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La Russie pousse ses pions en Afrique via ses mercenaires

Les mercenaires russes du groupe Wagner opèrent insidieusement pour le Kremlin. Au Mali, ils s’efforcent de supplanter l’armée française.

La chevauchée du groupe Wagner ne fait pas rire Paris. Ces mercenaires russes essayent de s’implanter au Mali au détriment de la France, qui protège le pays des actions djihadistes depuis 2013 au prix du déploiement de 5.100 hommes (et de la mort de 55 en huit ans).
Une concurrence révélatrice de la manière dont Moscou pousse ses pions sur le continent. Le Kremlin fait mine de ne rien à voir avec ce groupe paramilitaire, mais c’est un secret de polichinelle qu’il agit pour son compte. Wagner mène des opérations militaires dans divers pays (Ukraine, Syrie, Libye, Centrafrique) tout en évitant au Kremlin le risque d’une riposte militaire directe, et toute responsabilité si les choses tournent mal.
Un faux nez du Kremlin
Il est contrôlé par Evgueni Prigojine, un oligarque proche de Vladimir Poutine. Ses employés sont d’anciens militaires russes, s’entraînent notamment sur des bases du GRU (services secrets de l’armée russe) près de la ville de Krasnodar, dans le sud de la Russie. Son budget, de 30 millions de dollars, serait abondé par le ministère russe de la Défense.

La rumeur de l a signature imminente d’un contrat entre Wagner et la junte malienne, pour le déploiement de quelques centaines de mercenaires, court depuis l’été, sans s’être encore concrétisée. Mais elle a poussé la France à faire valoir auprès de Bamako que ce serait « eux ou nous ». La junte rétorque qu’elle s’est sentie « abandonnée en plein vol » par la décision de Paris de réduire son contingent de 5.100 à environ 3.000 hommes à l’horizon 2023. Une réduction qui fait suite à la multiplication de manifestations antifrançaises dans le sud du Mali, précisément là où le contingent français est le moins déployé.
Barkhane n’était pas censée durer éternellement et devait passer le relais à l’armée malienne. Celle-ci ne semble toutefois pas en mesure de tenir tête aux djihadistes.
Cohabitation impossible
Après avoir menacé de retirer l’intégralité de ses troupes dès l’entrée en scène de Wagner, l’exécutif français semble moins péremptoire, même s’il continue d’insister sur le fait qu’une « cohabitation avec Wagner est impossible ». Même si la France est de loin le pays occidental le plus impliqué au Sahel, l’Allemagne (avec 1.500 hommes), le Royaume-Uni, le Danemark, la Suède et l’Estonie y sont parties prenantes, via notamment la mise en place de la force Takuba, en sus des Etats-Unis qui fournissent du renseignement aérien. Ces pays ont aussi déclaré que Wagner n’avait pas sa place au Mali. L’action des Occidentaux ne vise pas seulement à contrecarrer l’action des djihadistes au Mali, mais dans tout le Sahel, notamment au Niger, Burkina Faso, Tchad et Mauritanie.

La junte du colonel Assimi Goïta fait valoir qu’elle peut souverainement discuter avec quiconque pourrait l’aider à rétablir l’ordre. Mais en s’alliant avec Wagner, elle prendrait le risque de s’isoler encore d’avantage des Occidentaux, qui lui reprochent déjà son deuxième coup d’Etat en juin dernier, assorti du vraisemblable report des élections qu’elle faisait miroiter pour février 2022. La junte est d’ailleurs soumise à des sanctions économiques de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Cette alliance nuirait d’autant plus à la réputation de Bamako que Wagner est connu pour des exactions graves et des prédations, notamment dans le secteur minier, dans les pays où il a opéré.

Si les mercenaires russes ont prouvé leur efficacité au combat en Syrie et en Crimée, ils ne disposent pas de la puissance de feu d’une armée. On estime que les effectifs du groupe ne dépassent pas 2.000 hommes, dont beaucoup déjà fixés sur divers théâtres en Ukraine, Libye, Mozambique ou Centrafrique . Wagner ne dispose pas non plus de chars lourds, d’hélicoptères, d’avions de chasse ou de l’appui logistique dont disposait Barkhane, pourtant incapable d’éliminer les djihadistes…
Yves Bourdillon

Source: Les Echos
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