Bamako, – Des milliers de Maliens ont manifesté samedi à
Bamako à l’appel de l’opposition pour dénoncer la fraude qui a selon elle
permis la réélection du président Ibrahim Boubacar Keïta et menace d’entacher
le prochain scrutin législatif.
M. Keïta a présidé vendredi soir le premier Conseil des ministres de son
second mandat, entamé le 4 septembre, donnant notamment instruction au
gouvernement, d’après un communiqué officiel, de “poursuivre avec célérité”
l’application de l’accord de paix conclu en 2015 avec l’ex-rébellion à
dominante touareg, qui accumule les retards.
Depuis la proclamation le 20 août par la Cour constitutionnelle de sa
victoire au second tour le 12 août face au chef de l’opposition Soumaïla
Cissé, l’opposition manifeste pratiquement chaque semaine contre la “fraude”
électorale.
“Au moins 25.000 personnes ont répondu à l’appel de notre Coalition de
l’espoir pour réclamer le respect du vote des Maliens et la souveraineté
nationale du peuple”, a déclaré lors du rassemblement samedi Tiébilé Dramé,
directeur de campagne de M. Cissé.
“Soumaïla Cissé président, IBK dégage!”, “A bas le président de fait”,
pouvait-on lire sur des banderoles brandies par les marcheurs, dont une source
policière a estimé le nombre à 12.000.
“La lutte continue, pour la liberté d’expression, contre la fraude, le
bourrage des urnes et la falsification des résultats”, a déclaré le chef de
l’opposition.
“Nous ne pouvons pas continuer à vouloir construire une démocratie sur du
mensonge, sur de la fraude, sur des malversations de l’administration”, a-t-il
ajouté, mettant en garde contre le risque d’une “assemblée monocolore”, à
l’issue des législatives prévues les 25 novembre et 16 décembre.
“Nous marchons pour sauver la démocratie en disant non à la fraude
électorale”, a affirmé l’animateur radio vedette “Ras Bath”.
“Nous allons nous battre pour l’aboutissement des plaintes introduites
contre les membres de la Cour Constitutionnelle”, a-t-il indiqué.
“Ce que nous avons vu pendant cette présidentielle tend à prouver que le
Mali ne peut organiser d’élections crédibles et transparentes”, a dit Mamadou
Cissé, un manifestant résidant en France, jugeant inconcevable de tenir un
nouveau scrutin dans les mêmes conditions. “On prend les mêmes, on recommence,
donc c’est la fraude massive assurée”, a-t-il estimé.