L’impact de l’épidémie d’Ebola sera catastrophique sur l’économie du Mali, qui commençait à reprendre après une longue crise politique et sécuritaire, estiment les analystes à Bamako.
En l’absence de chiffres sur les pertes économiques liées à la fièvre Ebola, Alexis Kalambry, consultant en communication spécialisé dans les questions économiques, affirme qu’il “est aisé de se rendre compte qu’Ebola a un impact négatif sur l’économie”.
“A court terme, ajoute-t-il, les investissements et les déplacements vont être limités au Mali parce que les investisseurs vont pour le moment geler leur déplacement. Une psychose s’est installée et fait que les touristes désertent le pays et que les lieux de loisir sont boudés, la consommation tourne autour du strict nécessaire”. Donc, l’économie tourne au ralenti, a conclu M. Kalambry.
Le tourisme, l’artisanat et les investissements seront sans doute les secteurs les plus touchés. “Nous assistons à l’annulation de beaucoup de rencontres internationales prévues ici. Sans compter que les annulations de réservations se multiplient”, affirme Mouna Siby, manager d’un hôtel à Bamako.
“Ces derniers mois, nous avions déployés d’énormes efforts de communication pour revaloriser la destination-Mali avec le retour de la stabilité au sud et de la sécurité dans beaucoup de villes du centre et du nord comme Ségou et Mopti. Hélas, Ebola risque de tout compromettre. En effet, des pays comme la France commence à déconseiller le Mali à leurs citoyens à cause de cette fièvre”, souligne un responsable de l’Office malien du Tourisme et de l’Hôtellerie, qui a requis l’anonymat.
Il y a quelques jours, selon des sources diplomatiques, l’ambassadeur du Venezuela au Mali a été empêché par son pays d’aller à Bandiagara (Mopti) pour des activités de promotion sportive et touristique dans le pays Dogon.
Les mêmes sources indiquent que les 40 boursiers récemment sélectionnés par le ministère des Sports, dans le cadre d’un programme de 150 bourses accordées au Mali (pour la formation dans les métiers du sport) sont bloqués à Bamako faute de visa à cause de la crainte d’Ebola.
Les localités frontalières commencent déjà à subir l’impact négatif de la fièvre sur les activités économiques de la zone. “Ici, en dehors de l’orpaillage, beaucoup de gens vivent du trafic de différents produits (cigarettes, médicaments…) avec la Guinée. Mais, depuis que l’épidémie a commencé dans ce pays, les gens ont peur de s’y rendre”, explique Sibiri Sidibé, un jeune chauffeur.
“Même les foires hebdomadaires ne drainent plus beaucoup de monde. Ce qui fait que nous avons du mal à nous approvisionner en produits maraîchers frais”, ajoute Saran Sidibé, une restauratrice locale.
Une information confirmée par un douanier sous l’anonymat. “A cause du ralentissement du flux entre la zone et la Guinée, nous avons du mal à réaliser nos objectifs en termes de recettes douanières”, indique-t-il.
L’exploitation minière subit aussi les contrecoups de l’épidémie. “A moyen et long termes; le risque-pays va causer d’énormes pertes car des investissements vont êtres gelés, compromettant ainsi de nouveaux projets de recherche ou d’exploitation”, analyse Lassana Guindo, conseiller technique au ministère malien des Mines.
“Cette épidémie survient au très mauvais moment, au moment où notre nouvelle vision de la gestion de mines commençait à produire ses fruits”, déplore cet expert.
Publiée en octobre dernier, une étude de la Banque mondiale estime que les dégâts économiques liés à la fièvre au virus Ebola pourraient s’élever à 32,6 milliards de dollars d’ici la fin de l’année 2015 pour l’ensemble des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Source: Xinhua