd’hui, pour honorer sa mémoire, pour prier pour lui. Dieu est le seul juge, mais nous savons aussi, ici-bas, apprécier des valeurs. Qu’Allah Soubana Watalla lui ouvre les portes de son Firdaw et qu’il bénisse et protège sa progéniture. Dors en paix, Ba Salia, nous ne t’oublierons pas.
Correspondance particulière
Source : Info-Matin