Deux des points essentiels de la Lettre de mission adressée au Premier Ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, à l’effet de conduire l’action gouvernementale lors du second mandat du Président de la République, devraient trouver un élément de réponse dans la mise en œuvre du Programme Cadre Intégré placé sous la tutelle du Ministre du Commerce et de la Concurrence, en sa qualité de Président du Comité du Pilotage dudit programme.
Il s’agit de la promotion d’une croissance inclusive d’une part et, d’autre part, l’environnement, le changement climatique et le développement durable.
La cohérence de ces deux points avec les objectifs du programme Cadre Intégré est visible au niveau de la démarche stratégique dudit programme et dans la réalisation des projets par l’Unité de Mise en Œuvre du Cadre Intégré (UMOCI) pilotée par M. Mohamed Sidibé, le Coordonnateur National.
LA PROMOTION D’UNE CROISSANCE INCLUSIVE
Le Cadre Intégré est un programme qui vise à augmenter l’offre des PMA sur les marchés internationaux en vue de tirer meilleur parti du Système Commerce Mondial. Toutefois, dans son approche conceptuelle, la croissance impulsée par l’atteinte de cet objectif doit avoir un caractère inclusif, c’est à dire avec une «répartition équitable des fruits» comme l’indique la Lettre de mission.
La formulation des projets réalisés par l’Unité de Mise en Œuvre du Cadre Intégré (UMOCI) repose sur deux déterminants : la prise en compte des populations les plus démunies, notamment les populations rurales, les jeunes et les femmes; et le développement des filières agricoles.
Les responsables du programme, convaincus que l’Agriculture avec environ 70 % de la population est la principale mamelle nourricière du Mali, ont orienté les projets du Cadre Intégré sur le développement des filières agricoles et l’exportation des produits et sous-produits desdites filières. Ces projets sont conçus sur la base d’une analyse des chaînes de valeur.
Ainsi, selon cette approche, le développement des filières (mangue, karité, gomme arabique,….) se traduit par une augmentation du revenu des populations rurales, les producteurs concernés.
Evidemment, un des maillons essentiels de la chaîne des valeurs reste le secteur privé qui a pour rôle d’exporter les produits vers les marchés porteurs et, si possible, avec une valeur ajoutée. C’est dire que les projets du Cadre Intégré reposent sur deux piliers : les populations rurales pour la production et le secteur privé pour l’exportation et la création de valeur ajoutée. La réalisation des projets du Cadre Intégré vise donc à augmenter les revenus des acteurs des filières agricoles à travers l’augmentation du volume des exportations des produits concernés, exportations souhaitées avec une valeur ajoutée. La mise en œuvre des projets du Cadre Intégré contribue à augmenter les exportations, améliorer la balance commerciale, stimuler la création de la valeur ajoutée, la création d’emplois et, par-là, la création du «cercle vertueux de la croissance» et du développement.
Les projets réalisés dans plusieurs filières illustrent cette démarche. Les activités menées portent essentiellement sur le renforcement des capacités des acteurs en vue de répondre aux exigences commerciales et réglementaires des marchés internationaux, la participation aux manifestations commerciales, l’organisation des missions commerciales, la facilitation de l’accès au financement et l’appui conseil.
FILERE MANGUE
La filière mangue occupe une population estimée à environ 2 millions de personnes dans les grands bassins de production couvrant les régions de Koulikoro et de Sikasso. Dans ces régions, la quasi-totalité des familles rurales possède un verger de manguiers. Cela s’explique par l’histoire récente du Mali, l’encouragement à créer des plantations par le Président Modibo Keïta dès les premières années de l’Indépendance.
Après une période de délaissement de la filière, plusieurs projets/programmes dont le Cadre Intégré se sont attelés à redynamiser la production et l’exportation de mangues. Pour sa part, les activités du Cadre Intégré ont porté sur le renforcement des capacités, à savoir la formation aux Bonnes Pratiques Agricoles, la couverture phytosanitaire contre la mouche des fruits et autres nuisibles de 10 000 HA de manguiers chaque année pendant cinq ans, la Certification Global Gap et autres référentiels d’une dizaine d’exportateurs, la formation d’une masse critique d’auditeurs internes et de responsables-qualité, la recherche de débouchés à travers l’accompagnement aux manifestations commerciales telles que le Salon Fruit Logistica (Berlin) et l’organisation de missions commerciales concluantes (USA) .
Ces activités ont contribué à attirer l’investissement Direct Etranger avec l’implantation des unités de production de purée de mangue (CEDIAM et COMAFRUITS..) et la création de plusieurs PME de transformation (jus, nectar, mangue séchées, confiture).
A ces appuis multiformes, il faut ajouter la dotation des acteurs en équipements de traitement phytosanitaire, des femmes « pisteurs » en cageots de récolte, de la DNA en équipements de contrôle phytosanitaire, la construction d’une confiturerie au profit des femmes de Yanfolila (certifiée ISO 22 000) etc….
De 2013 à 2017, le volume les exportations de mangue est passé de 25 890 T à 28 983 T avec un pic de 43 286 T en 2016. Il est à rappeler que le volume des exportations n’était que de 2915 T en 2005, année de démarrage des activités du Cadre Intégré et que le projet dédié à la mangue a largement contribué à la croissance exponentielle constatée sur la période 2005 à 2017.
Pour la même période, et c’est là le caractère inclusif, on constate une augmentation du prix au producteur de mangue, qui est passé de 30-35 FCFA le Kg à 125-150 FCFA le kg pour les variétés exportables (Kent, Keït, Valencia.). C’est dire qu’avec un verger de 2 HA, le producteur peut s’attendre à une recette de 1 500 000 FCFA bord-champ. Quand on sait que la fin de la campagne de mangue coïncide avec le début de l’hivernage, on comprend alors que les recettes de la vente des mangues peuvent servir à l’acquisition des intrants pour les cultures pluviales, voire à faire face à la période de « soudure », la hantise de nos populations rurales.
L’ENVIRONNEMENT, LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET LE DEVELOPPEMENT DURABLE.
Ce point s’avère un des principaux défis qui se posent actuellement au monde entier et aux PMA en particulier. Il appelle à prendre des mesures idoines, notamment la rationalité de l’exploitation de nos ressources naturelles. Le projet de développement des capacités productives et commerciales de la filière gomme arabique au Mali en cours de réalisation par le Cadre Intégré est conçu sur cette base.
Le projet s’inscrit dans le cadre ‘’de’’ l’Initiative Présidentielle des Emplois Verts.
FILIERE GOMME ARABIQUE
Le développement de cette filière répond à la fois à un objectif de croissance inclusive et concerne aussi l’environnement, le changement climatique et le développement durable. Le gommier est un acacia qui permet de lutter contre l’avancée du désert par la fixation des sols et de séquestrer le carbone. La résine du gommier, en l’occurrence celle de l’acacia Séyal et de l’acacia Sénégal, seule désignée par l’appellation gomme arabique selon le CODEX Alimentarus est aussi un produit économiquement important.
Ces usages multiples dans les industries agroalimentaires (boisson), pharmaceutique, chimique (peinture) et textile, en font un produit dont la demande ne cesse d’augmenter d’année en année. Le sahel est une zone de prédilection du gommier. Ce qui donne au Mali, un avantage comparatif par rapport aux peuplements naturels existants. On trouve ces peuplements de la Région de Kayes à celles de Gao et Tombouctou en passant par celles de Koulikoro, Ségou et Mopti. Au total, la zone d’intervention du projet porte sur 16 cercles administratifs.
Du démarrage du projet en 2013 et à nos jours, les activités suivantes ont été réalisées :
– Création de l’Interprofession Nationale qui couvre 146 Communes administratives (13 cercles, 4 régions) : Kayes, Yélimané, Diéma, Nioro, Nara, Ségou, Niono, Macina, San, Mopti, Bankass, Rharouss et Ténenkou ;
– Acquisition de trois (03) tonnes de semences sélectionnées d’acacia Sénégal pour la réalisation de 10.000 hectares de gommerais ;
-Réalisation de dix-huit (18) sites de pépinières d’acacia Sénégal dans les zones de production équipés de forage avec Système Hydraulique Villageoise (SHVA) ;
– Formation sur plusieurs modules sur les Bonnes Pratiques Agricoles, de Production et d’Exploitation des acacias ;
– publication d’un Guide d’exploitation du gommier ;
– Information et sensibilisation sur les techniques et la protection de la ressource ;
– Appui à la réalisation d’activités génératrices de revenu :
– réalisation de six (06) Etangs piscicoles à Sandaré au profit du groupement de femmes productrices de gomme arabique ;
– Mise en place d’un Fonds de garantie de 424 millions de francs CFA au profit des producteurs et des collecteurs de gomme arabique pour faciliter l’accès au financement etc….
Les principaux résultats obtenus sont – l’augmentation du volume des exportations de 1 230 T en 2013, 2364 T en 2015 à 5 648 Tonnes en 2016. Selon le rapport de la CNUCED sur la filière, le Mali s’est hissé au rang de 4ème pays exportateur de gomme arabique avec le doublement du volume des exportations de 2014 à 2016.
– l’augmentation du prix au producteur de la gomme arabique :
Gomme friable (2ème catégorie) : de 150-175 FCFA le kg en 2014 à 250-300 FCFA le kg en 2017, soit 300 000 FCFA la tonne ;
Gomme dure (1ère catégorie) : de 600 FCFA le kg en 2014 à 1 000 -1100 FCFA le kg en 2017, soit 1 100 000 FCFA la tonne.
LA TRANSFORMATION STRUCTURELLE DE NOTRE ECONOMIE
Le Cadre Intégré a initié en collaboration avec l’Agence de Promotion des Investissements du Mali (API Mali des actions pour susciter l’intérêt des investisseurs étrangers, de la diaspora et des privés maliens pour s’impliquer dans le développement de la filière au Mali par la création des unités de transformation sur place. C’est dans ce contexte que les deux structures œuvrent en synergie pour l’organisation d’une rencontre avec les investisseurs européens et de la diaspora le 26 octobre 2018 à Paris (France).
Cette activité procède de l’idée de « la transformation structurelle de notre économie » en mettant l’accent sur la création de la valeur ajoutée sur place puisque en l’état, notre économie se caractérise par l’exportation des matières premières. Cette transformation structurelle passe, entre autres, par l’élargissement de notre tissu industriel afin de créer la richesse.
FILIERE KARITE
Dans la même démarche que les précédentes filières, le Cadre Intégré réalise des activités de développement de la filière karité. Ces activités portent sur le renforcement des capacités des femmes productrices, d’amandes et des PME de transformation en beurre de qualité. Il s’agit des appuis portant sur les formations en techniques de collecte, séchage d’amandes, la construction de magasins de stockage et de production de beurre améliorée, la mise en place d’un système de management de la qualité et la certification bio des PME.
En attendant la finalisation d’un projet spécifique sur la filière karité, ces activités font l’objet d’un programme mis en œuvre en collaboration avec ICCO/USAID et la SOATAF dans le cadre d’un Partenariat Public/ Privé.
Le challenger