Le processus de désengagement de la Mission des Nations unies pour le Mali (Minusma) prend fin le 31 décembre 2023.
Le torchon brûle entre l’armée malienne et une partie des militaires sénégalais engagés par les Nations unies. Alors que le Conseil de sécurité a mis fin le 30 juin dernier au mandat de la Mission multidimentionnelle des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) à la demande de Bamako, certains casques bleus déployés au centre du Mali exposent leur mal-vivre avec leurs frères d’armes maliens qu’ils accusent de restreindre leur liberté de circuler et d’essayer de les intimider.
Filmé dans une vidéo devenue virale depuis quelques heures sur les réseaux sociaux, un officier sénégalais, dont on ignore encore le nom et le grade, a recommandé à ses compatriotes soldats de ne « pas prêter le flanc », comme pour les appeler à en découdre à la prochaine intimidation.
Il a rappelé que le délai normal de désengagement est de dix-huit mois. « On a six mois devant nous pour terminer la mission. Mais il y a une nouvelle situation : nos frères maliens nous causent de sérieux problèmes.
En plus d’être des ambassadeurs du Sénégal, nous sommes là pour les Nations Unies. Nous allons quitter, mais nous n’accepterons pas d’être malmenés ou quoi que ce soit », a-t-il indiqué.
Il a martelé que « les Sénégalais ne manquent pas de caractère et les Maliens ne sont pas plus courageux que nous. Ils peuvent refuser qu’on parte en mission mais nous n’accepterons pas d’être des marionnettes », provoquant à la minute d’après la réaction de la Minusma.
Cette dernière dit « regretter les propos » tenus par cet officier basé à Sévaré, dans la région de Mopti (centre). Elle « se dissocie de sa déclaration qui ne reflète en rien la position de la Minusma ».
Le Mali n’a pour sa part pas encore réagi à cette accusation sur ses militaires déployés dans cette position non loin d’Ogossagou, un village peul miné par les violences intercommunautaires et rendu tristement célèbre par le massacre de plus de 130 civils en mars 2019. En plus des violences communautaires, le centre du Mali est connu pour être un nid pour les groupes jihadistes.
« En réalité, personne ne souhaite le départ de la Minusma (dans cette localité). Ils savent que les choses deviendront incontrôlables lorsque nous quitterons. L’armée malienne en est consciente. Si ça ne dépendait que de moi, nous allons nous désengager d’Ogassagou » et rentrer, a fait savoir l’officier sénégalais dans la vidéo controversée.
Au lendemain du second massacre de civils survenu en février 2020 à Ogossagou, la Minusma y avait installé une base temporaire où sont basés des casques bleus sénégalais. Habituellement, ce genre d’opération appelée « base temporaire opérationnelle » ne dure que six mois.
Toutefois, à la demande de la population qui ne veut plus revivre cette tragédie, la base de la Minusma est nichée depuis plus de deux ans entre les villages d’Ogossagou Peuhl et Dogon. En octobre 2021, les casques bleus avaient même réussi à faire aboutir la signature d’un accord de paix historique entre les deux communautés pour enterrer définitivement la hache de guerre.
Avec le départ des contingents de la Minusma, estimés à près de 13.000 casques bleus, certains observateurs craignent que le Mali ne soit livré à lui-même face à des groupes jihadistes qui ont fini de démembrer une grande partie de son territoire.
Toutefois, le gouvernement de transition, sous le leadership des colonels putschistes dirigés par le colonel Assimi Goïta, se glorifie d’une montée en puissance de l’armée nationale.
APA-Dakar (Sénégal)
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