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La suspension, une opportunité à saisir

La suspension du Mali de toutes les institutions de la CEDEAO, intervenue dimanche 30 mai à Accra (Ghana) a eu la préférence des chefs d’États et de gouvernements au moins pour trois raisons.

La première est d’épargner au pays des sanctions économiques et financières qui l’eûssent fragilisé davantage face à des défis multiples.

La deuxième est de ne pas infliger des souffrances supplémentaires à des populations déjà accablées et depuis trop longtemps par toutes sortes de maux.

La troisième, liée à la première, est que le Mali représente à la fois le premier marché d’exportation pour les  industries de la Côte d’ivoire et du Sénégal. Un embargo commercial qui le frapperait serait durement ressenti par ces deux voisins.

Le gel temporaire de sa participation à toute activité de la CEDEAO n’en est pas moins pernicieux. Il le fait apparaitre devant la communauté internationale comme un pays de désordre permanent, incapable de se doter d’institutions fiables et solides pour assurer son fonctionnement régulier, mettant en danger la stabilité des organisations sous-régionales dont il est membre en foulant au pied leurs principes fondateurs et les  valeurs auxquelles elles aspirent. La démocratie, l’État de droit, la bonne gouvernance pour ce qui concerne la CEDEAO.

A l’évidence aucun investisseur ne s’aventurerait à venir injecter son argent dans un tel pays. Or, c’est connu, pas d’investissement, pas de création d’emploi ni de richesse à distribuer. Dans les années 90 le Mali s’était élevé un certain temps au rang de pays de l’Afrique subsaharienne recevant le flux d’investissement direct étranger (IDE) le plus important. Grâce à son or, au dynamisme de son marché intérieur s’ouvrant à la modernité, à sa démocratie balbutiante pleine de promesses, qui rassurait voire séduisait. C’est avec nostalgie qu’on se remémore désormais cette période de notre existence.

La mesure communautaire qui vise notre pays doit donc être perçue pour ce qu’elle est : une incitation aux  acteurs civils et militaires à surmonter leurs divergences, taire leurs rancoeurs, mettre de côté leurs conflits d’intérêts  et  rivalités de leadership pour travailler en bonne intelligence à la réussite de la transition dans les neuf mois restants. Lesquels, c’est entendu, ne seront pas prolongés.

Pour les aider à accomplir cette mission historique, la CEDEAO, perçue souvent à tort par une opinion non avertie comme l’ennemie du Mali alors qu’elle est sa meilleure amie, a réitéré son soutien  au processus tout en invitant les partenaires internationaux (Etats et organisations) à faire de même.

C’est assurément une opportunité à saisir.

Saouti HAIDARA

Source: l’Indépendant

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