Israël s’apprête à relâcher 26 prisonniers palestiniens, ce lundi 30 décembre dans la soirée. C’est la troisième vague des libérations prévue dans le cadre de la reprise du processus de paix. Ces Palestiniens ont purgé des peines de 19 à 28 ans de prison pour des actes commis avant les accords de paix d’Oslo. Attendus chez eux en héros, ils peinent parfois à retrouver leurs marques. Côté israélien, les familles de victimes du terrorisme crient, elles, à l’injustice et demandent au gouvernement de stopper ces libérations.
Esmat Mansour faisait partie des détenus palestiniens incarcérés avant les accords de paix d’Oslo, signés en 1993. Libéré en août dernier, cet homme d’une quarantaine d’année qui vit à Ramallah cherche encore ses marques. « Il y a 20 ans, il n’y avait pas d’Autorité palestinienne. Aujourd’hui, il y a les bases d’un Etat, des nouvelles valeurs pour notre société. Tout est très différent : les gens, la société, les bâtiments. L’époque est différente, mais, en même temps, la situation est toujours la même : nous sommes toujours sous occupation », expose-t-il.
Une libération sous conditions
Même sentiment étrange pour Israr Somarin, libéré il y a deux mois, après 22 ans de prison. Il navigue entre la joie d’avoir retrouvé son père et ses six frères et sœurs et l’angoisse d’avoir perdu ses repères. « Le plus dur, c’est que ma mère est morte pendant que j’étais en prison. Quand je suis sorti, elle n’était plus là », explique-t-il. « Politiquement, c’est dur de voir cette division politique entre les Palestiniens. Ici, aujourd’hui, les jeunes n’ont aucun espoir. Et il faut faire attention à cela, le manque de perspectives peut amener des réactions violentes. »
Les deux hommes ont bien conscience que leur libération est très mal vécue en Israël. Mais pour eux, cela fait partie du processus de paix. Ils précisent aussi que leur libération n’est pas totale. Il leur est ainsi interdit de quitter Ramallah pendant 1 an, puis la Cisjordanie pendant 10 ans.
La colère des familles de victimes israéliennes
A Jérusalem, sur les grilles de la résidence du Premier ministre israélien, sont affichés les portraits d’Israéliens tués par des Palestiniens, dont certains sortiront ce lundi soir de prison. Depuis deux jours, les familles de victimes campent là, pour demander au gouvernement de stopper les libérations de prisonniers palestiniens. Tali Benichaï, qui a perdu cinq membres de sa famille qui vivaient dans une colonie, dit sa colère : « Ces bêtes humaines ont tué des personnes, sans aucune faute. Et maintenant, ils sont libérés comme des vainqueurs. On pense qu’il y a un danger très grave de libérer des gens pareils. »
Lizi Hameiri, une jeune venue soutenir les familles de victimes, s’en prend aux Etats-Unis, qui ont poussé le gouvernement israélien à libérer ces prisonniers palestiniens dans le cadre du processus de paix. Pour elle, « Obama et Kerry nous ont poussé à faire quelque chose qu’ils n’auraient jamais accepté dans leur pays, car les Etats-Unis ne relâchent jamais des terroristes. Alors, pourquoi nous poussent-ils à faire une telle chose, qui va mettre en danger la vie des citoyens israéliens ». Selon la jeune femme, la libération est « un message adressé aux terroristes : vous pouvez tuer et pas d’inquiétude, vous serez libérés ! »
Les familles de victimes ont déposé un recours devant la Cour suprème pour empêcher la libération des prisonniers palestiniens. Dans les deux précédentes vagues de libération, la cour avait rejeté ces appels.
Source : Rfi