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La place de l’Afrique dans le monde : une analyse des propos de Nicolas Sarkozy à Abu Dhabi

Lors de sa visite du 3 mars 2018 à Abu Dhabi aux Émirats arabes unis, l’ex-président français, Nicolas Sarkozy, n’a pas daigné à s’étaler sur les grands maux des démocraties modernes. Dans ce cadre, il trouve nécessaire le développement de l’Afrique pour la stabilité de l’Europe et du reste du monde. À l’en croire, nous pourrons estimer que la place de l’Afrique est centrale dans le monde.

Les grandes démocraties du monde sont la Chine, la Russie, les Émirats arabes unis. Les démocraties sont devenues un grand champ de bataille pour tous les leaders d’opinion. Les chefs d’État sont des leaders. Ils sont dotés d’une certaine conception de la société qu’ils tiennent à réaliser pour le bonheur de toute la Nation. Mais, qu’est-ce qu’on entend le plus fréquemment ? En un mandat si court, il ne m’est pas possible de parvenir au bout de mon projet. Ces façons de penser sont une marque de faiblesse, de manque de leadership politique. Le bon leader se conforme au temps et non le contraire.

Alors, ces genres d’explication ne constituent pas une excuse. Le bon leader se contente du minimum de temps qu’il a devant lui pour faire de grandes réalisations. « Le président XI considère que deux mandats de cinq ans, dix ans, ce n’est pas assez. Il a raison ! Le mandat du président américain, en vérité ce n’est pas quatre ans, c’est deux ans : un an pour apprendre le job, un an pour préparer la réélection.  Donc vous comparez le président chinois qui a une vision pour son pays et qui dit : « Dix ans, ce n’est pas assez »au président américain qui a en vérité deux ans » explique l’ex-locataire de la Maison de l’Élysée. C’est ce manque de leadership qui fait que « les grands leaders du monde sont issus de pays qui ne sont pas de grandes démocraties. » Il prend le modèle émirien comme le prototype parfait d’une vraie démocratie qui doit servir le monde entier.

Nicolas Sarkozy s’étend sur la question de l’immigration. Ce phénomène est inévitable. Il est la conséquence de l’extrême pauvreté des pays africains, de la souffrance, du sous-développement de l’Afrique. Tant que les problèmes qui minent l’Afrique ne sont pas éradiqués, l’Europe ne peut espérer sur la paix en termes d’immigration.  « Si l’Afrique ne se développe pas, l’Europe explosera. Ce n’est pas un sujet  populiste, c’est un sujet tout court », laisse entendre l’ex-homme fort de la République française.

Cette prise de conscience en matière d’immigration est importante non seulement pour l’Afrique, mais également pour le monde entier. Tant que ce problème n’est pas solutionné, les jeunes Africains continueront soit à être des proies faciles aux requins, soit à être victimes des trafiquants d’êtres humains ou encore du désert.  L’Europe qui constitue la destination privilégiée pour la plupart des migrants de ce continent restera exposée à des maux sur plusieurs plans : économiques, politiques voire culturels, et sécuritaire. En guise d’argumentation, il faudrait rappeler que même le samedi dernier des migrants ont été secourus sur les côtes libyennes. Ils tentaient de rejoindre cette fameuse Europe, cette Europe de tous les rêves.

Par ailleurs, il convient de comprendre que plus il y a d’hommes provenant de différentes localités, plus il est difficile d’assurer la sécurité. Les crises culturelles deviendront des maux réels de la société. Ceux-ci pourront constituer un obstacle pour la bonne gouvernance et l’économie de la nation si nous savons qu’il est difficile, voire impossible, de trouver satisfaction aux recommandations du multiple.

Face à cette problématique de l’immigration et du leadership en démocratie, Nicolas Sarkozy fait preuve d’un grand pragmatisme.  À partir de là, il convient de comprendre que pour résoudre les crises du monde, nous n’avons pas besoin de nous éterniser au pouvoir. Il faut juste agir dans le temps, se montrer engager pour la cause de la nation, du monde, profiter du temps qui t’ai donné pour réaliser ton projet politique. Les querelles d’intérêt ne permettent pas de parvenir à la résolution des problèmes dont souffre le monde. Or, il importe de comprendre que ce sont ces polémiques intestines qui déchirent la plupart des démocraties du monde en les diminuant ou plutôt en les affaiblissant. N’est-ce pas dans ce sens que Sarkozy affirme : « Les démocraties détruisent tous les leaderships. C’est un grand sujet, ce n’est pas un sujet anecdotique ! (…) Les démocraties sont devenues un champ de bataille, ou chaque heure est utilisée par tout le monde, réseaux sociaux et autres, pour détruire celui qui est en place. Comment voulez-vous avoir une vision à long terme pour un pays ? »

Le multipartisme combiné à la montée en puissance des réseaux sociaux est ce qui est à la source de cette déchirure. Ce multipartisme au lieu d’être salutaire constitue au contraire un obstacle majeur à la réalisation des visions politiques. En effet, chaque parti tente de décrédibiliser le parti au pouvoir afin de gagner en crédibilité auprès du peuple. La plupart de ces pratiques, pour être visibles, sont faites à travers les réseaux sociaux.

Ce qui est au fondement de toutes ces situations d’instabilité dans la plupart des démocraties modernes, c’est bien le populisme. «  […] Là où il y a un grand leader, il n’y a pas de populisme ! Où est le populisme en Chine ? Où est le populisme ici ? Où est le populisme en Russie ? Où est le populisme en Arabie Saoudite ? Si le grand leader quitte la table, les leaders populistes prennent la place. Parce que la polémique ne détruit pas le leader populiste, la polémique tue le leader démocratique. » Voici résumé par l’ex-chef d’État français, le problème cardinal des démocraties du monde : les polémiques autour de la gouvernance. La démocratie rime avec la paix. Pour ce faire, il convient de privilégier le dialogue dans la résolution des problèmes phares de la société.

Les hommes politiques doivent en effet parvenir à cette compréhension pour mettre en place des projets à court terme. C’est dans ce cadre qu’Edgar Morin disait de l’internet qu’il est la meilleure et la pire des choses qui soient arrivées à l’humanité.

Cette conception ne s’adresse pas uniquement aux Africains, mais aux leaders du monde entier. Nos États souffrent parce qu’ils manquent de leaders dévoués. Nos frères, nos pères, nos fils meurent sur le chemin de l’immigration parce qu’il manque de vision politique de la part des dirigeants de leur pays respectif. Laissons de côté les querelles pour le pouvoir, laissons de côté nos intérêts personnels, unissons-nous comme un seul homme, mains dans les mains, pour bâtir des nations solides, des nations où rien ne peut ébranler. Tel est au fond l’appel que tente de nous lancer M. Sarkozy. Cependant, après toutes ces analyses des questions pourraient nous passer par la tête : pourquoi M. Sarkozy s’intéresse-t-il maintenant à l’Afrique ? A-t-il des intérêts en Afrique ? Ce sont là des questions ouvertes.

Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays

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