Tous les régimes politiques au monde ont leurs principes de gouvernance. Ces principes constituent un ensemble de règles dictant à chaque citoyen ses droits et ses devoirs au sein de la nation. Il n’y a pas de démocratie sans des lois égalitaires. La force de la démocratie, c’est les règles inclusives permettant à chaque citoyen de devenir plus libre qu’il n’en a jamais été.
À l’instar de toutes les autres formes de gouvernance, la démocratie possède ses principes, des règles qui permettent à chaque citoyen de connaître ce qu’il doit faire et ce qu’il ne doit pas faire. Ces règles donnent aux citoyens des armes leur permettant de mieux connaître leur place au sein de la nation. Elles leur enseignent également tous ceux que l’État leur doit en matière de droits. Dans ce premier article, nous évoquerons simplement le droit à la parole et à l’information.
Les droits et les devoirs des citoyens sont contenus dans un document qu’on appelle la « Constitution ». Celle-ci retrace le rapport entre les gouvernés et les gouvernants en inscrivant à chaque partie ses droits et ses devoirs. Cette constitution est à la disposition de tous les citoyens. Elle préserve les libertés humaines, la liberté sous toutes ses formes. Ce document reste calqué sur la déclaration universelle des droits de l’homme adoptée le 10 décembre 1948 après la Seconde Guerre mondiale.
Dans la démocratie, la liberté d’expression est normalement sauvegardée. Cette forme de liberté constitue un des principes phares de la démocratie. Toute démocratie doit se battre pour la préservation de la liberté d’expression des citoyens en son sein. Alors, qu’est-ce que la liberté d’expression ?
La liberté d’expression est le droit pour tous les citoyens de penser et d’exprimer leur conviction personnelle. Nul ne doit être contraint ou empêché d’exprimer sa pensée. Cette forme de liberté est le terreau du développement du métier du journalisme, du multipartisme, de la prolifération des médias. Elle donne naissance de nos jours au développement du blogging dans le monde et plus particulièrement au Mali, bref, de tous les réseaux permettant aux citoyens d’exprimer librement leur conception par rapport à la gestion des problèmes de la nation. Elle donne également aux citoyens le droit de critiquer les décisions des dirigeants, des décisions qu’ils trouvent injustes ou compromettantes pour la vie des citoyens. Ainsi, cette liberté d’expression est préservée par la charte africaine des droits de l’homme et du peuple en ces termes : « 1. Toute personne a droit à l’information. 2. Toute personne a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre des lois et règlements. » Alors, chaque citoyen a droit à l’information. Ce qui fait du journalisme un métier sacerdotal. Le journaliste a vaguement besoin de cette forme de liberté pour le bon accomplissement de son métier.
La vie des nations démocratiques reste tributaire de la valorisation de cette liberté d’expression qui ne doit subir aucune contrainte extérieure lors de son expression. Si « exister, c’est être libre », cette liberté vise alors l’engagement consenti de la part des citoyens afin d’une création libre et bénéfique pour toute la nation, c’est-à-dire la paix et par ricochet le développement. Car comme dit Kant, le peuple dans ses délibérations n’osera jamais s’exprimer en faveur d’une décision compromettante à sa vie. Cela ne voudrait-il pas dire que la liberté d’expression vise l’implication des citoyens aux prises de décision au sein de la nation ? Puisque les citoyens ne pourront délibérer convenablement sur les affaires les concernant tant que cette liberté d’expression n’est pas assurée. Partant de ce constat, je peux dire que cette forme de la liberté peut être gage de développement national pour tous les États démocratiques qui s’appliquent réellement à respecter ses principes.
Contre cette position de Kant, on pourrait objecter l’immaturité du peuple en matière politique. Penser ainsi, c’est faire acte de “mauvaise foi” puisque chaque homme est en mesure de reconnaître la souffrance, le bonheur, la paix. « On ne gouverne pas un État comme on gouverne une famille » certes, mais il est toujours question de dirigisme. Nous savons qu’au niveau des familles, le conseil de famille concerne tous les membres constituant ladite famille qui reçoivent dès lors les mêmes informations de façon limpide. À cet effet, nul ne pourra tenter de manipuler qui que ce soit en matière d’information.
Le droit à l’information est un aspect essentiel pour le bon exercice de cette liberté d’expression et par ricochet de la vie des nations démocratiques. Plus le peuple reçoit les informations claires et nettes sur les affaires le concernant, plus la potentialité de la paix est grande et plus les violations inconscientes des droits deviennent minimes. Pour ce faire, il est indispensable de respecter les codes linguistiques du peuple en déployant des efforts pour passer les informations capitales touchant la survie de la nation en langues nationales. Cela peut nous préserver contre les manipulateurs du langage et les dupeurs du peuple voire les « sophistes modernes ».
À suivre…
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays