Décédé 15 décembre 2013, à Paris, le doyen Mamadou KABA a été inhumé, le 20 décembre, à Bamako, après les hommages à lui rendus dans la famille KABA, à Quinzambougou, par la grande chancellerie et un autre doyen de la presse nationale, Seydina Oumar DICKO, dont l’oraison funèbre a ému plus d’un, louant les qualités remarquables de « l’homme exceptionnel » qui nous a ainsi quittés par la volonté d’ALLAH.
Je pourrai intituler cet hommage posthume, «le marteau et l’enclume». En effet, des nombreuses images que Mamadou Kaba nous a léguées, notre génération aura retenu celle- ci, car lorsque les agents de la RTM ont été en passe d’être lynchés, indexés comme étant à la solde de la soldatesque, Kaba a sorti cette phrase pour expliquer le dilemme dans lequel on se trouvait et la magie de son verbe a opéré. Nous étions entre le marteau du pouvoir et l’enclume des émeutiers.
Aujourd’hui, il me revient le redoutable honneur, placé entre le marteau du devoir et l’enclume de la compassion, de faire l’oraison funèbre de cet homme EXCEPTIONNEL.
En ces douloureux instants, résonne dans mes oreilles la célèbre pensée d’Arthur Scnitzler : « Les morts ne sont vraiment morts qu’à l’instant où s’éteint le dernier d’entre ceux qui les ont connus».
Nous sommes les derniers d’entre ceux qui t’ont connu pour témoigner à la postérité ta générosité, ta franchise, ta droiture, ton humanisme, ta sincérité, ton courage qui ne t’épargneront pas, hélas ! l’incompréhension des hommes.
Tu as été pour nous un modèle ; alors qu’élèves au lycée, nous disséquions tes premiers papiers à l’Essor, avec la volonté farouche d’être tes disciples.
Mamadou KABA, cela a été dit suffisamment pour que je ne me répète: tu as été l’un des premiers journalistes maliens formés dans une École de journalisme, celle de Lille en France, avec comme condisciples feu Kolinsero CISSE, mais aussi Hervé Bourges, le père des Écoles africaines de journalisme de Dakar et de Yaoundé, d’où sont sortis tes disciples.
Mamadou Kaba, tu as été aussi le premier journaliste à être porté à la tête de la Radio-Télévision et le premier Président du Conseil Supérieur de la Communication enfanté par la révolution de mars 1991.
Sous ta férule, la RTM a joué un rôle historique, mal connu, lors de ces journées chaudes de mars 1991. En effet, au risque de me tromper, la RTM a été le seul organe de presse à diffuser tous ses journaux lors de ces journées, malgré les pressions de toutes sortes exercées sur ses agents.
Les décisions courageuses prises alors par la RTM, pour diffuser les différents communiqués lors de ces journées, l’ont été par toi et par toi seul, après consultation de tes collaborateurs.
Fervent musulman, tu ne te lassais pas de répéter à l’occasion du décès brutal de ton fils, il y a seulement quelques jours : « La mort est notre hôte». Nous étions loin d’imaginer que cette mort allait nous arracher le meilleur d’entre nous en ce jour funeste du dimanche 15 décembre 2013.
Dans ton cas, Mamadou KABA, la mort, ce maître absolu, vient confirmer ton prestige, que nous, tes proches, parents, amis et collègues, nous percevions de ton vivant, mais nous le mesurons davantage depuis l’annonce de ta mort, avec ces femmes et ces hommes en pleurs sortis des chaumières de Bagadadji, de la Sema I, de Magnambougou, tes anciennes demeures. Nous le mesurons également aux nombres d’hommages qui te sont rendus de l’Essor à la RTM, du CNPC au CSC, en passant par l’Ambassade du Mali au Caire ; partout, tu es unanimement salué comme un homme de bien.
Qu’il en soit ainsi et qu’Allah te place sous sa divine protection.
Dors en paix, Koro ; dors en paix, cher ami.
Dicko Seidina Oumar
Journaliste/ Historien
Source: Info-Matin