Attentat suicide à Kidal samedi dans le Nord-Mali contre la BMS, la Banque malienne de solidarité ; le lendemain, second tour des élections législatives dans l’ensemble du pays… « Le moins que l’on puisse dire, au regard de la proximité des deux événements, relève Le Pays au Burkina, est que les djihadistes auront réussi à faire passer un message. D’abord, la cible n’est pas anodine. La BMS est, en effet, le symbole monétaire et économique de la présence de l’Etat malien à Kidal. Ensuite, par cet acte odieux, les djihadistes ont probablement voulu dissuader les électeurs du Nord-Mali de prendre part au scrutin en créant la psychose. »
Le site d’information Fasozine s’interroge : « le remède ultime (au Mali) viendra-t-il de l’installation des nouvelles institutions démocratiques dont le Parlement constitue un des couronnements ? C’est le moindre mal qu’il faut souhaiter à ce pays qui a frôlé le pire depuis les soubresauts du coup d’Etat militaire de mars 2012, mais surtout de l’occupation du Nord par des groupes islamistes armés de tout poil, sans foi ni loi. Il faut espérer, poursuit Fasozine, qu’avec la mise en place prochaine de l’Assemblée nationale forte de 147 députés, le Mali élabore désormais une stratégie de sécurisation de son territoire afin d’éloigner le spectre terroriste qui menace également l’ensemble des pays du Sahel. »
En attendant, constate L’Observateur Paalga , « si les groupes djihadistes liés à Al-Qaïda ont été affaiblis par l’intervention militaire internationale lancée par Paris en janvier et toujours en cours, ils restent actifs et le problème sécuritaire entier. » Et le quotidien ouagalais de s’interroger : « quand est-ce que, diantre, va enfin être tranché le nœud gordien Kidal, ce caillou dans la chaussure d’IBK, ou plutôt cette épine à son pied ? Autrement dit quand est-ce que le MNLA désarmera enfin pour que Kidal cesse d’être une enclave touareg dans le Mali ? D’ici là, après 100 jours sur la colline du pouvoir, voilà IBK de plus belle dans son travail de Sisyphe. »
Sans enthousiasme…
Pour ce qui est des élections, dans l’ensemble du pays, les Maliens ont plutôt boudé les urnes dimanche… C’est ce que relève Le Républicain à Bamako. « Juste quelques personnes faisant la queue, des électeurs à la recherche de leur bureau de vote. (…) Nous sommes très loin de l’engouement des élections présidentielles. Du coup, estime le quotidien malien, il ne serait pas maladroit de s’interroger sur la légitimé des députés élus dans ces conditions. »
Une insécurité chronique, des élections sans enthousiasme… La normalisation au Mali « est loin d’avoir été réussie, relève le site d’information Guinée Conakry infos. Certes, la présidentielle s’y est tenue à la satisfaction relative de tout le monde. Mais avec le peu d’enthousiasme suscité par le premier tour des élections législatives du 24 novembre dernier et le second tour d’hier, c’est comme si on avait crié victoire trop tôt. Le climat sécuritaire qui prévaut à Kidal en particulier et dans tout le nord-Mali en général est autrement plus symptomatique du bilan de l’intervention française. On croyait en effet que la mort de nos confrères de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon avait débouché sur un renforcement du dispositif sécuritaire dans cette partie du Mali. Hélas, déplore Guinée Conakry Infos, il n’en est rien. »
Aberrations…
L’affaire des biens mal acquis : le Congo-Brazzaville est au cœur de l’instruction menée par la justice française. C’est le dossier d’ouverture du quotidien Libération en France. Libération qui affirme que l’étau judiciaire se resserre sur la famille du président Denis Sassou-Nguesso : « d’après une synthèse (policière) rédigée cet été, ce serait 60 millions d’euros au bas mot, provenant d’argent public congolais, qui auraient été dépensés en France depuis 2005 par les proches du dirigeant pour acheter bijoux, vêtements, montres ou encore logements de luxe. (…) D’après des sources judiciaires, les premières convocations des membres de la famille Sassou-Nguesso vivant en France par intermittence (fille, gendre, neveu…), pourraient intervenir dans les prochains mois. »
Commentaire de Libération : « A l’heure où François Hollande déploie ses troupes en Afrique pour tenter de faire valoir la voie démocratique auprès de nations à bout de souffle, ces éléments mettent une nouvelle fois en évidence toute l’ambiguïté d’une Françafrique dont on veut se débarrasser mais qui reste omniprésente. Paris peut-il se permettre longtemps d’entretenir des liens privilégiés avec des régimes qui volent ouvertement leur population ?, s’interroge Libération. Oui, diront certains, au vu des enjeux économiques et politiques de la France au Congo-Brazzaville ou ailleurs. C’est pourtant, estime le journal, en éliminant une bonne fois pour toutes ces aberrations et en laissant la justice engager des poursuites au plus haut niveau contre les coupables que l’on pourra commencer à rétablir une relation plus saine avec le continent africain. »

