Des femmes en état de grossesse et mères allaitantes, des personnes de 3ème âge, des cuisinières, coiffeurs, plombiers, maçons… pour assurer la sécurité des Bamakois Bamakois, vous pouvez dormir en paix. L’élite de la police malienne veille sur vous. La preuve
Les responsables de la police malienne ont visiblement perdu la tête, pardon, le nord. Leurs dernières trouvailles : à l’image des hommes politiques très sensibles à la mobilisation des militants, voire de la foule, ils ont enrégimenté du beau monde, courant week-end dernier, dans le but d’assurer la sécurité de leurs concitoyens. Bravo ! Mais quel beau monde ? Tenez-vous bien : des cuisiniers et cuisinières recrutés en tant que tels, des mécaniciens, plombiers, maçons, coiffeurs… Ce n’est pas tout : dans le lot, figuraient même de vieux fonctionnaires devant faire valoir leur droit à la retraite au mois de Décembre prochain. Parmi eux, un diabétique de 57 ans en plus d’une femme en état e grossesse de 7 mois et une mère allaitante portant un bébé de 3 mois.
Eh bien, c’est cette équipe de choc et dont les membres ont été invités à se mettre tous, sans exception, en tenue correcte, qui était censée assurer la sécurité des Bamakois le week-end dernier. Bien évidemment, ils ont amusé la galerie. On voit mal un vieillard de presque 60 ans poursuivant un malfrat de 18 à 20 ans, ou une mère avec son bébé dans les bras ou encore dans le ventre mettre les menottes à un suspect… Et pis !
En mobilisant ainsi tout l’effectif de la structure (y compris les spécialistes dans leurs domaines respectifs et corps de métier, tout personnel de commissariats) et ce, pendant tout un week-end, il va s’en dire que la décision impactera sur les activités du lundi au niveau des commissariats et autres services. En clair, le rendement des différents services risque d’être amoindri, à moins, peut-être, de faire ingurgiter une petite dose de drogue dure ou faire fumer un petit «joint» à ceux qui en on encore la force et l’envie. Il est vrai que les amateurs de ces produits ne manquent pas dans le coin. Si non, pourquoi faire appel à trois pelés et un tondu (expression loin d’être péjorative. Elle met juste en exergue le nombre de personnes très réduit et le fait que ces personnes soient sans intérêt pour la mission).
La véritable plaie de la Police Malienne
La vérité est crue quand elle est simple : la Police Malienne dispose bel et bien de ressources humaines appropriées pour combattre le phénomène de l’insécurité, nonobstant le déficit de moyens logistiques. Ceci est un fait. Et elle le prouve chaque fois, quand et où elle le veut. Mais selon toute évidence, elle ne veut point, dans le cas présent. En somme, c’est la volonté qui manque le plus au sein de la troupe. Elle ne veut absolument rien entreprendre. Pis ! Certains ont même tendance à encourager le phénomène de l’insécurité ne serait-ce qu’à travers leur inaction, mais aussi et surtout par leur silence. Du sabotage ? Oui, on peut appeler la chose ainsi. Mais il s’agit surtout d’une réaction et d’un message fort à l’endroit des plus hautes autorités.
La Direction Centrale de la Police est évidemment pointée du doigt. Elle n’est en phase avec aucun des syndicats. Tous ou presque, déplorent sa gestion très approximative, voire arrogante des affaires, du personnel et de l’effectif en général. Le mérite n’est pas récompensé et les fautes et même des peccadilles, sont durement châtiées. Les initiatives privées sont bloquées… Et, à titre illustratif, pendant que l’agent de la circulation routière est puni pour avoir illégalement perçu un billet de 500 francs, ce sont les hauts gradés de la même direction qui sont cités dans de sulfureuses et scabreuses affaires portant sur des dizaines, voire des centaines de millions F CFA. Certains sont même accusés de graves connexions avec la pègre. Il s’agit, par exemple du cas de ces détenus que l’on fait sortir de prison afin de leur permettre de commettre des forfaits et qui retournent tranquillement à leur lieu de détention après coup ! Les plus hautes autorités du pays en savent bien quelque chose.
En clair, il existe, à l’heure actuelle, un véritable déficit de confiance entre la troupe et la hiérarchie policière. Une carence qui a désormais tendance à se muer en farouche opposition exacerbée par une haine viscérale d’un camp envers l’autre. Et ce sont les paisibles populations qui paient le prix fort. Mais il faudra bien miser sur cette «populace» à l’endroit de laquelle l’on ne semble avoir que mépris puisque faisant de sa sécurité, l’enjeu de la querelle des clochers en question. Son réveil risquera fort d’être brutal.
- Diarrassouba
Encadré
Une police déshumanisée et criminelle
Pour la première fois dans l’histoire de la police malienne, nous avions aperçu au sein des équipes de patrouilles, de vieilles policières âgées d’environ 58 ans soit 38 ans de service, au compte de l’Aéroport ou des services de l’immigration depuis maintenant plusieurs dizaines d’années. Elles eurent même de la peine à monter derrière les pick-up. Et c’était pour s’y installer, pleurer et maudire. Ce, pour diverses raisons.
Un élément du nom de D.K devant faire valoir ses droits à la retraite cette même année, se trouvait dans la même équipe que son fils Inspecteur de police assis mais très gêné dans la cabine à l’avant, pendant que sa mère biologique se trouvait à l’arrière exposée aux rafales de vents et aux regards incompris des passants.
Un père, souffrant de tension et de diabète se trouvait lui aussi, à l’arrière d’un autre pick-up sous la direction de son fils, commissaire, en larmes…
De nombreux anciens déjà dans la tranche du 3ème âge son restés assis ou même dormaient à l’arrière des véhicules, sans s’occuper le moindre du monde des passants encore moins de la sécurité publique.
Mais nulle part, dans aucune des équipes déployées, l’on n’aperçu un Haut gradé de la direction de la Police nationale.
Et une patrouille d’envergure (au lieu d’être mixte) pour quel résultat ? Aucune prise sérieuse. Rien ! Pipi chasse ! Selon toute évidence, l’objectif était d’humilier toute la police malienne dans la mesure où le mot d’ordre de patrouille dite d’envergure, a été lancé 72 heures avant l’opération ; toute chose et d’une part, de nature à alerter les malfrats et de l’autre, à humilier la police.
Des familles humiliées, des cœurs brisés… Des malédictions et imprécations, oui, il en a eu ! Là commence une autre histoire, à l’endroit exacte où prend fin celle de la police ! En somme, ces faits risquent fort de poursuivre à vie l’auteur des actes d’humiliation.
- Diarrassouba
source : La Sentinelle